On parle peu des électeurs de Jean-Luc Mélenchon. On les présente en général comme des citadins, employés du secteur public, mais dans plusieurs départements, le candidat du Front de Gauche est arrivé en tête dans des villages dans lesquels les fonctionnaires et les catégories intermédiaires ne doivent pas être très représentés. C'est le cas dans le Gard gagné par Marine Le Pen (encore qu'un examen de la carte montre que le Gard cévenol et protestant est resté à gauche) où il est arrivé en tête dans une quinzaine de villages, dans l'Allier, dans les Alpes de Haute-Provence, dans les Hautes-Alpes (département dont deux villages ont mis, autre curiosité, Eva Joly en tête), en Ardèche, dans l'Aude et le Cher, en Corrèze, en Corse du sud, en Dordogne, en Lozère, en Savoie, dans les Pyrénées orientales, en Haute-Vienne… Il s'agit, en général de tous petits villages que l'on trouve, à quelques exceptions près, dans un grand quart sud-est de la France.
Mélenchon n'arrive en tête que dans trois communes plus importantes, deux dans les Bouches du Rhone (Port de Bouc et Port Saint-Louis du Rhône) et à Gonfreville, en Seine Maritime, ville dont tous les habitants ont accès gratuitement au haut débit. Trois villes situés à proximité d'un grand port dans lesquelles la tradition communiste est certainement restée vivace. Ce qui n'est probablement pas le cas des bourgades dans lesquels il a viré en tête. Et comme a priori rien ne distingue ces villages de leurs voisins, il faut chercher une explication ailleurs.
Une hypothèse : la présence d'une figure locale, élu, militant plus actif qui a su convaincre ses voisins. Hypothèse que pourrait confirmer le fait que lorsqu'il y a dans un département plusieurs villages qui ont voté Mélenchon, ils sont en général mitoyens. Cela voudrait en tout cas dire que la politique ne se fait pas qu'à la télévision et dans les médias.