Les médias dominants s'étonnent du score élevé de l'extrême droite sans s'interroger sur leurs propres responsabilités.
Pourtant, un an et demi durant, tous ont succombé à l'entreprise de séduction et de relooking du FN, d'autant plus que Sarkozy et sa bande ont banalisé l'idéologie de la préférence nationale.
Combien d'articles, de dossiers et de photos au contenu quasiment people, et bien entendu d'interviews de connivence de l'héritière ont dédiabolisé le FN et façonné une image respectable ?
Les deux dernières semaines, les mêmes se sont risqués à lui accorder des unes flatteuses et racoleuses, ainsi que des articles complaisants, parfois même sur la base de sondages bidonnés ou sur des calculs statistiques erronés.
N'oublions jamais la collaboration active des médias dominants à la montée du Front national, en particulier Libération et le Nouvel Observateur . La Une du Monde en date du 24 avril 2012, édito et photo, est un modèle du genre !
Si elles étaient dotées d'un minimum de conscience professionnelle les rédactions desdits médias devraient d'abord se remettre en question, puis examiner avec sang-froid et objectivité le score historiquement élevé du Front national en 2012.
En comparant les présidentielles de 2002 et de 2012, l'évolution de l'extrême-droite appelle 3 remarques :
- progression dans les zones rurales traditionnellement acquises à la droite classique où le FN réalise pour la 1ère fois des scores à deux chiffres : les réformes sarkozistes ont durement frappé ces territoires, jusque-là relativement épargnés, avec la disparition de services publics de proximité, de petits commerces et d'exploitations agricoles.
- régression dans les zones urbaines et péri-urbaines où le FN régresse en moyenne de 20 à 10 %, notamment à Saint-Denis, Grigny ou Vaux-en-Velin. Il baisse également de quelques points à Lille, Lyon, Marseille, Strasbourg ou Toulouse. Dans ces territoires, le Front de gauche a effectué une percée significative qui a fait barrage à un raz-de-marée lepéniste au niveau national.
- enracinement dans le nord, le sud et le grand est en raison des errements du socialisme local sur fond de corruption et de notabilisation, de la radicalisation de la droite et de la désindustrialisation.
Certes, l'extrême droite n'a jamais autant recueilli de voix, mais en termes de pourcentage, elle recule sensiblement par rapport à 2002, passant de 19.2% ( Le Pen 16.86 + Mégret 2.34) à 18,1 % en raison d'une abstention moins importante.
Aussi, nous pouvons en tirer quelques enseignements :
- 1: plus la participation est forte, moins l'extrême-droite pèse. Le haut niveau de participation prouve que la majorité du peuple est farouchement hostile au Front national.
- 2 : dans un contexte national et européen encore plus favorable en 2012 qu'en 2002, avec 10 ans de régression sociale infligée par la droite, la banalisation des idées de préférence nationale, la zone euro qui est passée de l'euphorie à la crise, et la montée de l'extrême droite et la radicalisation de la droite dans toute l'UE, le FN est malgré tout contenu.
- 3 : la présence militante du Front de gauche a été utile à la République.
Jusqu'où serait monté le Front National sans la lutte entreprise par le front de gauche ?
En assumant ses valeurs humanistes et en défendant un programme de transformation sociale, le Front de gauche a fait régresser le Front national dans les grandes villes et les banlieues ouvrières.
Démonstration est faite que le Front national n'est pas une fatalité. Le Front de gauche va devoir s'implanter et lutter dans les campagnes et dans les bastions du FN puisque la droite classique et le PS s'en accommodent opportunément avec le vote utile...
Résistance !