(Jour J + 2) Ouf ! Préalable indispensable - mais bien évidemment insuffisant - pour aborder dans les meilleurs conditions la finale qui se jouera le 6 mai 2012 dans le bassin olympique de l’Elysée. Nous connaissons maintenant le nom des deux qualifiés : Nicolas Sarkozy - le tenant du titre depuis 2007 - et son challenger : François Hollande.
J’en profite pour tordre le cou une nouvelle fois à cette pure sarkonnerie sémantique que j’avais déjà épinglée : présenter Nicolas Sarkozy comme le challenger ! C’est l’inénarrable grosse tache facho - Guillaume Peltier, présenté comme la tête d’affiche qui monte, et je peux vous dire que celui-là, je n’en ai pas fini avec lui - qui avait ouvert le bal dans un chat du Monde : Le statut de challenger de Sarkozy est un atout incontestable (7 mars 2012) que j’épinglai bien évidemment en son temps dans un article au vitriol Carla B. et Claude G. futurs duettistes au Théâtre des Deux ânes ? (10 mars 2012).
Le challenger étant bien évidemment celui qui dispute le titre du champion lorsque celui-ci le remet en jeu. Sont-ils ignares ou cherchent-ils à embrouiller les électeurs ? Nicolas Sarkozy serait donc un candidat tout neuf dont on évacue ainsi le lourd et calamiteux bilan.
Stupidité reprise par Nathalie Kosciusko-Morizet dans une interview donnée à la Nouvelle République le 15 avril 2012 où elle opposait Sarkozy le " challenger " face à Hollande le " rentier " . Vous pensez bien que voyant tomber dans ma boîte un tel titre sur l’infolettres, j’allai ouvrir l’article dare-dare… Pour y trouver du lourd. Une petite attaque contre les sondeurs - ce reproche ne fait que croître aujourd’hui : « à une semaine du premier tour, les sondeurs nous disent qu’ils ne savent pas. Nicolas Sarkozy depuis le début fait une campagne de challenger contre le rentier des sondages, qui fait le moins possible campagne, pour faire le moins possible d’erreurs, comme on gère un capital »… Elle doit s’y connaître autrement que moi dans la gestion d’un capital !
Elle chantait également les louanges de Jean-Luc Mélenchon - l’idiot inutile du sarkozysme devenu la coqueluche de l’UMP - se disant frappée par « la dynamique chez Jean-Luc Mélenchon qui marque en creux le manque de dynamisme de la campagne de François Hollande » dont elle prétendait qu’il n’attirerait pas les foules…
Je ne suis pas assez versée dans les maths et la physique pour analyser avec autant de pertinence qu’elle cette dynamique - entendue stricto sensu comme "étude des relations entre les forces et les mouvements qu’elles produisent" - et s’il existe a priori des équations fort complexes (trop pour moi !) qui permettent d’en rendre compte, à l’évidence les lois de la dynamique électorale sont nettement plus aléatoires, dépendant d’artefacts que NKM - ni personne au demeurant - ne pouvait anticiper : ses liens avec Patrick Buisson, son déjeuner avec Henri Guaino, qui auront indubitablement apporté un sérieux coup de frein dans son électorat qui expliquent qu’il soit passé de quasi 15 % (il espérait d’ailleurs un peu plus) à un peu plus de11 %, laissant l’enviée 3e place à Marine Le Pen.
Le reste de l’article est à l’avenant : reprise au mot près de tous les poncifs sur l’éblouissante campagne de Nicolas Sarkozy. Dans le même ordre d’idées, sur un article de Nord-Eclair - qui me semble rouler pour Nicolas Sarkozy - une interview de Marc-Philippe Daubresse : « Si Hollande est élu, l’été sera meurtrier ! » … Ils ne font pas dans la dentelle ! « à une semaine du premier tour, il promet le pire à la France si elle choisit François Hollande». Air connu… L’ancien sous-ministre des solidarités qui fut souvent très critique à l’égard de Sarkozy doit espérer quelque sinécure ou poste de ministre en conséquence de quoi il a avalé tous les éléments de langage de l’Elysée qu’il recrache sans y ôter la moindre ligne : chef a dit !
