Politique judiciaire
UN DANGEREUX CRIMINEL HORS D'ETAT DE NUIRE
Par
Jean-Emmanuel Nicolau-Bergeret
Retour sur ce grave fait-divers survenu à Noisy-le-Sec samedi dernier (voir notre reportage sur place), au cours duquel un criminel au casier chargé, qui avait jété une grenade sur la police avant de braquer un des fonctionnaires avec une arme, a été grièvement blessé par balle par ce dernier.
Des antécédants de fusillades
On en sait un peu plus sur le passé du criminel décédé des suites de ses blessures dans la nuit de samedi à dimanche suite à la publication d'un article dans Le Parisien d'hier sous la plume de Valentine Rousseau [1].
Amine Bentounsi, originaire de Meaux en Seine-et-Marne, d'où il avait été interdit de séjour par décision de justice, était un criminel dangereux avéré. Ainsi, dès l'âge de 13 ans, ce délinquant récidiviste était-il le plus jeune incarcéré de France après plusieurs vols avec violence. Ainsi la journaliste rapporte : " (...) Il avait alors déjà enchaîné cambriolages et vols de voitures en Seine-et-Marne, avait agressé deux employés d'un centre social, battu une voisine avec un cric pour lui voler son magnétoscope (...)".
On peut déjà s'étonner de la décision de la juridiction Seine-et-Marnaise qui lui avait infligé une interdiction de séjour dans son département d'origine. S'il était dangereux dans son département, ne l'était-il pas sur le reste du territoire français ?
Et la journaliste de poursuivre : " (...) Une accumulation qui lui a valu un premier séjour en prison (...) ". Nouveau questionnement sur cette phrasologie : " accumulation ". Est-ce à dire que les premiers vols avec violence n'ont pas été sanctionnés de façon dissuasive et qu'il a fallu attendre " une accumulation " de faits graves pour enfin se décider à placer cet individu dangereux hors d'état de nuire ?
Cet exemple pose à nouveau l'épineuse question de la justice des mineurs.
Toujours selon l'article, Amine Bentounsi avait été envoyé en Algérie pour vivre avec sa grand-mère espérant ainsi canaliser et calmer sa violence. Que nenni ! Selon l'auteur, " (...) Il était revenu après avoir brûlé sa maison (...) ".
En 2001, il participe à un violent braquage d'un bureau de poste à Meaux qui tourne mal : Fusillade sur des policiers au milieu des passants. Une fois de plus, la justice fait preuve de mansuétude (voire de laxisme ?) et il n'écope que de quatre ans de prison. Une peine dissuasive s'il en est vis-à-vis d'un criminel notoire, puisqu'en 2005, à peine dehors, il braque à nouveau un supermarché Seine-et-Marnais avec séquestration d'employés.
La justice se décide enfin à protéger la société de cet individu dangereux en lui infligeant une peine de dix ans de réclusion par une décision rendue en 2007. Enfin !
2005 + 10 = 2015. Non ?
Alors que dans un article paru ce matin dans Le Parisien sous la plume de Carole Sterlé [2], on apprend que la procureur de la République de Bobigny et les policiers en charge de l'enquête étaient revenus hier soir sur les lieux des tirs pour éclaircir les circonstances de ce tir mortel et donc mieux comprendre s'il y a ou non légitime défense, on constate donc que l'institution judiciaire va mettre à mal le fonctionnaire de police qui a fait usage de son arme de service.
Le vrai visage de notre institution judiciaire apparait sous sa vraie nature. A nouveau.
Mais qui est donc responsable de la mort d'Amine Bentounsi si ce n'est l'institution judiciaire elle-même ? Car à considérer que la peine de réclusion criminelle de dix ans démarre de la date des faits incriminés en 2005, il ne faut pas avoir fait math' sup pour additionner 2005 + 10 = 2015.
La vraie question à se poser n'est donc pas de connaitre les circonstances du tir mortel, mais de savoir pourquoi la police devait encore interpeller en 2012 (!?) un individu connu pour sa dangerosité alors qu'à ce moment il aurait dû croupir aux frais des contribuables dans une prison jusqu'en 2015. Si ce multi récidiviste avait accompli sa peine complête, il ne serait pas mort dimanche dernier.
Soutien à notre police
La police n'ignorait pas les antécédants de dangerosité de ce criminel qui avait fait preuve de violences répétées, de violences en bandes organisées et surtout d'antécédants d'usages d'armes à feu lors de la fusillade de Saint-Pathus en 2005. Ils savaient donc qu'ils avaient à interpeller un individu dangereux et susceptible d'être armé.
Le fait d'avoir lancé une grenade sur les fonctionnaires était un signe évident de non rédition. Voire une provocation. Brandir ensuite une arme en direction du policier ne pouvait être interprêté que comme un geste délibéré de vouloir tuer. Ou de se " faire suicider " par personne interposée.
Personnellement, je préfère la mise hors d'état de nuire définitive de ce dangereux criminel que de compter un mort dans les rangs de notre commissariat de police nationale. Pire, qu'un passant soit blessé ou tué par cet individu.
Plus que de se questionner sur la légitime défense du fonctionnaire, choqué d'avoir dû tirer (pour avoir été sur place lors des premières constatations), l'institution judiciaire ferait mieux de se remettre en question quant au parcours violent de ce criminel avéré. Parcours dont elle a une part de responsabilité par des peines antérieures visiblement pas assez dissuasives.
Et surtout de savoir pourquoi il se promenait à Noisy-le-Sec samedi dernier alors qu'il aurait du être incarcéré ... jusqu'en 2015. Là est la vraie question à se poser.
Auteur : Jean-Emmanuel Nicolau-Bergeret
© 25 avril 2012 - JENB Productions Noisy-le-Sec
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Références
[1] " Le caïd avait commencé sa carrière à 12 ans " par Valentine Rousseau, Le Parisien Seine-Saint-Denis, 24 avril 2012
[2] " Noisy-le-Sec : retour sur les lieux après le tir mortel " par Carole Sterlé, Le Parisien Seine-Saint-Denis, 24 avril 2012