Magazine France

Choix de second tour...

Publié le 26 avril 2012 par Arnaud Lehmann

Le second tour de l'élection présidentielle approche à grands pas et avec lui l'heure du choix.

Me revendiquant de centre-droit, le choix apparaît évident. La situation est pourtant complexe.

Lorsque j'ai quitté le MoDem il y a deux ans maintenant, j'ai rejoint République Solidaire, le mouvement politique fondé par Dominique DE VILLEPIN. Autour de l'ancien Premier Ministre, nous avons tenté de créer une alternative à la politique de plus en plus droitière du gouvernement mis en place par Nicolas SARKOZY. Force est de constater que nous n'y sommes pas parvenus et que nous n'avons pu porter notre leader à être candidat à la magistrature suprême.

Aujourd'hui, ce mouvement est en sommeil et le moment est venu d'effectuer un choix personnel, fidèle à la ligne que je me suis engagé à suivre : centriste et villepiniste (oui le tout est conciliable, même si l’une des facettes n’est plus guère d’actualité). Quelles options sont offertes pour cette échéance ? Le vote blanc, Nicolas SARKOZY et François HOLLANDE. Un duo de rêve contre un non-choix… On a connu mieux.

Tout n'est pas à rejeter dans le bilan du mandat qui s’achève. La crise est passée par là, impactant très fortement les marges de manœuvres du gouvernement. Au plan européen, l'actuel locataire de l'Elysée a su faire preuve d'un véritable volontarisme à l'une ou l'autre reprise. C'est là une chose que je mets à son crédit. Il est en effet difficile de faire bouger l'Union Européenne dans son fonctionnement actuel. Le contexte pousse, selon moi, à nous engager dans la voie d’un réel fédéralisme européen, mais ce n’est pas la question du jour.

Pour autant, la course assumée à l'électorat d'extrême droite par le président-candidat me pose un véritable problème. On ne transige pas avec les valeurs de la République. On ne s'accommode pas d'un discours de rejet de l'autre. Or quel est le spectacle que l'on nous a présenté depuis près de cinq années? La stigmatisation de l'autre, le repli sur soi. C'est au cours de cette période que le discours de Grenoble a été prononcé par un Président de la République en exercice. Que ne voit apparaître à la fin du quinquennat et en pleine campagne ? La menace de sortie de l'espace Schengen !

Quel symbole que de voir le candidat sortant et ses équipes allant jusqu'à susciter un défilé des « vrais » travailleurs pour le 1er mai. Oh! il y a bien sûr des abus dont est victime notre système social, mais là, on dépasse la mesure. Encore une fois l'on veut confronter une partie de la population à une autre. Il faut être sarkozyste pour être considéré comme un « vrai » travailleur dans ce pays ?

Dans un autre domaine, je garde en mémoire la mise sous tutelle de l'audiovisuel public par le chef de l'Etat, une véritable régression démocratique. Sans doute la nostalgie de l'ORTF...

Qui nous a ramené dans le commandement intégré de l’OTAN ? Le candidat de la droite parle de nation, d’une France Forte, mais par ces choix stratégiques, il a volontairement affaibli notre voix dans le monde.

Je regarde les cinq dernières années et que vois-je ? La possibilité de briguer un second mandat faisant office d'effet modérateur à une politique souvent contestable. De part ses propres réformes, Nicolas SARKOZY ne pourra prétendre à un troisième mandat. Un verrou assurant une certaine protection saute. A quoi pouvons-nous nous attendre? J'ai du mal à me l'imaginer tant le personnage est imprévisible.

A contrario, je ne fais pas confiance en la politique économique que souhaite développer François HOLLANDE. Je m'inquiète surtout sur les retombées pour nos PME-PMI si l'on vient à légiférer en leur imposant des règles qui alourdiront leur fonctionnement. Je suis également opposé au droit de vote des étrangers aux élections locales mais c’est une question dont je pense qu’il faut trancher par voie référendaire. C’est aux citoyens de décider si oui ou non ils souhaitent cette réforme. On ne peut l’imposer dans le pack proposé au cours d’une élection présidentielle.

Je considère que l'économie est un instrument. Je refuse d’y voir une forme de déité à vénérer à la manière à laquelle s'y adonnent certains de nos politiques et économistes. Les derniers font bien trop souvent abstraction du fait que derrière les chiffres, il y a des êtres humains qui peuvent souffrir d’une simple case cochée ici où là. L'argent roi n'est pas une de mes valeurs, le quinquennat n’a malheureusement eu de cesse de valoriser cette conception des plus matérialistes. Notre situation économique est mauvaise, j’estime cependant que l'outil ne doit pas prendre le pas sur l'homme et tout justifier.

J'ai voté UMP aux élections législatives en 2007, j'ai donné ma voix à l'UMP aux dernières municipales et aux régionales en 2010. En l'absence de candidature centriste crédible, mon suffrage se portera probablement sur l'UMP dès le premier tour sur ma circonscription en juin de cette année.

En effet, je ne condamne pas l'UMP dans son ensemble, mais je constate que sous l'égide de Nicolas SARKOZY ce parti s'est réellement ouvert aux influences de l'extrême-droite, allant jusqu'à recycler en son sein certains transfuges du Front National. C’est au cours de ce quinquennat que la Droite Populaire est née au sein de l’UMP. C’est le sarkozysme qui est en cause, cette droite dite « décomplexée » dans lequel je ne me reconnais absolument pas.

En tant que centriste, je ne peux cautionner ceci. Le vote blanc semble donc être la seule solution possible. Mais il faut aujourd'hui prendre ses responsabilités. Il est temps de dire NON. Mon vote se portera donc sur le seul moyen de refermer la parenthèse Sarkozy. Je glisserais dans l'urne un bulletin de vote portant le nom de François HOLLANDE au second tour de l'élection présidentielle le 6 mai prochain.

François HOLLANDE devra composer avec les dirigeants d'autres pays européens, il ne pourra jouer une partition en solo. Ceci limitera dans une certaine mesure une éventuelle dérive là où je crains que Nicolas SARKOZY n'aurait eu les coudées franches pour appliquer un programme dangereux pour les populations les plus fragiles.

Je voterais François HOLLANDE sans enthousiasme et il faudra mettre en place une opposition vigilante mais constructive. Une opposition dans laquelle se reconstitue un véritable centre et une droite recomposée.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Arnaud Lehmann 75 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte