J’avais mis une bouteille de champagne au frais. Depuis 2007, l’UMP n’a remporté aucune échéance électorale, et ce premier tour n’a pas dérogé à la règle. Mon plus ardent désir était de voir Napoléon en talonnettes battu dès le premier tour, ce qui n’était encore jamais arrivé pour un président sortant lors de cette Vème République. De ce côté, mon souhait a été exaucé, Toto 1er est désormais le premier des loosers, mais la bouteille est restée au frais. Je n’avais guère le cœur à la fête : il flotte dans la rue une puanteur insupportable. Près d’un français sur cinq a voté pour les fachos.
Avec «tremblez le système» comme avertissement, la maquerelle brune est lâchée, n’hésitant pas à s’autoproclamer «chef de l’opposition». Malgré ses efforts pour cacher la véritable nature de son mouvement et les excès de son père, la réalité xénophobe et intolérante transpire de partout. Il ne lui manque que la frange et la moustache. J’ose encore espérer que cette expression sortie des urnes reste pour une bonne part un mode de contestation, de défiance face aux élites indifférentes et sourdes à la souffrance causée par la rigueur artificielle imposée au petit peuple. Je peux comprendre que la désespérance pousse à des choix par dépit, sans partager réellement les idéaux racistes et nationalistes. Quoique. Flirter avec le diable au mépris du danger n’a jamais sauvé personne.
Cette contestation, il y a pourtant bien d’autres manières de la porter. J’ai personnellement choisi de la matérialiser au travers de Jean-Luc Mélenchon afin de donner un signal fort au prochain président de la République. Désormais, François Hollande a une lourde responsabilité : il doit absolument entendre ce vacarme. Il ne peut se contenter d’accompagner le système, d’adoucir la sentence et gratter à la marge pour préserver je ne sais quel pseudo-privilège de la caste de la finance, sans quoi le Front National s’octroiera un score encore supérieur dans 5 ans. Il ne s’agit pas de porter les thèses du FN, mais simplement de permettre aux gens, de gauche ou d’ailleurs, égarés à l’extrême droite de retrouver des raisons de croire en la politique, de se reconnaître dans l’action menée par un président de gauche menant une politique solidaire, protectrice des excès du capitaliste, et redistributive avec équité des fruits du travail.
Le changement, c’est maintenant. Je veux dire le vrai changement…