Nouvelle donne politique, nouvelles réponses idéologiques. Il faudra pour terrasser l'hydre FN autre chose que du réchauffé. Nicolas Sarkozy et François Hollande ont tous deux, à un moment donné, affiché la volonté de maîtriser la finance. Les grands discours du président sortant sont restés lettres mortes. Ce que l'un n'a pas fait, l'autre le pourra-t-il ? En promettant de dominer la finance, François Hollande met ses pas dans ceux du collectif Roosevelt 2012 qui comme le président américain du même nom estime que pour renouer avec l'espoir, il faut rétablir la domination de la finance par la démocratie.
Clin d'œil de l'histoire, le collectif Roosevelt 2012 rappelle dans son manifeste que lorsque Roosevelt arrive à la Maison-Blanche en 1933, il succède à Hoover dont le surnom était "do nothing" (il parle mais ne fait rien). La situation des Etats-Unis est alors catastrophique avec 14 millions de chômeurs et l'effondrement de la production industrielle. Par son volontarisme et l'adoption rapide de réformes majeures Roosevelt réussira néanmoins à sortir en seulement quatre ans son pays de l'ornière.
La situation européenne et française appelle aujourd'hui un sursaut identique. Face à la résignation mère de toutes les dérives doit naître un espoir, une espérance dans une capacité politique à reprendre la main sur le cours des choses. Faute de cette perspective, le socle démocratique de nos sociétés européennes ne pèsera pas lourd.
Derrière l'élection présidentielle française se dessine cet enjeu. Nicolas Sarkozy a beaucoup parlé mais peu agit contribuant ainsi à décrédibiliser la parole politique. Acculé, le président sortant mais aussi François Fillon et Alain Juppé en sont réduits à agiter le vieux chiffon de la menace extérieure en prédisant des "turbulences redoutables" pour l'économie française et la zone euro si François Hollande est élu. Ce à quoi François Hollande réplique en renvoyant le président-candidat à son bilan. "Le mur d'argent, il a frappé le candidat sortant. Ce mur qu'il n'a pas su abattre puisqu'il a cédé à chaque étape. Il a fait une politique d'austérité sans avoir les bénéfices que les marchés lui promettaient"
"Ce que je veux, c'est que nous montrions, la France, mais aussi l'Europe, une capacité commune à dominer la finance", estime François Hollande qui met ses pas dans ceux de Roosevelt qui affirmait ne pas vouloir rassurer les marchés financiers mais les dompter.
Le candidat socialiste lui n'entend pas revenir sur sa volonté de renégocier le traité budgétaire européen "pour le compléter, l'améliorer sur le dispositif de croissance". Une révolution de velours qui ne dit pas son nom car la sortie de crise française passe par un cadre européen revisité. Façon Roosevelt justement, le candidat socialiste verrait d'un bon œil que l'Europe puisse emprunter pour "engager des travaux immédiats sur les infrastructures, sur le développement des énergies nouvelles, sur un certain nombre de projets industriels".
Ce que les français attendent justement avec beaucoup de bon sens, c'est un coup d'arrêt à trente années de laisser faire dont ils mesures quotidiennement les conséquences et la mise au placard du concept illusoire d'autorégulation des marchés. Somme toute, la Corrèze avant le pèze.
crédit photo : Benjamin Boccas