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En plus d'être l'un des cinéastes les plus doués de sa génération, Quentin Tarantino réalise ses rêves de gosse en singeant les westerns spaghettis de son enfance pour les transposer à l'époque de la seconde guerre mondiale. Le résultat est bluffant si l'on excepte les quelques ratés historiques qui se justifient sans mal de la part d'un gamin né en 63 qui ne fait que moduler l'Histoire à sa façon pour la rendre le plus pédagogique possible. Je ne suis pas en train de promouvoir la fiction et la violence comme vecteur d'éducation mais je suis prêt à parier que le film a intéressé bien plus de monde que le lectorat réuni des encyclopédies Britannicus et Tout l'univers sur le chapitre de la seconde guerre mondial.
Le film est accrocheur bien qu'il avoisine les 2h30 de bobine. Comment rester insensible à cette première scène entre un nazi redouté, le colonel Hans Landa, spécialisé dans la chasse aux juifs et un fermier qui cache deux trois occupants dans les fondations de sa belle exploitation à la française. Cette première demi heure en dit long sur le reste du film, Tarantino n'a pas fait les choses à moitié! En plus d'amener un projet bancale à maturité, il s'entoure d'un roster impressionnant qu'il a pioché aux quatre coins du globe. Les américains sont fièrement représentés par Brad Pitt, capitaine des fameux basterds yankee dont la mission se limite à collecter les scalps nazis à la méthode barbare, c'est à dire suffisamment ragoutante pour vous redonner un aperçu de ce que vous avez pu ingurgiter la veille! Les français s'en sortent un peu moins bien avec Mélanie Laurent qui campe une ancienne juive sous couvert d'une fausse identité prête à tout pour venger la mort des siens. Bien que peu convaincante, on ne peut que la féliciter de détériorer encore un peu plus l'image des femmes de la capitale, inaccessibles, pédantes et dont les années qui filent n'ont rien altéré à notre jugement. A croire que Marion Cotillard était déjà bookée sur une autre super production pour ne pas avoir obtenu le rôle... J'ai bien entendu gardé le meilleur pour la fin en la personne du colonel Hans Landa, fier représentant des allemands. Qui aurait parié ne serait-ce qu'un deutschmark sur cet ancien faire valoir des inspecteurs Derrick, Tatort et autres bergers allemands qui rythme les après midis de France Télévision? Christopher Waltz sublime le film au point qu'on finirait presque par se ranger du mauvais côté des lignes ennemis! Curieux et futé, le chasseur de juifs est un modèle de cruauté en matière de stratégie même si les inglourious basterds ne sont pas en reste!
Tarantino joue une nouvelle fois la carte de la rythmique en découpant son film en chapitres qui trouvent finalement tout leur sens dans un épilogue qui renifle l’hémoglobine et la violence à plein nez! Dans Pulp fiction le réalisateur nous baladait entre les séquences, dans Inglourious Basterds, il a préféré rester linéaire en s'attachant aux personnages plus qu'au conflit lui même. Ici pas de tranchées, de camps de concentrations ou de politique foireuse, pour peu et on oublierait presque qu'on est en pleine seconde guerre mondiale!
Extrait musical