Il restera à écrire le florilège des sarkonneries à l’issue de cette campagne… Du côté des femmes de l’UMP, entre Nathalie Kosciusko-Morizet, Nadine Morano, Valérie Pécresse, Valérie Rosso-Debord et Rachida Dati nous avons un véritable quinté gagnant, nous verrons plus tard pour l’ordre d’arrivée - Carla Bruni étant hors compétition, son palmarès étant suffisamment étoffé. La très féministe mémé Kamizole se demande comment Sarkozy fait pour choisir comme porte-parole - à l’aune de la sienne ! - des bonnes femmes assez stupides pour accepter d’ânonner avec autant de conviction et sans aucun état d’âme tous ces éléments de langage.
Je retrouve la même stupidité sous la plume d’Emmanuel Jarry dans une dépêche de Reuters Nicolas Sarkozy piégé par sa stratégie, challenger comme jamais (23 avril 2012), titre repris bien évidemment en chœur par un certain nombre d‘articles. Sur le fond, l’article est fort pertinent.
L’analyse des erreurs de la campagne axée sur les thèmes de l’extrême droite en espérant siphonner l’électorat du Front national comme en 2007 et qui s’avère bien comme « l’échec de la ligne Buisson », ainsi que la manière dont Sarkozy, l’UMP et ses fidèles chiens de garde entendent mettre à profit les 15 jours de l’entre-deux tours pour tenter de mettre François Hollande K.O. Cela ne fera pas pour autant de Nicolas Sarkozy qui remet son titre en jeu - pour le combat de trop ? - un challenger : sa ceinture est certes très mitée par son calamiteux bilan sur toute la ligne mais c’est bien lui qui est le tenant du titre qu’il remet en jeu.
Or donc, Nicolas Sarkozy et son entourage imaginent la campagne du second tour comme « un duel en forme de blitzkrieg - guerre éclair - tablant sur les qualités de débatteur de leur champion pour "débus-quer" les faiblesses de François Hollande ».
« A nous de le pousser très loin pour l'amener à cafouiller » dixit Jean-François Copé « cheville ouvrière de la campagne de Nicolas Sarkozy ». Repris en chœur par les comparses : « Hollande s’est planqué au premier tour, là, on va aller le débusquer» annonce Sébastien Huyghe qui n’a jamais guère brillé par l’intelligence de ses déclarations. « On va rentrer dans la partie de catch. La France est de droite » selon Christine Boutin… et comme elle, sans doute également ultra-calotine ?
Pour le catch - tous les coups et surtout les plus bas seraient permis - nous pouvons faire confiance à Sarkozy… S’il avait un nom de scène, ce serait sans doute « Le traître masqué » ! Quant à la France de droite, un des arguments en forme de massue asséné par Guillaume Peltier, calculette en main - pour supputer les reports de voix, notamment des électeurs du Front National envers qui Nicolas Sarkozy compte bien faire une retape du tonnerre de Dieu - « Jamais la droite n’a été aussi forte en France » je pense que ce blanc-bec aussi prétentieux que con comme un balai - qui s’est si souventes fois trompé dans ses prévisions que c’est un vrai régal de l’épingler ! - ne connaît rien à l’Histoire de France non plus qu’au poids électoral des droites… N'est pas René Rémond qui veut.
