PARIS, FRANCE. Alors que le second tour de l’élection présidentielle s’annonce difficile pour le Président sortant, devancé par le candidat socialiste François Hollande et concurrencé par le Front National, son équipe travaille à élaborer une stratégie capable de rassembler une majorité de Français derrière son nom le 6 mai.
Selon nos informations, ses conseillers auraient décidé de tenter le tout pour le tout, et notamment d’introduire un ou plusieurs nouveaux slogans de campagne. « Il s’agit de bien montrer qu’une nouvelle séquence commence, que l’on est plus dans la compétition d’écuries partisanes, mais dans un grand choix de société pour la France », explique un membre de l’équipe de campagne.
Comment trouver des mots d’ordre mobilisateurs, originaux et susceptibles de réaliser un électrochoc dans l’opinion ? « Dans ce cas, il faut chercher des mots simples, directs, qui traduisent en toute sincérité le projet politique de celui qui les prononce », nous explique Dietmar Ben Ali, professeur de linguistique opérationnelle à l’École Pratique des Hautes Études Supérieures. Un premier pas a déjà été fait dans ce sens avec l’annonce d’une « fête du vrai travail » le premier mai. Mais d’autres vont rapidement suivre, selon l’entourage du candidat. « Nicolas défend le travail, mais aussi la liberté, c’est une évidence. Alors pourquoi pas : « le travail rend libre » ? D’ailleurs, il avait déjà testé ce mot d’ordre lors d’un discours. »
Toujours selon notre source, cette hypothèse de travail ne convainc pas tout le monde au siège de campagne, et d’autres slogans seraient testés en parallèle. « Dans la continuité de la fête du vrai travail, nous réfléchissons également à « Le vrai travail, la vraie famille, la vraie patrie », parce que Nicolas Sarkozy, ce n’est pas l’assistanat, mais ce n’est pas le PACS et la France des métèques non plus », explique-t-il. Les brainstormings intenses continuent à s’enchaîner au siège de campagne et les suggestions alternatives ne manquent pas. « Nicolas Sarkozy est le candidat du peuple. Alors pourquoi pas « Un peuple, un État, un chef » ? De même, pour le défilé du premier mai, un « Salut Sarkozy ! » à crier ensemble avec une petite chorégraphie sympathique bras levé, une sorte de clin d’œil façon lipdub pour montrer notre attachement au président. Les socialistes n’ont pas le monopole du signe du changement », s’enthousiasme notre interlocuteur.
« Ce sont de bonnes idées, parce qu’elles ne parlent pas uniquement à une partie de la population », approuve Dietmar Ben Ali. « L’erreur pour Sarkozy serait de ne s’adresser qu’à l’électorat du Front National, en cherchant des mots faisant explicitement référence au corpus idéologique lepéniste. Alors que l’attachement au chef, le triptyque travail-famille-patrie, cela parle à l’ensemble des Français sans exclusive, ce sont des mots d’apaisement, de rassemblement, avec une grande profondeur historique. Cela renvoie aux fondements même de notre civilisation, aux grandes maîtres de spiritualité ».
Une stratégie qui désoriente cependant quelque peu les jeunes militants. « A force de trop tendre à gauche, on va complètement perdre notre électorat de droite », s’inquiète Jordan, la vingtaine, portant un tee-shirt humoristique « Toutes les civilisations sont égales … mais certaines plus que d’autres ». Verdict le 6 mai prochain.
Reportage réalisé par Romain Pigenel pour l’Agence de Presse Variae