Test : Ninja Gaiden 3 (PS3)

Publié le 25 avril 2012 par Brokenbird @JournalDuGeek

4 années séparent les fans de la dernière aventure inédite de Ryu Hayabusa. 4 années durant lesquelles la Team Ninja, équipe de production de la série a connu quelques bouleversements internes. 4 années durant lesquelles elle a du faire des choix et accoucher de ce troisième opus qui divisera assurément les fans de la série.

En 2004, Tomonobu Itagaki, créateur de la série Dead or Alive avec sa Team Ninja, décide de ressusciter une licence phare de Tecmo dans les années 80 : Ninja Gaiden. Héritage de ce qu’ont essayé de lui inculquer ses mentors de l’époque, Itagaki prend le parti de créer une nouvelle école du beat em all 3D : celle de l’exigence et de la maîtrise. Car comparé à la concurrence, la série se démarquera par une difficulté accrue qui demande au joueur patience, maîtrise, investissement et concentration de tous les instants. Parce que contrairement aux autres beat em all, il n’y a pas de menu fretin dans le bestiaire de Ninja Gaiden. Chaque ennemi aura pour objectif de barrer la route au joueur, chaque situation devra être maîtrisée sous peine de Game Over. Ninja Gaiden 2 suivra la même voie. S’adressant principalement à des joueurs expérimentés et amateurs de challenge et de maîtrise de skills. En 2008, Itagaki quitte Tecmo et une partie des membres de la Team Ninja le suivent pour créer Valhala Game Studios. La Team Ninja devra composer sa troisième symphonie sans son charismatique leader et on le comprend dès le pad en main.

Expresso contre café latte

Trahison ou révolution, les avis sont assez partagés à propos de Ninja Gaiden 3. La raison est très simple : la mécanique fondamentale de ce qu’a créé Itagaki avec les deux premiers épisodes a été mise hors de l’équation. Il n’est plus question d’exigence et de maîtrise du gameplay. Ninja Gaiden 3 brille par sa bluffante facilité et son côté pré mâché empruntés à tous les blockbusters de ces dernières années. Ici, plus besoin d’entraînement pour comprendre un adversaire ou pour maîtriser des combos. Pianoter sur son pad les boutons des frappes rapides et fortes suffit à exécuter les plus véloces des enchaînements que l’on devait appréhender et savoir placer au bon moment par le passé. Tout est automatisé pour faciliter la vie du joueur qui n’en demandait sans doute pas tant. Toujours déstabilisant quand on connaît l’expérience proposée par les deux premiers épisodes. D’ailleurs, on peut dire que Ninja Gaiden 3 est l’épisode de la castration. Contrairement à l’arsenal de guerre (et les gameplay en découlant) présent dans les anciens opus, tout au long du jeu, le joueur n’utilisera que son sabre et ses kunais pour seules armes. Team Ninja aura beau promettre les griffes et la faux en DLC gratuit, il va falloir être téméraire pour recommencer l’aventure avec ces bonus. Pour enfoncer le clou un peu plus fort et rendre le gameplay encore plus hermétique, Hayabusa ne dispose que d’un unique Ninpo qui remplit amoureusement la barre de vie après avoir fait le ménage. Si, encore une fois, on compare ces gameplay aux pièces maitresses qu‘étaient les deux précédents volets, on reste cruellement sur sa faim, et ce, malgré des effets de caméras qui donnent une vraie impression de puissance et de violence.

Une aventure courte, mais éprouvante

Au niveau de sa durée de vie, le jeu se boucle en une dizaine d’heures. Sans doute moins, pour les joueurs plus experts. La grande facilité du jeu alliée aux multiples aides en tous genres et le remplissage de la barre de vie à chaque fin de combat anéantissent toute forme de challenge. Tout le côté exploration et les inventaires ont ainsi été mis de côté. Pas l’ombre d’un coffre, d’une salle secrète, les niveaux sont tous de longs couloirs entrecoupés de combats avec les quelques ennemis envoyés par vagues de 10. Comble ultime, si le joueur se sent « perdu », il peut à tout moment presser le stick de direction pour que la caméra lui indique où aller. Le mode de jeu en ligne, anecdotique, méritera d’être lancé histoire de débloquer le trophée.

Toujours aller au fond des choses

Avec beaucoup d’arguments à inscrire dans la colonne des « + » et la colonne des « – », Ninja Gaiden 3 se retrouve finalement entre deux chaises. Les fans et les amateurs de challenge pourront crier au scandale et à l‘arnaque, car ils ne retrouvent plus l’essence même de ce qui a fait la force de la série, mais d’un autre côté, les néophytes pourront s’adonner à cœur joie à un épisode presque entièrement sculpté pour eux, facile d’accès et efficace. On peut difficilement condamner l’équipe de développement d’avoir tenté « d’humaniser » sa série. D’avoir voulu suivre la tendance du jeu vidéo actuel et de mettre de côté une idéologie qui appartenait à Itagaki et son équipe. Dommage que le contenu et le contenant soient en inadéquation avec leurs ambitions. La Team Ninja a voulu nous servir un Blockbuster comme on en voit souvent ces temps-ci, mais le titre manque cruellement de fond et de forme pour rivaliser avec la concurrence. Cela ne retire cependant pas ses qualités au titre qui se place tout de même dans le haut du classement de ce qui se fait dans le genre. Mais on l’aurait préféré avec un parti pris assumé jusqu’au bout. En jouant à Ninja Gaiden 3, on a l’impression de jouer à Ninja Blade de From Software. C’est un bon jeu, mais ce n’est pas Ninja Gaiden.


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