Ils ont beau tous jurer qu'ils croient dur comme fer en la victoire de Nicolas Sarkozy, les ténors de la majorité anticipent déjà l'avenir en cas de défaite. Deux clans se dessinent pour présider aux destinées de l'UMP.
Le premier est en place sous la houlette de Jean-François Copé, actuellement à la tête du parti. Le second prend forme autour de François Fillon, qui ne cache plus à ses proches ses velléités de lui succéder.
Autour de Jean-François Copé, le patron du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Christian Jacob, et quatre ministres : François Baroin, Valérie Pécresse, Bruno Lemaire et Luc Chatel. Ces "mousquetaires", tels qu'ils se surnomment, se sont réunis lors d'un meeting commun à Provins, en Seine-et-Marne, le 10avril.
Un rassemblement qui n'a pas été du goût de tout le monde à l'UMP. "Le premier meeting de l'après-présidentielle a eu lieu à Provins", commente, sarcastique, un ministre qui dénonce la "gestion clanique du parti" par M. Copé.
"AUCUN CAP N'A ÉTÉ SUIVI"
François Fillon a agrégé autour de lui tous les adversaires du chef de la formation majoritaire : les ministres Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez, la porte-parole de Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet et même Alain Juppé.
Plusieurs reproches sont faits par cette troupe hétéroclite à M.Copé et d'abord, son côté chef de bande qui "répartit les postes" entre ses seuls amis, selon un anti-Copé. M. Fillon a également en travers de la gorge les tentatives répétées du maire de Meaux de l'évincer de la campagne, ainsi que son indulgence envers sa rivale Rachida Dati. Autre grief, son rôle à la tête de l'UMP depuis que M. Sarkozy est candidat.
Si tous reconnaissent que M. Copé "s'est donné à fond", certains ont des doutes sur la qualité de son action: "Aucun cap n'a été suivi, aucune thématique n'a été tenue dans la durée, note un cadre du parti. L'UMP a arrosé à la sulfateuse tous azimuts. Copé s'est contenté de remplir des cars et de foutre les gens dans des salles de meetings."
PEUR DE "L'IMPLOSION IMMÉDIATE DE L'UMP"
Les adversaires de M. Copé craignent qu'en cas de défaite le 6 mai, M. Copé ne profite de la situation pour "couper les têtes" de ses nombreux adversaires politiques. "En ce cas, c'est l'implosion immédiate de l'UMP", pronostique l'un d'eux. Ils se préparent déjà à contrecarrer les ambitions supposées de leur adversaire.
Dès le lendemain du second tour, plusieurs personnalités devraient demander la mise en place d'un collectif pour mener la campagne des législatives. Alain Juppé, très populaire au sein du mouvement, pourrait prendre la tête de ce collectif.
Lundi 23 avril, sur RTL, le ministre des affaires étrangères a ainsi rappelé qu'il faudrait compter avec lui en cas d'échec de M. Sarkozy : "Nous serons un certain nombre à tout faire pour que l'UMP garde sa cohésion." M. Copé ne restera sûrement pas inerte dans cette guerre de succession qui menace.
Lors d'un échange avec la presse la semaine dernière, il a, une nouvelle fois, rappelé qu'il entendait "conserver ses responsabilités dans l'animation du parti".
Vanessa Schneider