Interview Grace

Publié le 26 avril 2012 par Bullesonore

Trois ans après le succès de « Hall Of Mirrors », Grace revient avec un nouvel album qui est aussi une aventure collective. Grace n’est plus toute seule, elle s’est entourée, sur scène comme sur disque, des Victory Riders, nom inspiré par la légende de Crazy Horse, est à lui seul un reflet de ce melting pot qui fait l’originalité de l’américaine.

Une aventure humaine aussi puisque la naissance de l’album s’est déroulée en trois temps et trois pays, la France, les Etats Unis et le Brésil. De la maison de Grace, dans le Languedoc, aux forêts d’Amazonie, en passant par Miami.

De passage à Paris pour promouvoir ce nouvel album, on a eu le grand plaisir (et privilège… Merci Lucie !) de rencontrer cette citoyenne du monde pas comme les autres :

Grace, une citoyenne du monde exploratrice des sons et des coeurs

Ton premier album disque d’or, « Hall Of Mirrors », paru en 2008, était une sorte de recueil de blues, de folk, de soul et de reggae. Un très beau métissage culturel regorgé de douceur et d’énergie positive.

Je me sens avant tout une citoyenne du monde. Je suis américaine, j’ai grandi donc aux Etats-unis mais aussi en Afrique, j’ai passé beaucoup de temps en Inde et aux Antilles. Ma propre personne a été formée dans différentes cultures (sourire).

Sur « Hall Of Mirrors », on retrouvait le single « Imagine one day » où y avait cette question de « choix ». En tant qu’artiste, tu te remets souvent en question ? 

Je me remets en question tout le temps, avec « Imagine one day » je me mettais à la place des autres et j’essayais d’apercevoir ce qu’il y a en eux. C’est une chanson simple avec laquelle je rentre directement en contact avec les gens. Le nouvel album « Made For Change » parle de l’idée qu’on est sur cette planète qui évolue depuis des millions d’années et nous, on évolue aussi avec. On peut donc choisir de vivre en harmonie en tant que the world family et de prendre conscience de notre propre rôle.

Grace, une américaine née au Canada, qui a vécu au Kenya, au Sénégal et en Ethiopie, puis en Inde et en Europe. Une globe-trotteuse qui s’est inspirée de ses voyages pour créer son univers musical ?

A partir du moment où on voyage où on sort de notre zone de confort, ça aide à ouvrir l’esprit. Des fois, je pense à ma journée passée dans les marchés d’Addis Abeba et ça m’inspire et me fait vraiment réfléchir. Je pense des fois à la Seine et à Paris et ça apporte son lot de réflexion, mais je ne peux pas dire qu’il y a qu’un seul endroit qui m’a marqué. Par contre les moments que j’ai passé avec des peuples indigènes qui vivent encore dans leurs façons traditionnelles et en harmonie avec leur environnement, ça c’est une expérience qui m’a beaucoup appris et que je ne pourrai jamais oublié.

La naissance de l’album s’est déroulée dans trois pays : la France, les Etats Unis et le Brésil. Les maquettes d’ailleurs tu les a enregistré dans la forêt d’Amazonie !

Lors de notre séjour au cœur de la forêt amazonienne, on m’avait chaleureusement accueillie (sourire), on m’a tissé un hamac avec du coton sauvage de la forêt et c’était un tel honneur, j’étais remplie de joie.  J’ai été frappée et très touchée par la tolérance du combat et de la vision du chef Almir Surui. Ce grand homme qui essaye de protéger son peuple et sa terre ancestrale, qui est menacée tous les jours par les bûcherons. Il a une grande lucidité qui m’a scotché, j’avais tellement de choses à apprendre de sa vision des choses.

Tu t’es aussi engagée aux côtés des indiens d’Amazonie dans un projet de reforestation ?

Ils m’ont demandé d’être un peu une « porte-parole » et j’ai été très honorée d’être ambassadrice pour leurs actions. Nous sommes en 2012 et en tant qu’artiste et que « citoyenne du monde », on a la responsabilité de parler et de dire la vérité sur ce qui se passe. Ce que vivent actuellement ce peuple indigène est  … un génocide ! Peut-être que je ferai des erreurs mais je ferai tout mon possible pour continuer de défendre cette cause et d’en parler au plus de monde !

