Le Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FQRSC) a dévoilé aujourd’hui l’identité du récipiendaire de la Chaire de recherche sur le jeu responsable. Bref, dès septembre 2011, c'était un secret de polichinelle parmi les chercheurs.
Depuis quelques années, l’industrie du jeu essaie de blanchir son financement de la recherche en se collant sur tout processus, public si possible, pouvant se réclamer de l’expression reconnu par ses pairs. L’expression était bien en évidence dans l’appel d’offres.
Dans les universités au travers le monde, les chercheurs financés par les cigarettiers sont l’objet de critiques sévères par leurs pairs parce que, pour obtenir ces subventions, on doit, à toutes fins pratiques, se vendre carrément à des compagnies mises au ban de la société pour le peu de respect qu'ils manifestent à l'égard de la santé de leur clients. En 2006, un article de la publication info-tabac a eu des répercussions considérables au Québec pour généraliser cette attitude.
Toutes les entreprises exploitant des produits addictifs sont confrontées à cette pression qui leur fait perdre d’excellents chercheurs. L’industrie du jeu y échappe de moins en moins. Au Québec, depuis plusieurs années, on constate bien l’antagonisme entre les chercheurs financés publiquement et les chercheurs financés par Loto-Québec ou ses filiales indépendantes, ou … Peu importe le détour, personne n’est naïf de l’orientation réelle des fonds.
Il y a aussi l’arrêt Daubert qui se profile derrière le besoin de blanchir le processus d’attribution des fonds de recherche. Pour des motifs de protection judiciaire, l’industrie a besoin de contrôler une chorale d’experts … mais ne pas avoir l’air de la contrôler. L’objectif déductible est que les seuls témoins experts reconnus par les tribunaux soient ceux financièrement dépendants de l’industrie addictive.
Si on arrête le niaisage, on peut simplement percevoir l’intérêt de Loto-Québec à subventionner les Belles-sœurs de la recherche sur l’alcool dans l’espoir que Loto-Québec finisse par provoquer moins de vagues socio-judiciaires … un peu comme la Société des Alcools du Québec y parvient présentement. C’est du marketing, pas de la science. En ce sens, c’est un peu décevant que le FQRSC ait participé à blanchir des travaux certainement plus orientés à convaincre des juges qu'à chercher une vérité scientifique.
Photo : Julien Bertrand