L’arithmétique électorale est une chose mais l’expérience et un peu d’intelligence apprennent que c’est autrement plus complexe et subtil. D’abord, et c’est une vérité qui mérite d’être soulignée, les candidats ne sont heureusement pas propriétaires des voix des électeurs. Au second tour, ceux-ci choisissent en fonction du candidat qui leur paraît le mieux susceptibles de représenter leurs intérêts les plus essentiels, consigne de vote ou non. Ils n’en font qu’à leur tête. Libre-arbitre. Ensuite, cela tient bien plus de l’alchimie que des mathématiques. Mais nous savons que Nicolas Sarkozy est un bien curieux alchimiste : capable de transformer en vil plomb l’or de tout ce qu’il touche…
En conséquence de quoi, dans la lignée d’on ne change pas une stratégie qui a foiré, il va continuer dans la même veine : à droite extrême toute… Lors même que la plupart des analystes remarquent qu’en axant prioritairement sa campagne du second tour pour tenter de récupérer l’électorat populaire de Marine Le Pen, il se coupe des électeurs de droite modérés notamment ceux qui ont voté pour François Bayrou…
Nicolas Sarkozy s’enferre irrémédiablement dans la stratégie qui lui avait permis de l’emporter en 2007 : prendre le maximum de voix au Front National tout en séduisant une partie des électeurs de gauche, classes moyennes et ouvriers : le fameux « travailler plus pour gagner plus », l’accent mis sur la « valeur travail », etc. Il semble incapable de sentir que la période n’est plus la même et qu’il s’est largement discrédité dans cet électorat en ne respectant pas ces promesses. Son bilan plaide au contraire contre lui et il aura beau essayer une fois de plus ce grand écart : luxation de hanche garantie !
Ainsi un de ces fameux conseillers - qui font bien de rester anonymes ! - donne-t-il l’axe de la campagne du second tour : « Si le total Sarkozy et Le Pen était en dessous de 42%, on était cuit : Le risque est que le second tour se transforme en un référendum anti-Sarkozy. Il faut qu’on le transforme en un référendum sur le droit de vote des étrangers. On va matraquer là-dessus pour que les électeurs du FN se tournent vers nous ». Sébastien Huyghe - pour qui « l’objectif est de reconquérir tous les électeurs » ajoutant « On va également parler aux électeurs de François Bayrou de la dette»… Luc Chatel mettant une lumineuse touche finale : « Il faut répondre à l’exaspération des Français, il va y avoir un vrai choix de société à faire »… Evoquant « le nucléaire, le droit de vote des étrangers et l’équilibre budgétaire ».
Mais comment diable peut-il être aussi con ? L’exaspération des Français est bien plus le résultat de la politique budgétaire - bonjour l’équilibre ! - économique, sociale et fiscale menée par Nicolas Sarkozy pendant les 5 années de sa présidence. Certes, les questions d’immigration et de la présence des étrangers en France auront pesé sur le choix des électeurs de Marine Le Pen. Je constate au demeurant que c’est en axant sa campagne sur ces thèmes plutôt que sur le plan économique contre la mondialisation et l’Europe ultralibérale qu’elle a repris du poil de la bête…
Perso, je ne fus nullement surprise de son score. Le précédent de 2002 nous ayant enseigné qu’un certain nombre d’électeurs du Front national ne se déclarent pas comme tels lors des sondages.
Mais, de mon avis, il s’en faudrait de beaucoup que l’ensemble des électeurs de Marine Le Pen accordassent leurs suffrages à Nicolas Sarkozy le 6 mai 2012, quand bien même ferait-il les pieds au mur, multiplierait les déclarations fracassantes en axant sa campagne contre les étrangers et la défense des supposées « valeurs de droite »… Les observateurs les plus avisés supputent que le report des voix se fera pour 1/3 en faveur de Nicolas Sarkozy, 1/3 en faveur de François Hollande et le dernier tiers s’abstenant. Ce qui semble relativement conforme à ce que l’on a pu constater lors de précédents scrutins.
Or, aussi bien Sarkozy que les membres de sa clique qui vivent aux antipodes des difficultés de la Planète pauvre, des préoccupations des smicards et des petites classes moyennes sont absolument incapables de comprendre que parmi l’électorat populaire de Marine Le Pen - ouvriers et employés, jeunes en difficulté, y compris certains étudiants - les difficultés économiques au quotidien : chômage et pouvoir d’achat peau de chagrin, peur de l’avenir, etc… pèsent au moins aussi lourd que leurs ressentiments à l’égard des étrangers… Ce n’est certainement pas les promesses économiques distillées par Nicolas Sarkozy tout au long de la première partie de sa campagne : « du sang et des larmes » non plus que sa soumission à l’égard de l’Europe et d’Angela Merkel - chiffon rouge devant un taureau ! - qui sont susceptibles de les rassurer quant à leur avenir.
