En vue du deuxième tour, le Président candidat a désigné les responsables et coupables selon lui des difficultés de la France : Syndicats, titulaires des minima sociaux, chômeurs et émigrés. Les mêmes cibles qu'en ... 1940 !
En 1987, Michel Noir, à l'époque député maire RPR de Lyon, jetait un pavé dans la marre politique en publiant une tribune dans laquelle il écrivait : « qu'il valait mieux perdre une élection que son âme ... » pour rejeter toute connivence avec le Front National
C'est cette vision que Chantal Jouanno, entre autre, explique en 2012. Elle dit : « (...) craindre que la droitisation ne soit qu'un mirage douloureux (...) Dans les prochains jours, j'appelle de mes vœux un discours beaucoup plus équilibré dans le choix des thèmes de campagne et dans les mots utilisés (...) »
Droitisation qui si elle devait se confirmer ne ferait qu'accréditer l'idée brandie de longue date par Jean-Marie Le Pen à savoir qu'un jour : « les électeurs préféreront un jour l'original à la copie »
Droitisation qui devient pourtant la tasse de thé du Président candidat bien aidé en cela par ses « experts » Patrick Buisson et Guillaume Pelletier, qui sont vraisemblablement, l'un ou l'autre, à l'origine de la dernière provocation qui consiste à tenir meeting le 1er Mai ... pour fêter le « vrai travail ».
Ce qui fait écrire à Thierry de Cabarrus : « Ce qu’il veut, c’est marquer les esprits, diviser les Français, provoquer la gauche, et surtout, surtout, attirer l’attention des révoltés, des frustrés, des déçus de son camp, récupérer coûte que coûte ceux qui avaient cru à ses promesses, qui se sont sentis trahis par lui et qui ont choisi de voter Marine Le Pen (...) »
Cette droitisation qui semble de plus en plus prendre ses racines dans une idéologie qu'on croyait pourtant disparue, celle de la révolution nationale chère à Philippe Pétain. Extraits de son discours au peuple français du 11 Octobre 1940.
« (...) Seuls le travail et le talent deviendront le fondement de la hiérarchie française. Aucun préjugé défavorable n'atteindra un Français du fait de ses origines sociales, à la seule condition qu'il s'intègre dans la France nouvelle et qu'il lui apporte un concours sans réserve (...) Tous les Français, ouvriers, cultivateurs, fonctionnaires, techniciens, patrons ont d'abord le devoir de travailler, ceux qui méconnaîtraient ce devoir ne mériteraient plus leur qualité de citoyen (...) Les organisations professionnelles traiteront de tout ce qui concerne le métier, mais se limiteront au seul domaine professionnel. Elles assureront, sous l'autorité de l'État, la rédaction et l'exécution des conventions de travail (...) Elles éviteront enfin les conflits, par l'interdiction absolue des « lockout » et des grèves, par l'arbitrage obligatoire des tribunaux de travail (...) »
Pour mémoire : Un an plus tard, nous rappelle Gilles Devers sur son blog : « L’activité des syndicats nationaux était suspendue, et leur biens saisis. Alors, Pétain avait les mains libres pour recréer à sa façon une fête du travail et de l’unité du pays, le 1° mai devenant « la fête du travail et de la concorde sociale (...) »
Beaucoup répondront que le but de Nicolas Sarkozy n'est pas de faire disparaître les syndicats et que, ses (trop) nombreux propos opposant les petites gens aux titulaires des minima sociaux ou au chômeurs, ne sont qu'un leurre destiné à attirer les électeurs de Marine le Pen.
Ce qui revient, vous en conviendrez, à risquer de perdre son âme pour gagner une élection et finalement expliquer aux électeurs que l'original vaut largement la copie. Français, à vous de voir si vous souhaitez vraiment ouvrir la boîte de Pandore !
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Musée virtuel de la Résistance