Entre la sortie d’Avengers et de la Cabane dans les Bois, impossible de passer à côté de Joss Whedon cette année. C’est pourquoi nous allons remonter le temps et redécouvrir sa série phare qui a influencé nombreux de créateurs à la télévision mais qui a aussi laissé son empreinte dans la culture populaire : Buffy contre les Vampire. Retour en 1997 avec la première saison qui faisait venir la Tueuse à Sunnydale
A force de regarder des films d’horreur où les jeunes filles était naïve et ne faisait que crier, poursuivies par les méchants, Joss Whedon en a eu assez. Il décide alors d’inverser la tendance et de faire de cette victime une héroïne. Lui vient alors l’idée de Buffy contre les Vampires, une lycéenne qui se voit dotée d’une mission : détruire les vampires et autres forces démoniaques. Le script est très apprécié par la profession et la réalisatrice Fran Rubel Kuzui décide alors de le porter à l’écran en 1992. C’est la catastrophe, malgré la présence de Donald Shutherland et Rutger Hauer au générique (sans oublier Luke Perry), le film est un catastrophe bien éloignée de la vision qu’en avait Whedon.
Mais le créateur ne va pas se laisser abattre et va proposer un projet de série télévisée à la Fox qui prend directement la suite du film. Après l’incendie du gymnase de son lycée de Los Angeles dans le film, la Tueuse (Sarah Michelle Gellar) a déménagé et se retrouve maintenant seule avec sa mère dans la petite bourgade de Sunnydale. Elle y fait alors la connaissance de Xander (Nicholas Brendon) et Willow (Alyson Hannigan). Alors qu’elle pensait sa vie de tueuse de vampires derrière elle, les monstres la rattrapent très vite puisqu’elle fait la connaissance son observateur, Giles (Anthony Stewart Head), qui lui explique qu’elle se trouve sur la « bouche de l’enfer» , un point mystique qui a une maudite tendance à ramener tous les être maléfiques dans le coin.
Diffusée par le network naissant the WB, la première saison ne compte que 12 épisodes mais c’est largement suffisant pour planter l’univers et s’attacher aux personnages tout établissant clairement des enjeux à venir. Bien sur, ces premiers épisodes ont plutôt vieilli et peuvent faire sourire en les revoyant aujourd’hui (en particulier lorsque la série se met à parler informatique) mais au delà de la nostalgie, ces épisodes font déjà preuve d’une grande qualité d’écriture. Ici sont posées les bases de Buffy avec un format imposant des épisodes indépendants mais une trame plus large avec une menace parcourant sur toute la saison. Buffy est dès le départ conçue comme une série non pas « adolescente» mais une série sur l’adolescence et le passage à l’âge adulte avec ce que cela implique de responsabilités grandissantes, le tout au travers de nombreuses métaphores.
Les métaphores, c’est là l’une des composantes essentielles de Buffy qui permettent à la série de parler de bien plus de chose que seulement l’adolescence. Et au delà des « monstres de la semaine» qui peuvent être l’apanage des épisodes plus indépendant, la série égratigne régulièrement le système éducatif (montrant la vacuité des pom-pom girls, un enfant maltraité par son professeur de sport) ou l’éducation des parents (une mère qui régente la vie de sa fille) tout en jouant avec les codes du film d’horreur (en détournant par exemple l’idée de la marionnette maléfique).
Dès ces premiers épisodes, Joss Whedon et son équipe de scénaristes font preuve d’un talent singulier pour l’écriture. En effet, au delà des métaphores, ils imposent aussi leur patte dans des dialogues affutés, remplis de second degré, de double sens et de références à la culture populaire qui permettent tout de suite de rendre palpable cet univers. Il est d’ailleurs d’autant plus palpable que les héros ne sont pas les star du lycée mais des personnages en marge, moyens à l’école, pas forcément populaires simplement plongés dans des situations pas ordinaires auxquels on s’attache immédiatement. Car si Buffy est la battante qui pourrait être la reine du lycée au même titre que sa pimbêche rivale Cordélia, Willow est une jeune rêveuse, Xander un loser et Giles a le nez plongé dans ses livres.
Ces 12 premiers épisodes se conclurons évidemment par la fin de la menace du « Maître» et la série aurait pu s’arrêter là. Mais le public a suivi et la critique a apprécié. Sans poser de questions, la chaîne a demandé une seconde saison deux fois plus longue. Idéal pour approfondir le passé du gentil vampire Angel dont s’est éprise l’héroïne, mais aussi étudier d’autres facettes des relations entre les personnages et explorer l’univers de la Tueuse. Les bases maintenant posées, l’esprit de Whedon parfaitement saisi pour ne pas faire de Buffy une farce, il n’y a maintenant plus qu’à aller plus avant, vers l’âge adulte.
A suivre : Buffy contre les Vampire, saison 2.