Lisant ce livre de Michel Leiris, je me souviens avoir buté sur Frêle bruit il y a quelques années. Comment l’écriture autobiographique peut-elle rencontrer le lecteur ? Faut-il que les expériences soient proches ? Que les préoccupations soient les mêmes ? Sans doute un peu - le premier texte du livre a immédiatement une résonance pour moi -, mais cela ne suffit pas. Il y a un travail dans l’écriture même. Travail qui affronte ici l’écrivain à son angoisse de la vieillesse venue, et lui permet de regarder le chemin parcouru dans la poésie et dans la vie. Ainsi à la question « pourquoi j’écris » vient se substituer « comment j’écris ». Ainsi en vient-il à analyser son rapport à la modernité (qu’il qualifie de « merdonité »). Et, par ses retours au tableau de Manet, son examen de chaque élément (la servante, le chat, le bouquet, Olympia, le ruban), avance dans la connaissance, le regard, l’attention aussi à ce qui n’est pas lui-même.