Nicolas Sarkozy a demandé dimanche trois débats télévisés sur les questions internationales, économiques et sociales, et de société entre les deux tours, au lieu d'un comme c'est la tradition : « Nul n'aura le droit de se dérober (…) Le moment crucial est venu, celui de la confrontation des projets et du choix des personnalités » ce à quoi François Hollande opposa une fin de non-recevoir : « Il y aura un débat qui prendra le temps nécessaire. C'est la tradition de la Ve république. Ce n'est pas parce qu'il va mal qu'il faudrait changer la règle ».
Il faudra bien qu’il s’y fasse, le Sarko ! Il a tellement abusé de son pouvoir pour changer en permanence les règles de l’Etat de droit que cela doit lui faire tout drôle de ne plus être le maître du jeu en tant que candidat, fut-il encore président de la République. Le débat d’entre-deux tours c’est la "pesée" des champions. Le tenant du titre (Sarkozy) et son challenger (Hollande). Une seule avant le combat. Point barre.
Moment de spectacle. Selon les personnalités de l’un et de l’autre, certains roulent des mécaniques pour bien montrer leurs muscles et usent de déclarations fracassantes, espérant écraser ainsi leur adversaire avant même le combat, d’autres se tiennent dans une réserve plus prudente préférant garder leurs arguments frappants et sans doute autrement efficaces par leur sobriété pour l’heure cruciale.
Lors du combat, j’imagine fort bien Nicolas Sarkozy usant ses forces en frappant dans tous les sens, avec force moulinets dans le vide, jusqu’au moment où il sera acculé dans les cordes. François Hollande ayant préservé ses forces jusque là pourra alors aligner de bonnes séries de directs (du gauche de préférence ! mais savoir frapper des deux poings est un atout), de crochets suivis d’un uppercut en pleine face ou dans le buffet. Jamais en dessous de la ceinture, coup interdit auquel ne répugnera jamais un Sarkozy.
Je ne sais s’il vous en souvient mais l’argument de la campagne en forme de blitzkrieg fut déjà le gimmick avancé pour l’entrée en campagne tardive de Nicolas Sarkozy qui devait tout emporter sur son passage… Nous devions aller de surprises en surprises - un "véritable chapelet" selon une inepte déclaration qui me fit bien rire.
Malheureusement pour eux « l’art de la guerre » ne s’invente pas sur un bout de table et jusque là le généralissime et ses sous-fifres nous ont apporté l’indéniable preuve que toutes leurs stratégies et autres tactiques à la petite semaine ont lamentablement foiré les unes après les autres, leurs plans mirobolants ayant constamment été déjoués par une chose essentielle qu’ils sont tous autant incapables d’apprécier à sa juste valeur : la réalité du terrain. En l’occurrence, l’incommensurable ras-le-bol d’une grande majorité des Français. Qu’on lui donnât le nom d’antisarkozysme qui les défrise tant ne change rien à sa nature.
S’ils avaient quelque culture historique - mais cela se saurait - ils n’oublieraient pas qu’en lançant - trop tardivement - l’Opération Barbarossa : l’envahissement de l’URSS par les troupes allemandes, également conçue comme blitzkrieg avec l’avancée fulgurante des blindés Hitler connut un cuisant échec… Staline avait fait déménager toutes les industries bien plus loin à l’Est et quand les Allemands arrivèrent à Moscou, la ville était en flammes. Répétition de l’Histoire : Napoléon s’y était cassé les dents et les troupes d’Hitler connurent de nouveau une sorte de Bérézina : ils assiégèrent en vain la courageuse Stalingrad pendant de très longs mois avant de subir un échec retentissant. Puisse cette ultime campagne être la Bérézina et la Stalingrad du mauvais stratège Nicolas Sarkozy !
