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Bonjour à tous,
(suite de l'article commencé Mardi 11 !)
Bon, on est samedi soir, Overblog plante à mort... mais bon, je persiste car j'avais envie de partager avec vous quelques bribes de mes journées d'hier et d'avant-hier, puisqu'elles rebondissent sur le début de cet article...
Donc, vendredi matin, je suis partie à l'assaut du Salon du Livre de Paris...Autant dire dans l'arène des fauves puisque c'était le premier jour du Salon, envahi de classes d'enfants colorées, débraillées, aux yeux émerveillés et aux gros sacs pleins de livres glanés. Quelle sensation vertigineuse et délicieuse de se sentir dans le ventre du Livre...d'avoir ainsi l'infime et audacieuse illusion de faire partie d'une page bruissante, dans la cohorte avide des exposants et des promeneurs.
J'avais repéré en décortiquant le programme deux débats auxquels je tenais à assister ce jour...
Le premier nous apostrophait ainsi: La polémique du jour: « La poésie, on sait pas ce que c'est / Mais on la reconnaît quand on la rencontre »(Jean L'Anselme).
Débat animé par Jean-Pierre Siméon, directeur artistique du Printemps des Poètes (A poèmes ouverts, chez Seuil), avec Israël Eliraz, poète israëlien (Août, à la limite des choses perdues, chez Corti), Guy Goffette (collection Enfance en poésie chez Gallimard), Linda Maria Baros, poète roumaine et Christophe Carraud, le directeur de la revue Conférence. ...Assise pas trop loin des intervenants, bien au milieu pour ne pas en perdre une miette, je me suis régalée de leurs réparties, lectures, attitudes. J'ai été séduite par l'éloquence presque emphatique de Goffette, l'aisance chaleureuse et bourrue de Carraud et la courtoisie bon enfant de Siméon, tandis que les vers traduits de l'hébreu de Eliraz emplissaient mes oreilles et que les mots méticuleux des poémes de Baros fendaient le public...
Lorsque le micro a pu circuler pour un temps de convivialité et de questions réponses, je ne me suis pas faite prier pour participer et mesurer tout aussitôt la désespérante fadeur de ma propre inconsistance face à ces personnages !
Deuxième débat qui m'avait fait lever de bon matin...: Je blogue, tu blogues, nous bloguons...
Débat animé par Karine Papillaud, journaliste; avec la participation de blogueurs reconnus, Gilles Cohen-Solal, des Editions Héloise d'Ormesson, Serge Roué, Laurence Thurion et Lorenzo Soccavo. J'avoue avoir été moins emballée par la prestation des intervenants de ce débat d'actualité au titre accrocheur mais au contenu sans véritable cohésion; blogueurs professionnels ou privés, connus et méconnus, chacun restant sur son quant a soi, sans complicité ni effort pour paraître heureux d'être là...Il faut dire que le public n'avait pas rempli la salle et cela devait les vexer...! Mais, je reste époustouflée par la virulence méprisante des propos de Cohen-Solal, fidèle à son personnage d'ours mal léché de l'édition...! Chacun semblait ravi de clamer son indifférence envers les réponses reçues à ses billets publiés, prétendant n'écrire son blog perso que par envie personnelle et non dans le but de communiquer ou partager ou rencontrer et encore moins échanger avec des inconnus importuns et souvent inintéressants, aux commentaires insipides et truffés de fautes d'orthographes insupportables ...!!!
Je ne me suis pas gênée là encore pour prendre la parole sur différents sujets et les interroger pour finir sur leur regard et avis sur l'édition numérique, question que j'avais également posée aux intervenants du premier débat, beaucoup plus bienveillants, compréhensifs et conciliants sur ce sujet à la mode.. Mais là, je n'ai pas été décue du voyage !
Aujourd'hui samedi, direction La Maison de la Poésie de Guyancourt qui organisait, dans le cadre du Printemps des Poètes, des rencontres, expositions, interventions débats et lectures.
D'abord, lectures itinérantes de poésie, dans la Médiathèque de la ville, organisées sous la houlette d'un comédien Laurent Boulassier et mises en scène avec la complicité joyeuse des bibliothécaires. Mots étrangers, mots offerts pour un moment de partage, autour de la collection bilingue des éditions Cheyne. Puis elles m'ont proposée de lire au micro quelques uns de mes textes, ce que j'ai fait, plutôt intimidée puisque ce n'était pas prévu, après avoir effectué une rapide sélection au débotté dans mes recueils...
Toute la Médiathèque était une immense exposition de textes courts affichés partout, déposés sur les tables, sièges, roulés en boule au sol, scotchés aux vitres aux murs aux étagères...On marchait sur des poèmes, shootait dans des boulettes de mots, ondulait au rythme des affiches poursuivant le regard dans les couloirs, escaliers, fenêtres...Comme une frénésie fantastique de phrases ciselées, de citations choisies et de talents à découvrir !
Ensuite, rencontre avec quatre écrivains publiés chez Cheyne, Isabelle Pinçon, Christiane Veschambre, Eric Ferrari et Patricia Castex-Menier, qui nous ont fait découvrir leur travail en lisant des extraits choisis avant de répondre aux questions du public. Cette séance de lecture croisée étant chaleureusement animée par Jacques Fournier, le souriant directeur de la Maison de la Poésie.
Moment de grâce recueillie, suspendue aux lèvres des auteurs scandant leurs propres mots avec tendresse et habileté. Silence délicieux et attentif dans le public.
J'ai soupiré de la beauté des textes, essentiellement de la poésie en prose, certains inédits encore, d'autres épuisés, d'autres réédités, mais tous magnifiquement purs.
... La Poésie est bien vivante, vibrante, magique et vierge...
Et, moi, elle me fait du bien, elle me rend heureuse, elle me rapproche de l'essentiel.
Voilà, je rentre l'esprit serein et le coeur plein de ces nouveaux sons déroulés en une sarabande printanière sur ce samedi pluvieux, la tête remplie de ces phrases nouvelles aux tonalités variées qui ont touché ma sensibilité de leurs mots uniques.
Au plaisir de vous lire très vite,
Claire
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