Alors depuis dimanche soir, j'entends des gens qui veulent se rassurer en disant que le vote FN n'est pas qu'un vote raciste. Il faudrait comprendre. Et bien merde! Ces types "qui souffrent" doivent être sérieusement maso pour vouloir souffrir encore plus en votant Le Pen! J'en ai ma claque du politiquement correct qui nous force à abaisser nos exigences démocratiques au motif que les gens, les pauvres, ne savent pas ce qu'ils font. Si le Christ pardonne, excuse-t-il pour autant? Et la politique a-t-il pour but de prendre les gens pour des idiots? Ce vote est grave et il faut cesser de dire que ça n'est pas si grave de contester. Oui à la résistance, mais constructive. Bientôt, on nous dira que pour être compris, il faut écrire en texto. Et qui sait, à terme, on fera tous ensemble de joyeux grognements devant nos téléviseurs!
Ces 18% de couillons, s'ils ne sont pas xénophobes, ont fait le lit d'une droite encore plus réactionnaire qu'avant (voir la Une de Libé ci-contre). On vire dans le
franquisme là, dans le Parti Populaire d'Aznar et ses amis non seulement libéraux, mais catho radical (ceux qui croient que le FN est laïc sont franchement naïfs...). Faut dire qu'on avait déjà
les pieds dans la merde avant, avec les Guéant et consort. En 5 années de mandat, Sarkozy a sorti du ghetto le FN, belle performance.
Le pire dans tout ça, c'est qu'avant, nous autres bretons pouvions nous donner bonne conscience car le FN était faible. Aujourd'hui, il est toujours plus faible (autour de 12%), mais il a doublé ses voix. Alors, le couplet du breton plus ouvert sur le monde, c'est raté! Il y a aussi du travail à faire chez nous.
Mélenchon n'a finalement réussi qu'à drainer autour de son nom l'électorat d'extrême-gauche classique. Il doit l'avoir mauvaise car il se donnait pour objectif d'être le troisième homme (je comprends mieux l'intérêt quand je vois que Marine Le Pen est plus citée que les deux finalistes de cette élection présidentielles) et surtout de distancer Le Pen. Pour ma part, je jubile de ce score "faible" (le "faible" est relatif avec un score à deux chiffres et en Bretagne aussi). Alors on me dit dans l'oreillette que je suis un gros connard et que franchement, je devrais regretter que Mélenchon ne soit pas le troisième homme de cette campagne. Ah bah oui, la pensée magique: si je suis contre Mélenchon, je suis donc pour Le Pen! Entre nous, j'aurais préféré qu'Eva Joly soit en troisième place, voir même en première place, mais cela change-t-il le résultat?
Là encore, je devrais accepter l'idée qu'un vote puisse se ballader entre l'extrême-droite et l'extrême-gauche? ça ne vous choque pas vous qu'un électeur qui puisse
voter Le Pen se reporte sur Mélenchon ou vice-versa? Là encore, n'est-ce pas un vote bien nationaliste, bien franchouillard? Entre la cocarde de Marine et celle de Jean-Luc, il y a bien sûr des
idées différentes, mais il y a bel et bien un refus d'Europe. Car il y a ce que pensent les militants, sincères j'en suis persuadé, et ceux qui votent dont les finalités ne sont pas toujours les
mêmes. C'est le principe du vote populiste: il aggrège un peu de tout. Rassurez-vous, c'est pareil à l'UDB. On trouvera bien quelques tarés d'Adsav à voter UDB quand il n'y que nous de bretons
aux élections! Il est temps de redonner du sens au vote et de ne pas se contenter d'un "je ne vote pas Eva Joly car elle est trop bas dans les sondages". Quelle pitié cet argumentaire! Dans ce
cas, supprimons les sondages s'ils influencent les votes...
Je me souviens de ma première élection. Cantonales 2008. J'avais sillonné le terrain, fait du porte-à-porte et été reçu par des centaines de personnes... pour faire
100 voix de plus qu'un type que personne ne connaissait, dont le site était truffé de fautes d'orthographe et qui n'avait pour programme que 5 mots clefs: écologie, sécurité, logement, emploi et
je ne sais plus quoi d'autres. Bref, vous imaginez la déception! Et puis, un ami m'avait dit à l'époque: "tu aurais préféré avoir la voix des idiots?". Cette phrase, je la garde sous le coude
quand l'UDB fait de petits scores. Je me dis qu'on ne doit jamais accepter de sombrer dans le populisme pour faire du chiffre. Sans ça, c'est notre âme que l'on perd. Pour convaincre, il faut
persévérer, parler complexe et élever le niveau intellectuel de la société en s'enrichissant mutuellement. ça nécessite de se former, toujours, chaque jour (le Peuple breton est un bon outil pour
penser en dehors du cadre).
Au final, Philippe Poutou, tout troskyste qu'il soit, a raison sur un point: putain, les politiques professionnels, au lieu de brandir de beaux discours sur "la République en danger", vous feriez bien d'atterir. Il y a un monde que vous ne connaissez pas. La solution? Relocaliser les politique! Autonomie, une bonne fois pour toute!
Lire aussi l'analyse du camarade Jef Monnier.