La Coupe du Monde ne sera sans doute jamais brandie par un capitaine Gallois, en tout cas pas dans les prochaines décennies. Pour les Diables rouges et leurs supporter, le Graal est plutôt à chercher du côté du Tournoi.
Et ce soir, ils sont parvenus à le décrocher, avec une cinquième victoire pour autant de rencontres. La "finale" des six Nations, qui ne se jouait vraiment pas sur terrain neutre, a débouché sur une victoire qui ne souffre aucune contestation, comme en témoigne le score très à l'avantage des Gallois. Pourtant, on ne pourra pas s'empêcher de penser que le "planchot" ne reflète pas tout à fait la physionomie de la rencontre.
En effet, les Français ont sans doute réalisé leur meilleure performance depuis le début de la compétition, soutenant parfaitement la comparaison avec leurs adversaires, bizarrement assez peu inspirés pour créer des brêches dans la défense tricolore. L'équipe galloise a, globalement, adopté une tactique fondée sur une pression défensive très forte (rush défense) sur l'ouvreur et les lignes arrières et une recherche du contre davantage que sur des offensives construites. A cet égard, le premier essai Gallois, celui qui fera basculer la rencontre dans le camp du poireau, est le fruit d'une passe mal assurée de Skréla alors que les Français lançaient une attaque assez intéressante. Comme contre l'Angleterre, comme face à l'Italie, les Gallois ont su profiter (et provoquer, reconnaissons le) des fautes de main (ou de pied) adverses. Et jusqu'à se contre fatal de la 60ème minutes, les Gallois ne donnaient pas vraiment l'impression de dominer son sujet, tant la défense Française semblait à son affaire.
Mais les joueurs de Marc Lièvremont n'ont pas non plus été particulièrement dangereux. Ce n'est pas la faute de la conquête. Car touche et, dans une moindre mesure, mêlée ont eté globalement satisfaisantes. Mais le manque de profondeur des attaquants Français, la lenteur des ballons délivrés par Skréla, qui a raté son match, et Elissalde (sur les rucks) n'ont pas franchement facilité le travail des trois-quarts. De surcroît, le jeu au pied n'a pas été très profitable, en particulier sur les chandelles offensives. Sur ce point, on se demande si le problème ne provient d'une carence technique des internationaux tricolores qui ne parviennent pas à prendre le dessus sur le sauteur adverse. On ne peut pas systématiquement se réfugier derrière la tradition de football gaëlique des Anglo-saxons pour masquer les insuffisances françaises.
Devant, la mêlée a gagné en cohésion et en solidité. Mais il y a encore du travail, comme en témoigne la reculade subie par le pack tricolore, sur une mêlée à quinze mêtre de la ligne d'en-but galloise, avec introduction pour Yachvili.
Au final, les Bleus ont peut-être joué leur match le plus cohérent depuis le début du Tournoi. Mais il fallait réaliser une toute autre prestation pour maitriser la furia des Gallois, soutenus par 74.000 supporters.
Les Malzieu, Trinh-Duc, Floch et autre Ouedraogo reviendront sans doute dans les prochaines années au Millenium avec d'autres ambitions, pour peu qu'on laisse le temps aux sélectionneurs Français d'installer un système de jeu entrevu par intermitence ce soir.
En attendant, bravo messieurs les Gallois !