Le 26 avril 2011, Rémy Louvradoux s’immolait par le feu sur son lieu de travail, sur le parking du centre Pichey de Mérignac. Le suicide de ce salarié de France Télécom, âgé de 57 ans, avait bouleversé l’ensemble du personnel de l’entreprise de télécommunication et ému plus largement l’opinion publique.
L’affaire avait, une nouvelle fois, posé la question du mal-être professionnel qui peut parfois conduire certains salariés au suicide. Un an jour pour jour après la mort de Rémy Louvradoux, son épouse ainsi que ses enfants ont souhaité que «son geste ne soit pas oublié». C’est la raison pour laquelle, en accord avec la famille, le comité de soutien Rémy Louvradoux et les organisations syndicales CFDT, SUD, CGC, UNSA, FO et CGT ont décidé d’organiser un grand rassemblement aujourd’hui sur les lieux du drame*. Un hommage solennel, accompagné de prises de parole et de témoignages. France Télécom indique de son côté avoir pris certaines mesures «afin de libérer les salariés plus tôt» pour qu’ils puissent participer à ce moment de recueillement.
«Briser le silence»
«Le but de ce rassemblement n’est pas de se limiter à notre unique cas mais de porter plus globalement ce problème de la souffrance au travail sur la place publique», complète Raphaël Louvradoux, son fils, qui estime «que rien n’a changé» en la matière. «Certains drames sont médiatisés et d’autres non». Il prend ainsi pour exemple «ces profs», «ces policiers» et «ces paysans, par dizaines» qui mettent fin à leurs jours. «Cette situation n’est pas liée exclusivement à la situation de France Télécom», précise-t-il. Il réfute ainsi l’idée selon laquelle le problème ne concernerait «qu’une entreprise ou un statut». «L’hécatombe continue, et tous les secteurs sont touchés», assène le comité de soutien dans son communiqué de presse. Quel que soit le statut de l’entreprise, privée ou publique, il y aurait de «grands points en commun» dans cette détresse qui repose notamment «sur l’isolement et l’individualisation» au travail, selon Raphaël Louvradoux. «Il faut briser le silence qui entoure ces drames et les préjugés qui les accompagnent». Et engager en profondeur une réflexion sur la souffrance au travail et les moyens de lutter contre cette tendance. «Ce n’est qu’un premier appel modeste», annonce-t-il. La seconde étape de ce combat est d’ores et déjà en préparation et pourrait se dérouler en «septembre-octobre prochain». Elle prendrait la forme «d’une conférence ou d’un colloque».• NB
* Rassemblement ce soir à partir de 17h sur le site, au 51 rue Henri Vigneau (Mérignac). soutienrl.net