“Les contribuables québécois ont versé 2,1 milliards pour financer des cours d’anglais aux immigrants francophones.” C’est un peu dans ces termes qu’a été introduit les résultats d’une étude de la Presse Canadienne, étude qui suggère que le Québec pousse les immigrants francophones à s’angliciser pour avoir accès au marché du travail.
Le point de vue d’une immigrante francophone anglicisée au Québec
Personnellement, je n’ai pas bénéficié des fameux cours anglais qu’on donne aux immigrants. Par contre, j’ai fait mes premières études supérieures dans un université anglophone, McGill College (aux frais de mes parents).
Au départ, je me suis acharnée à perfectionner mon anglais pour me être plus branchée. Quand j’étais au secondaire, la plupart des élèves parlaient anglais pendant la pause du midi (ironique quand on va dans une école qui s’appelle le Collège Français). J’ai commencé à trouver que l’anglais était la langue des gens “cools”.
À partir de ce moment, l’anglais est devenu une véritable obsession pour moi. En dehors de la culture anglo-saxonne, parler anglais m’a ouvert à d’autres cultures qui sont inconnues au monde francophone.
Ça peut paraître bête mais la plupart des films étrangers sont sous-titrés en anglais et moins souvent en français. Étant avide du cinéma asiatique, j’aurai pesté si je ne comprenais pas l’anglais. Il suffit de regarder le box office ou les chansons à succès pour se rendre compte que le monde anglophone domine.
Du point de vue académique aussi, l’anglais mène le jeu. Que se soit en matière d’architecture du web, en publicité ou en marketing, il y a toujours plus de ressources documentaires récentes en anglais. Dans le domaine professionnel, ce n’est qu’après mon premier job d’été que je me suis rendue compte à quel point l’anglais est essentiel.
Et pourtant, ironie du sort, certains de mes amis anglophones sont complexés parce que leur français est approximatif. Ils se sentent victimes de discrimination car ils trouvent que le marché du travail québécois privilégie les francophones. Dans tous ces discours, il semblerait que le meilleur des deux mondes c’est donc le bilinguisme.
Débat linguistique ou culturel?
Si on me demandait de choisir entre le français et l’anglais, je refuserais. Je suis fière d’être bilingue! J’aime Montréal parce que dans certains quartiers on se retrouve à parler à des inconnus et on ne sait jamais d’avance dans quelle langue on va converser. Je trouve également positif qu’en arrivant au Canada, les immigrants fassent l’effort de prendre des cours, que se soit en anglais ou autre.
Le seul hic c’est que le français perd du terrain. Je le ressens dans toutes les facettes de ma vie et cela me déçoit. En même temps, je suis d’accord avec l’auteure de l’article Henry Aubin: Don’t blame anglos for French decline quand elle dit que les francophones ne devraient pas en vouloir aux anglophones. Nous, francophones devront plutôt nous demander comment conserver notre si belle langue pour véhiculer les cultures issues du monde francophone. Et ça, c’est tout un autre débat….