Premier jour sur place pour le festival du printemps de Bourges 2012. Un artiste à suivre aujourd'hui : Dionysos. Enfin je dis un artiste mais bien entendu qu'il s'agit de l'ensemble du groupe.
Joie.
Le groupe a un planning de folie qui lui fait enchaîner les interviews et sessions mais m'accueille avec le sourire. J'ai eu la chance de les croiser à quelques petites occasions et je n'en reviens toujours pas de leur gentillesse. C'est tout sourire que je les retrouve, détendus malgré le grand rush qui les attend. Sereins. Heureux d'être là.
Bon il faut quand même que je te dise qu'ils sont tellement adorables qu'ils m'ont remercié d'avoir publié des billets et photos à leur propos. Le monde à l'envers. Moi comme je suis une petite gourde (rectificatif : je suis une grande gourde) qui a du mal à gérer ses émotions j'ai du, sous l'effet de la surprise, marmonner un truc du genre "Ah non mais vous plaisantez ou quoi? Mais attendez non, de rien, c'est moi qui devrait vous remercier pour ces moments que j'ai partagés avec vous". Enfin ça c'est que je rêve d'avoir dit. En vrai je ne me souviens plus très bien mais je crois que ça ne devait pas ressembler à grand chose de construit et de cohérent rapport au fait que je suis qu'une grande chose incapable de gérer ses émotions correctement (on y revient). Mais enfin.
J'aurais pu ajouter "et aussi pour tout ce rêve que vous faites vivre à travers votre travail, surtout en ce moment et pour toutes les belles émotions que vous permettez à votre public de vivre à travers vous, tout ça, blabla" mais comme j'ai été prise au dépourvue (genre intérieurement j'ai pensé un truc du genre "mais attends je rêve, punaise si jamais je rêve je promets que je tue celui qui me réveille") je l'ai pas fait. Si tu veux mon avis c'est mieux en même temps. C'aurait été un peu pompeux. Et je crois qu'au fond ils ont tous un goût assez modéré pour tout ce qui est pompeux ou protocolaire. Alors bon.
Mais enfin les Dionysos, crois moi, c'est le genre de musiciens à faire ça. Oui. En vrai.
Bref. On les rencontre donc. Ils disent des choses adorables. Et ils se rendent à la conférence de presse à laquelle nous avons, Swann et moi, la chance de pouvoir assister.
C'était ma deuxième conférence de presse et j'avoue que j'ai été un peu surprise. Par le ton global des questions posées. Que j'ai trouvé un peu "agressif". Bon le mot est sans doute trop fort mais enfin je l'ai ressenti comme ça sur l'instant. Des questions du genre "vous jouissez d'un beau succès sur la scène rock française mais vous êtes là depuis 20 ans, vous n'avez pas peur que les nouveaux prennent votre place dans le coeur de votre public?" ou encore "Babet, sur ce dernier album de nouvelles femmes sont présentes, ça vous gêne de ne plus être la seule femme au sein du groupe?" ou bien "Mathias vous occuper beaucoup de place dans les médias à tel point que les autres sont parfois un peu occultés, ça ne pose pas de problème au sein du groupe?".Bon, rien de très violent hein. Mais j'ai trouvé que d'une façon générale c'était un peu mal tourné, en tout cas tourné de telle sorte que ça puisse être reçu comme une interrogation pas forcément bienveillante et ça m'a un peu gênée. Et énoncé sur un ton vraiment incisif.
J'avoue ça m'a un peu surprise. Mais voilà. J'en ai parlé un peu en sortant il parait que c'est comme ça que sont formés les journalistes. Qu'on leur enseigne qu'il faut chercher à "déranger" l'interlocuteur, à le bousculer, que c'est ça "être professionnel".
Je reste perplexe face à l'explication. A l'heure où j'écris ces lignes je me refuse encore à cautionner ça. Parce qu'en plus autant je comprends que certains artistes puissent générer ce type d'attitude, autant Dionysos est un groupe d'une telle bienveillance qu'il me parait incompréhensible d'imaginer que certains vont les interviewer dans l'idée de les mettre en difficulté ou mal à l'aise.
Bon mais enfin rien de grave, pas de malaise, ils ont géré ça comme des chefs. Avec humour et bienveillance. Légèreté et sourire. Comme toujours.
Ainsi, Mathias a t'il expliqué que si le groupe existe depuis 20 ans, ces 20 années ont filé à la vitesse de l'éclair et qu'aucun d'entre eux n'a vraiment le sentiment de les avoir vues passer. "Parfois on a l'impression d'être passés dans une autre dimension" dit-il. "Les 20 années on réalise qu'elles se sont écoulées quand on revoit nos vieux potes avec lesquels on déconnait au lycée et qui ont aujourd'hui 3 gosses, une grande maison et un garage. Là on réalise le décalage. Entre nos vies et les leurs. Sans porter de jugement de valeur sur l'un ou l'autre des chemins, hein".
"D'autant plus que certains d'entre nous ont aujourd'hui des gosses. Et une maison. Et aussi un garage". (Rires)
Stéphan d'ajouter "Oui mais toujours pas rangé le garage. Attention" (Rires plus sonores).