Il ne faut pas oublier d’où on vient, you know ? J’ai toujours grandi proche de la nature et faut écouter des fois notre planète (sourire), elle peut nous apprendre beaucoup de choses.

Grace revient avec un nouvel album, « Made For Change »

Comment est née ta collaboration avec les Victory Riders ?

En fait Victory Riders c’est un groupe qui était présent sur mon premier album et avec qui j’ai fait la première tournée. C’était naturel pour moi de passer à l’étape suivante et de continuer à travailler avec eux. On a vécu beaucoup de choses ensemble et toutes ces expériences vécues ont donné une vie à de nouvelles chansons. On ne fait rien tout seul, si je suis là aujourd’hui c’est un peu grâce à eux et au travail de beaucoup de gens.

Avec les Victory Riders, on est très lié et très soudé mais complètement différent (rires). On est des oiseaux très très différents (sourire) mais on a le même amour pour la musique.

« Made for Change », pour dire que tu as changé depuis ton premier album ?

Quand on plonge dans l’ombre et dans l’obscurité, c’est important d’être observateur et non pas une victime. Nos paroles jouent sur notre expérience de vie et c’est notre façon de dire à l’univers ce qu’on souhaite vivre (grand sourire). On peut parler d’une évolution, j’ai peut-être changé mais tout en restant la même personne (rires).

Et on retrouve toujours un clin d’oeil à l’Afrique …

Le peu que j’ai connu de ce beau continent africain, ça m’a bercé et je ne suis pas restée indifférente à cette magie… J’ai vécu au Kenya, au Sénégal et en Ethiopie .

Tu parles de ton vécu en terre africaine et des femmes africaines dans la chanson « Salam Mama » ?

C’est difficile de parler de ces propres chansons mais si tu vois un clin d’oeil dans cette chanson, ben je ne vais pas t’enlever cela (rires) on peut dire que c’est un clin d’oeil aux femmes africaines … ça parle aussi d’autres choses, par contre je n’en dirai pas plus (rires).

Je suis raide dingue de la chanson « No Better Place  », tu peux en parler un peu de ce morceau ?

(sourire) ça va être un peu difficile d’expliquer cette chanson en langue française, j’aurai du mal en tout cas à me faire comprendre. « No Better Place  » est dans la tradition de la chanson de blues. Tu vois, dans ce genre de musique, on parle souvent du diable comme quelqu’un qui est là pour « provoquer » comme un méchant loup (rires). Le bien et le mal ne sont pas si simples dans le blues, le diable dans ce contexte traîne dans ce qu’on peut appeler des « carrefours de la vie ». Il faut être vigilent parce que c’est là où on peut être aveuglé ou séduit par une illusion et se perdre … Cette chanson parle donc de l’importance de reconnaître ce personnage démoniaque et de ne pas être perturber par sa présence (sourire), en tout cas moi je le reconnais.

ça me fait penser à cette légende du blues avec Robert Johnson qui aurait vendu son âme au diable en échange de sa virtuosité

Le diable est toujours là, faut juste savoir le reconnaître. En tout cas, je n’ai pas encore prévu de vendre mon âme au diable (rires).

Tu me fascines Grace (sourire), je me demande : Si ta vie était un film, ça sera lequel ?

(rires) C’est une très bonne question mais en même temps difficile d’y répondre. Qu’on le veuille ou non, on se fait tous des films (rires) et d’autant plus dans un monde qui glorifie Hollywood et le cinéma. Alors si ma vie était un film … ben ça sera mon film qui n’est pas encore sorti (rires) et ne ressemblera à aucun autre film ! Je trouve un peu triste ce challenge de toujours ressembler à quelqu’un d’autre et on oublie souvent d’être nous même, faut honorer le miracle et le don individuel que chacun a !

Dernier album, Made For Change, dans les bacs à partir du 21 mai 2012
Disponible chez Mercury


Remerciements : Lucie C. de Mercury