Mais que connaissent-ils de la France, de cette vraie France où nous vivons pour le meilleur et hélas ! trop souvent à cause d’eux, le pire ? Rien ! Strictement rien. Images d’Epinal d'une France Potemkine qu’ils survolent en jet ou parcourent en voiture, des motards leur frayant le passage à toute allure. Ils ne rencontrent que des militants et sympathisants de l’UMP, voire des figurants postés le long du parcours des voitures officielles…
Ensuite de quoi, Jean-François Copé pouvait bien assurer le 20 avril 2012 « On sera en tête ». Réconforté parce qu’il sentirait un "engouement inouï" pour Sarkozy (Le Monde du 21 avril 2012) « Il se passe un truc Je ne m'explique pas ce décalage entre ce que l'on voit dans cette campagne et les sondages »… Haro sur les sondeurs ! Si Sarkozy pouvait les aligner sur le peloton d’exécution : « visez le cœur ! » et autre gimmick à la mode « Tout d'un coup, on va devenir sérieux, il va y avoir une gravité des enjeux, les masques vont tomber (…) A partir de lundi, il n'y a plus de Poutou, il n'y a plus de tout ça, ils sont tous les deux, et c'est beaucoup plus compliqué pour Hollande ».
Pauvre Poutou ! Victime emblématique parmi les 9 candidats antisarkozystes voués aux gémonies par Sarkozy et sa bande ! Pourquoi lui - qui s’est révélé fort sympathique au demeurant car il ne pratique nullement la langue de bois et n’est pas un politicien - plutôt que François Bayrou, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon voire Nicolas Dupont-Aignan qui ne mâcha pas ses critiques à l’égard de Nicolas Sarkozy ?
Pour la petite histoire, je déjeunai hier avec mes voisins du dessous et bien évidemment, la conversation porta essentiellement sur les résultats du premier tour. Ils me parlèrent d’un personnage très suffisant - ancien facho et prétendu spécialiste ès sondages de l’UMP - qui était intervenu dans un des débats qu’ils avaient suivis à la télévision, prétendant que Sarkozy conservait toutes ses chances de l’emporter… et dont-ils n’avaient pas retenu le nom. Je séchai comme eux quelques secondes mais d’une courte investigation dans mes neurones et synapses jaillit la lumière : Guillaume Peltier. Bingo !
Je me gausse encore plus aujourd’hui en relisant cette affirmation de Guillaume Peltier : « Jusqu'au 22 avril, tout est encore possible. Les derniers chiffres des instituts, hier, donnent des écarts de 2 à 3 points entre François Hollande et Nicolas Sarkozy. Par exemple, le CSA donne 30 % pour le premier, et 28 % pour le second. La première place, c'est l'enjeu clé du premier tour de l'élection présidentielle, et rien ne sera définitif avant le 22 avril (…) Nous sommes déjà dans la marge d'erreur, et si l'élection présidentielle avait lieu dimanche prochain, Nicolas Sarkozy pourrait déjà prétendre à la première place » ! Déclaration du... 7 mars 2012.
Pour la première place, c’est évidemment râpé. Il restera à savoir si l’offensive - la guerre à outrance - telle que prévue par Nicolas Sarkozy et l’UMP qui prépare « une campagne effrenée » (Le Figaro 22 avril 2012) comme nous l’apprend Judith Waintraub : « Le parti de Nicolas Sarkozy table sur l'omniprésence médiatique du président-candidat » aura l’effet escompté sur l’opinion publique - notamment l’électorat frontiste qu’il s’agit d’aller chercher… Avec les dents ? Comme suggérait MAM avant le second tour - ou si bouffer du Sarko "matin, midi et soir" comme il est de leur intention, ajoutez-y le 4 heures et medianoche... ne donnera lui pas plutôt une sérieuse indigestion. Non tropo, connais pas !
Enfin, Nicolas Sarkozy qui ne peut s’empêcher de marquer François Hollande et tous ses adversaires de gauche à la culotte - sans oublier les syndicats, la nouvelle bête noire ! - vient d’improviser un nouveau grand rassemblement le 1er mai sur le Champ de Mars (Dieu de la guerre !) pour réunir ses partisans autour du « vrai travail » (Europe 1).
Contre le 1er mai traditionnel des organisations syndicales… Les militants et tous ceux qui adhèrent à leurs valeurs - et à fortiori leurs représentants - ne sont pas de vrais travailleurs qui connaissent des difficultés mais sans doute des planqués. Tout le monde ne peut pas bouffer au Ritz, hein ? Il va donc célébrer « La fête du travail, mais la fête du vrai travail, de ceux qui travaillent dur, de ceux qui sont exposés, qui souffrent, et qui ne veulent plus que quand on ne travaille pas on puisse gagner plus que quand on travaille ». Ses habituels arguments contre les "assistés" et autres "salauds de pauvres".
