Les hommes qui peuplaient les rives de la rivière Manzanares, à Madrid en Espagne, au cours du Paléolithique moyen se nourrissaient de viande de pachyderme et de sa moelle osseuse. C'est ce que montre une étude espagnole qui a trouvé des marques de
percussion et de découpe sur les restes d'un éléphant sur le site de Preresa.
Dans les temps préhistoriques, la chasse aux animaux impliquait des risques et exigeait une quantité considérable d'énergie. Par conséquent, lorsque les gens du Paléolithique moyen (entre 127.000 et 40.000 ans) avait un éléphant dans le garde-manger, ils n'en laissaient aucune miette...
Les hommes qui peuplaient la région de Madrid il y a 84.000 ans se nourrissaient sur ces proboscidiens (proboscidea) de viande et de moelle osseuse, selon cette nouvelle étude.
Jusqu'à présent, la communauté scientifique doutait que la consommation de viande d'éléphant était une pratique courante à cette époque en raison de l'absence de preuve directe sur les os. Il reste encore à déterminer si l'on est en présence des espèces Mammuthus (Mammouth) de la sous-espèce du Palaleoloxodon.
82 os d'un éléphant sur le site de Preresa
Les chercheurs ont trouvé des os avec des repères de coupe, faits pour consommer de la viande, et des traces de percussions pour l'obtention de la moelle osseuse. "Il existe de nombreux sites, mais très peu avec des restes fossiles ayant des marques qui démontrent des actions humaines" fait remarquer Jose Yravedra, chercheur à l'Université Complutense de Madrid (UCM) et auteur principal de l'étude publiée dans le Journal of Archaeological Science.
C'est la première fois que des marques de percussion qui montrent une fracture osseuse intentionnelle pour en retirer la partie comestible interne sont documentées. Jusqu'à présent, ces marques avaient toujours été associées à la fabrication d'outils; mais dans les vestiges trouvés sur ce site, cette hypothèse a été écartée. Les outils trouvés dans la même zone ont été faits de silex et de quartzite.
L'équipe est composée d'archéologues, de géologues et de zooarchéologues de l'UCM, de l'Instituto de Evolución en África (IDEA) à Madrid et du Centre National Espagnol de Recherche pour l'Evolution Humaine (CENIEH).
Ils ont recueilli 82 os d'un éléphant, lié à 754 outils de pierre, dans une zone de 255 mètres carrés, dans le site de Preresa, sur les rives de la rivière Manzanares.
Dans le cas des marques de coupe sur les restes fossiles, celles-ci s'ajoutent à la «trace la plus ancienne d'exploitation d'éléphants» que l'on retrouve dans le site d'Áridos, à proximité de la rivière Jarama, selon une autre étude publiée par Yravedra dans le même journal. "Il y a peu de données sur l'exploitation des éléphants en Sibérie, en Amérique du Nord et en Europe centrale", explique l'archéozoologue.
Les risques de la chasse à l'éléphant
Les organes internes étaient ce que le prédateur mangeaient en premier, qu'ils soient humains ou tout autre type de carnivore. Les risques qu'engendraient la chasse d'un éléphant posent la question de savoir si les hommes étaient des chasseurs ou des charognards. "Ceci est le prochain mystère à résoudre", répond Yravedra, qui nous rappelle qu'il existe des preuves concernant la chasse d'autres petits animaux sur le même site. Toutefois, en raison de l'épaisseur des membranes fibreuses et d'autres tissus à base de viande de l'éléphant, l'homme n'a pas toujours laissé des marques sur les os. "Et pour cette raison, il est parfois difficile de déterminer si les hommes ont utilisé leur viande".
Le «Saint Graal» de l'alimentation du Paléolithique.
La graisse animale était très apprécié par les chasseurs et les cueilleurs qui bénéficiaient d'une alimentation riche en viande et pauvre en glucides. Quand il y avait peu de viande, d'autres ressources telles que la moelle osseuse devenaient une source de lipides.
D'après l'étude, cette pratique n'était pas très répandu en raison de la difficulté d'extraire la moelle des os. En outre, "l'exploitation de la matière grasse est quelque chose qui n'a pas été confirmé jusqu'à présent" ajoute le chercheur. D'autres sources de nourriture, telles que le cerveau, avaient les mêmes avantages nutritionnels.
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