Ou l’ascension sociale de Georges Du Roy, homme ambitieux et séducteur , employé au bureau des chemins de fer du Nord, parvenu au sommet de la pyramide sociale parisienne grâce à ses maîtresses
Bel Ami de Albert Lewin
Avec : George Sanders, John Carradine, Angela Lansbury Sortie Cinéma le 01/01/1970 Distribué par Durée : 110 minutes Genre : Comédie dramatique Film classé : -
Le film :
Les bonus :
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Sortie DVD , le 25 avril 2012
Voilà me semble-t-il le genre d’adaptation littéraire qui atteint directement sa cible. Sans tomber dans l’exercice factice du mot à mot, périlleux, Albert Lewin , confie à son scénario le soin d’une étude elliptique (le lecteur ne retrouve pas l’intégralité du roman), tout en respectant l’esprit de Maupassant.
Ce qui se traduit par une vision très personnelle de l’œuvre, et prend toute sa dimension dans la mise en scène. Le réalisateur l’inscrit dans un jeu perpétuel entre les différents protagonistes. Ils sont les pièces d’un échiquier (le sol est le plus souvent carrelé) que l’auteur déplace à sa guise dans des décors hyper chargés.
La marque de fabrique d’une époque avec pour unique plateau de tournage, le studio. Pour les appartements de la capitale, richement dotés, le procédé fonctionne bien, mais les extérieurs souffrent de l’artifice. Les pavés sont toujours nickels et la cour de ferme où se rend Mme Walter (Susan Douglas) en quête d’un descendant de la famille de Cantel, d’une propreté suspecte. Maîtresse transie de Bel Ami, la dame tente ainsi de lui interdire de devenir le plus légalement du monde, baron.
Nous sommes en 1880 et George Duroy (George Sanders , irréprochable) gravit alors petit à petit, les échelons de la bourgeoisie parisienne. Parti de rien, le voici grand séducteur et manipulateur de première. Tout le monde tombe dans ses pièges, les femmes et leurs maris, et seule, la vigilance de Laroche-Mathieu (Warren William )un collègue de travail, réussira à le trahir.
Derrière la caméra de Lewin, le héros de Maupassant se reconnaît tout à fait dans les frustres du parvenu, goujat et magouilleur, rustre et malfrat, au sourire toujours aussi policé.
Une intrigue bien menée et des personnages campés dans leur juste costume (les liens entre politique et capitalisme, via la presse, ne manquent pas d’à-propos) : c’est un réel plaisir que de reprendre en images, celles que Maupassant écrivait au tout début de sa carrière. Un roman d’apprentissage, disait-on alors. Le jeune écrivain apprendra vite, lui aussi.
- « L’art d’Albert Lewin » par Patrick Brion (13 mn)
L’historien du cinéma parle avant tout de la courte carrière du réalisateur (six films seulement à son actif) ne retenant pour ce film que le fameux concours organisé par les producteurs. Il s’agissait de créer une peinture autour de la tentation de Saint Antoine. C’est dans le film le seul plan couleur qui apparaît. Marx Ernst remporta l’épreuve devant une dizaine d’artistes, dont un certain Dali. Son œuvre qui ne fut donc pas retenue (un défilé d’éléphants avec des pattes d’araignées tourmentant le saint) est cependant devenue plus célèbre.
En bref
Le film
Dans un noir et blanc, où les gris expriment tout autant l’atmosphère de ce Paris de fin de siècle, le cinéaste signe une adaptation très personnelle, mais respectueuse de l’œuvre de Maupassant. Le regard d’un metteur en scène pertinent.
Les bonus
Un p’tit clin d’œil d’un spécialiste, Patrick Brion … C’est peu !