François Bayrou a annoncé
qu’il allait se prononcer sur son choix du deuxième tour. Sans préjuger de ce
que sera ce choix, je crains qu’il n’ait que des coups à prendre à se prononcer
pour l’un ou pour l’autre des finalistes.
Du coté de Hollande, il n’a rien à gagner. Celui-ci, histoire de donner des
gages au Front de Gauche, a déjà annoncé qu’il ne pratiquerait pas l’ouverture.
Et il est évidemment hors de question de laisser des circonscriptions au MoDem
surtout après s’être fait joyeusement filouter par les Verts.
De plus, sur le fond, François Bayrou n’a pas été tendre vis avis du projet
de Hollande qu’il considère, à juste titre, comme devant « nous
amener à la catastrophe »….s’il était appliqué. Difficile de se dédire
!
De toute façon, il se ferait aussitôt traiter d’opportuniste, voire de
traitre par tous ceux qui ne comprendraient pas qu’un homme politique de
« droite » puisse se prononcer en faveur d’un candidat PS. Or, si
François Bayrou à l’ambition de rassembler les centres sous sa houlette, il
risque de se heurter à l’hostilité de ceux qui considèreront, à tort, qu’il a
contribué à faire perdre la Droite.
A contrario, appeler à voter Sarkozy, n’est pas non plus sans risque.
Certes, compte tenu du rapport de force actuel, on ne pourrait pas l’accuser
« d’aller à la soupe ». Pour autant, François Bayrou a été très critique
pendant 5 ans vis-à-vis de Sarkozy et un soutien au président sortant serait
certainement considéré comme une volte face, qui ne manquerait de lui être très
rapidement renvoyée à la figure. Quand on a écrit « Abus de pouvoir »
appeler à voter Sarkozy ne fait pas montre d’une extraordinaire constance. Et
ce ne sont pas les clins d’œil appuyés de Sarkozy aux électeurs du FN qui le
fera changer d’avis.
De toute façon, il ne peut ignorer qu’opter pour l’un ou pour l’autre,
présente le risque important de voir le MoDem partir tout simplement en vrille.
D’ores et déjà, histoire probablement de tenter de forcer à la main à François
Bayrou, plusieurs cadres du parti se sont prononcés en faveur de
Hollande. D’autres appellent à voter
Sarkozy.
D’une manière générale, ses électeurs et ses militants sont partagés. Les
sondages les répartissent à peu près à égalité entre les 2 finalistes (1/3
Hollande, 1/3 Sarkozy et 1/3 blanc). De mon point de vue, qui évidemment ne
s’appuie sur aucune étude sérieuse, ni Hollande, ni Sarkozy n’ont d’adeptes
enthousiastes dans les rangs du MoDem. Sarkozy y est très peu apprécié mais
ceux qui ont adhéré aux idées forces du projet de François Bayrou rechigneront
à voter pour un Hollande dépensier et jugé peu fiable.
Quoi qu’il en soit, sa préconisation de vote n’influera que marginalement
sur le vote de ses électeurs.
Non, décidément, il ne doit pas prendre officiellement parti.
Bien sur, en ne se prononçant pas publiquement, il subira les
critiques des 2 camps qui l’accuseront de pusillanime mais il aura le
mérite de rester cohérent par rapport à sa ligne politique. Bayrou, ni droite
ni gauche jusqu'au bout !