"Pour ce qui est des groupes qui arrivent derrière nous on est vraiment heureux d'en découvrir qui nous font frémir. On a autant de plaisir à découvrir de nouveaux groupes qu'à écouter des "anciens" comme Léonard Cohen. Autant d'émotion".
"On ne sait pas trop ce qu'on représente pour les gens. On ne se le demande pas. Je crois même qu'à partir du moment où on se pose la question ça ne va plus. On fait ce qu'on aime, on est sincères, on se sent bien. C'est aussi simple que ça".
Pour ce qui est de l'ouverture du projet à de nouvelles personnalités féminines Babet explique qu'elle n'est pas gênée et qu'au contraire elle se réjouit de ce que "des copines" aient rejoint le groupe.
Que de toute façon le groupe a toujours fonctionné comme ça, un peu "en famille", en travaillant avec des gens qui lui étaient proches pour une raison ou pour une autre. Mathias précise d'ailleurs que c'est grâce à elle que Johanna (en couverture de l'album Bird'n'roll) a rejoint l'équipe. Elle incarnait la fée clochette dans le Peter Pan d'Irina Brooks dans lequel Babet incarnait Wendy et a suggéré qu'elle pourrait apporter beaucoup au projet. La suite on la connait. Johanna est présente sur l'album et la tournée.
Concernant la forte exposition médiatique de Mathias, le groupe revient sur le fait que c'est dans la logique des choses : Mathias est celui qui chante, il a des projets variés à côté (littérature, adaptation cinématographique de la mécanique du coeur...)...il est donc normal qu'il soit plus exposé. Mathias ajoute que les autres ont aussi développé d'autres projets (Babet au théâtre, en solo, Rico et Stéphan via Corléone...) et que chacun suit son propre chemin mais que tous se retrouvent toujours avec le même plaisir dans l'idée de travailler à ce projet, complètement collaboratif, où chacun a sa place. Il n'y a pas de problème d'égo au sein du groupe, précise Mathias pour finir.
Je les retrouve ensuite après une interview pour l'enregistrement d'une toy session pour l'express. Je découvre une version acoustique de Bird'n'Roll avec ukulélé et egg shaker. J'aime!
Puis ils repartent dans la spirale des interviews.
Je les retrouverai seulement le soir venu, sous le chapiteau du Phénix, pour leur premier concert en festival de la tournée Bird'n'roll. Incroyable concert qui ouvre sur la musique de Star Wars, lumières vertes de folie qui balaient l'assemblée. Et le groupe s'installe avec un Mathias bondissant dès les premières notes. Son énergie ne faiblira pas un instant d'ici à la fin du concert. Cet homme là me sidère. Et m'intrigue un peu. Quel est donc son secret?
Premier titre joué John Mac Enroe's poetry déchaîné puis Bird'n'Roll dont Mathias annonce que c'est un remède infaillible qui permettra de transformer cet "automne de Bourges" en véritable printemps de Bourges (clin d'oeil à la météo locale). Bon. Force est de constater, quelques heures plus tard, qu'il s'est un peu trompé (je suis rentrée en écoutant mes pieds faire "floc-floc" dans mes bottines, pour te donner une idée). Mais c'était une bien jolie formule.
Le groupe compte désormais à ses côtés ses 3 Bird'n'rolleuses : Johanna, Lise (ici par exemple) et Guillemette (qui fait partie aussi du groupe April Shower)
3ème titre "June Carter en slim". "June Carter se cache dans son manteau de fou-rire" : j'aime tellement cette formule bon sang! L'occasion pour Mathias de se livrer à un superbe solo d'harmonica et à son premier bain de foule.
Puis suit "la métamorphose de Mister Chat" pour lequel le public, vraisemblablement rompu à l'exercice, reprend en choeur "ta gueule le chat".
"It's hard to be a cat in this fuckin' town". A qui le dis tu, Mathias!
Clochettes et sweat à capuches à oreilles de chat : Parfaite mise en scène.
Johanna rejoint ensuite le centre de la scène pour une incroyable démonstration de Bird'n'roll sous une pluie de plumes rouges projetée par deux canons à plumes. Féérie de l'instant. C'est le moment d'interpréter Tom Cloudman. Mathias arrive couvert de la tête d'oiseau. C'est beau.
"Dark Side" fait ensuite chanter le public qui reprend en choeur "Don't let me turn to the dark side, don't let me fuck every girl who's able to give me a smile of love..." puis c'est le mythique "Song for Jedi" qui fait danser et chanter la foule. Fou!
S'en suit une démonstration du jeu de perceuse sur guitare de Stéphan sur "Wet", électrique puis Mathias tombe la cravate et surfe littéralement l'immense vague formée par les 6000 personnes du public du Phénix. Au retour il s'arrête à quelques mètres de la scène, se dresse sur les épaules d'un spectateur et tombe la chemise. Hot.
Puis après une débauche d'énergie instrumentale, Mathias se recoiffe de sa tête d'oiseau, au revoir Tom Cloudman.
Et merci.
Pour saluer définitivement son public, le groupe a choisi la diffusion de "The Last Goodbye" des Kills. Emotion. Et ovation.
Méritée.
Pour leur 5ème printemps de Bourges, les Dionysos ont confirmé qu'ils ont plus que jamais leur place en tête d'affiche des festivals et en tête des ventes d'albums.
Bravo.