Nom: María María Acha-Kutscher
Origine: Pérou
Profession: Artiste féministe
Phrase: « Un artiste a le devoir de créer à travers son travail des transformations sociales et politiques »
María María reprend les noms de famille de ses grands-parents Acha-Kutscher comme son nom de scène. Née à Lima (Pérou) où elle a fait des études à la Faculté des Arts de l’Université Catholique. En 1991, quitta le Pérou fasciné par le Mexique, où vivait son grand-père - le célèbre critique d’art Juan Acha – et y demeure pendant 10 ans. Elle a travaillé comme graphiste et publiciste. Jusqu’à le 2000, quand elle créa son propre studio associé avec sa mère, la documentariste Maria Rodriguez.
Cette particularité donne Acha-Kutscher son propre label «J’ai dû enlever une série de préjugés avant de travailler dans le milieu de la publicité. Cependant, la méthodologie de ce monde m’a beaucoup aidé. Le fait d’avoir préparé des campagnes publicitaires m’a permit de développer des projets d’activisme avec une autre vision. J’utilise la méthodologie de la publicité comme une contribution à la recherche pour un meilleur statut des femmes. Raison pour laquelle que je me défini comme une artiste féministe ».
Une préoccupation féminine
En 2003, María María est arrivée à Antimuseo, un espace alternatif pour les artistes, né dans les années 90 sous le nom «Ojo Atómico » fondé en Espagne par l’artiste Tomas Ruiz-Rivas. En Antimuseo les artistes sont libres de faire une série de spectacles qui, normalement, ne pouvaient pas être exécutés dans un musée. Depuis qu’Acha-Kutscher a rejoint le projet, celui a commencé à faciliter la participation du public dans le processus de création artistique. Dans les mots de ses fondateurs, Thomas et María María « l’objectif d’Antimuseo n’est pas de montrer des produits d’art à un public, mais de rétablir des relations sociales qui transforment cette audience dans une communauté culturellement et politiquement active»
Prise de conscience et création de dignité à travers de l’art
Une autre préoccupation de l’artiste est la mémoire historique sur les femmes activistes, le principal sujet de son projet ‘Femmes qui travaillent pour femmes”. Conçu pour être exposé sur les espaces publics comme l’explique María María «J’étais intéressé à ce que l’exposition soit partie de la vie quotidienne des gens et pas dans un musée” Le projet a été exposé pour la première fois dans la Plaza Juarez de Mexico en Mars 2008. Acha- Kutscher rendre hommage aux femmes leaders d’Amérique Latina (et certains pays européens) qui ont lutté pour améliorer la situation féminine. Grâce à une recherche biographique et à un art visuel d’un résultat très accrocheur, l’artiste crée une mémoire narrative et visuelle de sensibilisation sur la lutte pour l’égalité des sexes. Le développement de chaque portrait est fait numériquement. La recherche biographique et la production continuent puisqu’Acha-Kutscher travaille actuellement dans les versions de femmes péruviennes et espagnoles.
En 2008, le projet a reçu le soutien de l’Institut national des femmes du Mexique, de l’UNIFEM, et le ministère de la Culture du district fédéral de Mexico. Depuis 2010, il est également soutenu par le Ministère de la Culture de l’Espagne.
Un autre projet signé par Acha-Kutscher est Monde F, une cartographie symbolique du monde féminin reflétant par des conceptions iconographiques sur la condition physique et sociale des femmes. Il s’agit d’un projet interactif, qui est construit avec la participation du public.
Art + féminisme = transformations socio-politiques
Lorsque nous avons demandé María María si elle considère plus facile d’être un artiste féministe en Europe qu’en Amérique latine, elle dit: «Oui, j’ai eu des ateliers sur l’art féministe ou au sujet de mon travail en Amérique latine et le public masculin ne comprend pas encore le concept du féminisme et de l’art féministe. On croit que le féminisme est un mouvement contre l’homme et on le confondent avec le matriarcat au lieu de parler la parité qui est la pierre angulaire du mouvement féministe ».
A propos de son triple rôle en tant que militante, féministe et artiste, elle dit “j’ai choisi d’être là où je suis maintenant, je ne peux pas séparer l’art de l’activisme politique. Je suis convaincue que l’artiste a l’obligation de créer une transformation sociale et politique grâce à son travail. Vous pouvez choisir d’être un artiste commercial, je déjà passé cette période quand j’ai travaillais dans la publicité et je ne suis plus intéressé. Je me rends compte que cette bataille est parfois solitaire et que des fois je suis mise aussi à l’écart. Je nage dans ma courante, je fais des choses que me font sentir que je contribue un peu à un changement social, et je suis heureuse ».
Si vous souhaitez avoir plus d’information sur le travail de María María, visitez www.antimuseo.org/mariamaria et http://www.antimuseo.org/mujerestrabajando/
Interview: XMA
Photos: Antimuseo, Pepe Abascal