Tibet > Emeutes meurtrières à Lhassa
Après les violentes émeutes des moines bouddhistes au Tibet ce vendredi 14 mars, et qui ont fait entre 10 et 100 victimes, la situation s'est quelque peu apaisée à Lhassa, capitale tibétaine. Le gouvernement chinois, désireux de contenir toute vélléité, a quadrillé la ville, et a interdit son accès aux touristes étrangers, pour ne pas courir le risque d'une propagation de l'information qui pourrait attiser les esprits et ternir l'image du pays avant les Jeux Olympiques, prévus dans cinq mois. La date correspond au 49e anniversaire du soulèvement de Lhassa qui avait eu pour conséquence l'exil du dalaï-lama.
Mais le nord-ouest de la Chine était toujours agitée, notamment au monastère de Labrang, dans la province du Gansu. Selon certaines sources, plusieurs milliers de tibétains, pour la plupart des moines, auraient défilé pour signifier leur protestation à l'attitude du gouvernement chinois.
Le bilan des victimes diverge selon Pékin, qui communique un chiffre de 10 morts, alors que les dirigeants tibétains en exil avancent le chiffre de 30 morts, et "plus de 100 morts" d'après certaines sources. Il s'agit des manifestations les plus violentes depuis celles de 1989.
Dès le samedi matin, toute les rues de Lhassa était quadrillées par l'armée et la police, et interdit à la presse. Des forces armées ont été déployées sur la frontière népalaise, pour contenir d'éventuelles rebellions ou manifestations en signe de soutien aux tibétains.
Les deux gouvernements se renvoient la responsabilités des émeutes. Pour le gouvernement chinois, ces actes sont l'oeuvre de "casseurs", de "saboteurs", alors que pour les leaders tibétains, "les victimes sont toutes des civils innocents et elles sont mortes carbonisées". Les télévisions chinoises passent en boucle les images contrôlées des violences, où on voit des moines saccager des commerces, ou des témoignages qui affirment que les moines agressent les chinois et les policiers avec des couteaux. D'après les autorités chinoises, l'armée aurait seulement fait usage de tirs de sommation, et d'aucun tir direct sur les manifestants. Elles ont promis la clémence envers les émeutiers s'ils se rendent avant lundi minuit (16h GMT). De son côté, le gouvernement tibétain a demandé depuis l'Inde, où il est en exil depuis 1959, d'agir avec "compassion et sagesse".
Une enquête de l'ONU a été requise pour faire toute la lumière sur ces "violations des droits de l'Homme". Amnesty International a exhorté Pékin à accepter cette requête. Le message du prix Nobel 1989 de la paix n'a pas changé : il prône toujours la non-violenceet la recherche d'une solution pacifique pour la situation du Tibet. Mais d'autres défenseurs de la cause tibétaine ont une autre discours : le président du congrès de la jeunesse tibétaine, qui réclame l'indépendance du Tibet et non une simple "autonomie culturelle".
La réaction des grandes puissances, Etats-Unis et Union Européenne en tête, ont été très discrêtes : il ont simplement demandé au gouvernement chinois de faire preuve de "retenue" dans cette crise.
Ces violences au Tibet interviennent à cinq mois des jeux Olympiques de Pékin, et à deux ans de l'Exposition Universelle de Shanghai (prévue en 2010). Elles placent le gouvernement chinois, déjà sous pression sur le terrain des Droits de l'Homme et de la liberté d'information, dans une situation délicate.
Crédit images : © AFP STR pour la première, © AFP/Infographie pour la seconde
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LES COMMENTAIRES (1)
posté le 04 novembre à 14:46
Bonjour,
Je vous signales juste que votre carte ne représente que la Region autonome du Tibet, c'est à dire la moitié du Tibet (les cartes des populations chinoises elles meme revelent cet écart). Et oui, le "vrai" Tibet fait un quart de la Chine