.. De la vie dont la flamme s’éteint dans la chorale,
Au fond de ta sombre galerie.
.. De la vierge, et son mystère est dans son clair regard,
Sur ton autel radieux.
.. Des vierges langoureuses près de la porte,
Là où se tiennent la louange et le crépuscule éternel.
De Mary, la lointaine et l’ardente,
Aux regards de lumière, aux nattes de brume.
Ô Dieu, tu sommeilles sur l’icone,
Dans la fumée des bleus encensoirs.
Moi, je suis devant toi sur l’ambon,
Moi, la ténèbre des rues de la ville.
Avec moi le printemps est entré dans ton temple,
Saison du printemps, ma fiancée.
Moi, bleu comme la fumée des encensoirs,
Elle, mon printemps brumeux.
Et nous soufflons comme un vent sous la voûte,
Étendus et rampant sur l’autel.
Nous jetons sur le peuple les sortilèges,
En chantant Mary la lumineuse
Et les jeunes filles, devant la porte sombre,
Sur toutes les marches de l’autel,
Comme l’aurore d’un couchant
Que Mary a rougi.
Et je ne sais quel cheveu fin et suffocant
Sur le visage souffle et glisse.
Sur l’ambon, une voix de femme
Chante Mary interminablement
Et les roses de son icone,
Où se tiennent la louange et le crépuscule éternel,
Et la jeune fille lointaine et bienveillante
Aux nattes de brume, au regard de lumière.
Alexandre BLOK (1880-1921), poète russe.
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