Voilà-t-y pas que Nicolas Sarkozy se penche sur la "France qui souffre" (Dépêche Reuters 23 avril 2012) sans nul doute avec toute l’infinie compassion dont il est capable ! Il y aura mis le temps : 5 ans… Et cet appel n’est pas lancé de n’importe où : Saint-Cyr-sur-Loire, dans la banlieue de Tours. Je ne sais s’il vous en souvient mais c’est déjà dans cette ville que c’était tenue l’hallucinante réunion des ténors de l’UMP, destinée au lendemain de la désignation de François Hollande, à éplucher les propositions du candidat. Un mélange de « Juste prix » et « Combien ça coûte » sur fond de bruit de tiroir-caisse. Summum du bon goût.
Le choix du lieu ne doit rien au hasard. Il s’agit de soutenir la candidature de Guillaume Peltier aux législatives de juin. Car celui-ci souhaiterait ravir la place à Germain, député-maire socialiste de Tours… tu parles ! Comme si les Tourangeaux allaient préférer cet imbécile issu de la droite extrême. Ils ont déjà subi Jean Royer, maire ultra-réac pendant de fort longues années. Fréquentant suffisamment Tours, une ville que j’aime beaucoup, j’en entendis parler - pas en bien - pendant toutes mes années d’adolescence et de jeunesse.
MERDALOR ! J’ai sans nul doute travaillé - y compris la nuit - beaucoup plus que Nicolas Sarkozy sans jamais chipoter sur mes efforts. Je connais, pour avoir été pendant 6 ans infirmière en usine, le dur labeur des ouvrier(e)s de l’industrie. J’ai vu également nombre d’infirmières ou d’aides-soignantes en fin de carrière, totalement usées qui avaient encore 5 ans à tirer. C’est même à pleurer de rage quand l’on sait que précisément Nicolas Sarkozy s’est opposé à une retraite un peu anticipée des salariés qui avaient connu des « carrières longues » - débutées entre 14 et 18 ans, et qui avaient cotisé un nombre suffisant de trimestres.
Les chômeurs - plus de 4 millions aujourd’hui - ont sans doute fait exprès d’être privés d’emplois. Pour écouter ou lire force témoignages, je sais que le plus grand nombre accepte aujourd’hui n’importe quel job, même en dessous de leur qualification. Mais dans certaine régions ou bassins d’emplois - j’en parle en connaissance de cause, une de mes amies y est confrontée - quand il n’y a rien… que les yeux pour pleurer.
J’ai 64 ans et cela fait bien plus de 50 ans que je m’intéresse à la politique. De mémoire - et la mienne est particulièrement bonne - je n’ai pas souvenir d’un président de la République ou d’un responsable politique de droite qui ait fait preuve d’un tel cynisme et se fût mêlé d’organiser une contre-fête du 1er mai pour ne s’adresser - comme à la Concorde - qu’à ses seuls partisans. A franchement parler il me donne la nausée.
N’en déplaise à cet inculte notoire qui a la prétention de faire tabula rasa de tout ce qui exista avant lui, le 1er mai n’est pas une fête franco-française destinée à le faire chier mais cette tradition tire son origine de la victoire des syndicats américains qui ont obtenu la journée de 8 heures le 1er mai… 1886, devenue ensuite la « fête des travailleurs » dans la plupart des pays.
Nonobstant le « pont » ainsi que les vacances, j’espère grande affluence dans les cortèges pour que "notre" 1er mai soit une réponse en forme de magistrale gifle à l’encontre de cette pitoyable magouille - j'espère que le Parti socialiste participera comme ces dernières années aux cortèges - en attendant un non moins formidable coup de pied au cul le 6 mai 2012 dans les urnes : Dégage ! On tire définitivement la chasse sur 5 ans de sarkozysme réel…
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Crédit photo : dessin de Pierre Ballouhey