Theatrum Belli apprends de source policière qu'un mouvement de protestation des fonctionnaires de Police est en cours en Seine Saint Denis. Il prends forme d'un rassemblement face à la Direction territoriale de la Sécurité Publique à Bobigny.
Ce rassemblement fait suite à la décision du juge des détentions et libertés du parquet de Bobigny de qualifier en homicide volontaire (+ interdiction d’exercer) pour le fonctionnaire ayant tiré sur un individu en fuite connu pour des faits de vols à mains armées.
Rappelant au passage que l'individu avait envoyé une grenade sur la patrouille de police (grenade qui s'avéra factice) et que celui-ci était en possession d'une arme de poing chargée et l'avait dirigé en direction des fonctionnaires de Police.
Un discours a été prononcé par le fonctionnaire dans lequel il déclare visiblement ému : "Le plus important est que je sois encore vivant et que je ne laisse pas une veuve et des orphelins". Le Directeur territorial de la Seine Saint-Denis s'est également exprimé, appelant les fonctionnaires au calme.
Selon nos informations, la situation reste tendue sur place, et à l'heure où nous vous écrivons ces lignes, un cortège de véhicule de Police se dirige sur Paris, gyrophare allumé, afin de protester devant le siège du ministère de l'Intérieur place Beauvau.
Ce mouvement de protestation s'inscrit dans un contexte de grogne grandissante de la Police. TB a recueilli les témoignages d'un grand nombre de fonctionnaires de Police exprimant leur colère quant au "deux poids deux mesures" dont ils sont les victimes. Ceux-ci déplorent le manque de soutien de la Justice à leur égard.
TB s'interroge sur l'opportunité pour un juge des détentions et des libertés de dépasser les réquisitions pour requalifier les faits (fait rarissime) à l'encontre du fonctionnaire de Police ainsi que le sens d'une garde à vue prolongée à son encontre.
Le delinquant, Amine Bentousi, tué par le policier était sous le coup d'un mandat de recherche. Il avait de très gros antécédants (plus jeune incarcéré de France à 13 ans, 46 "VMA" - vol à main armée à son actif).
Arrivé sur place le cortège a été bloqué par un détachement de gendarmes mobiles et de CRS dans le cadre d'un dispositif de bouclage. Il semble qu'il y ait eut des interpellations sans gravité. Les véhicules de police auraient été ensuite dispersés vers leurs bases. Les policiers en colère ont obtenu que le parquet fasse appel de la décision. Les syndicats ne seront pas "reçus" mais "convoqués" par le ministre sous le prétexte qu'ils n'ont pas réussi à "retenir" leurs troupes.
Faut-il voir dans l’extrême sévérité du traitement de cette affaire un gage de tranquillité pour les quartiers dits "sensibles" au moment où la France est en période d’élections présidentielles ?