POLICIER
Editions Zulma, 2007
Marcus Malte est l'une des voix les plus singulières de la littérature française d'aujourd'hui. Ecrivant à la fois pour les adolescents et les adultes, ses romans s'apparentent au genre policier. Mais Garden of love, son roman le plus connu (Prix des lectrices Elle 2008), est-il encore un policier ? Sa construction si labyrinthique, sa polyphonie en font surtout une oeuvre littéraire impossible à classer dans un genre unique.
Bien sûr il y a un flic et un meurtrier...mais on ne sait pas avant une grosse moitié du bouquin qui est qui et pour cause ! La quatrième de couverture nous dit : un flic sur la touche reçoit un manuscrit anonyme qui semble raconter étrangement sa vie. Il y reconnaît la pâte d'un homme qu'il poursuit depuis des années ...mais, nous, nous ne savons pas qui est cet homme.
Avant de le savoir, nous aurons été envoûtés par un kaléidoscope de scènes qui, apparemment, n'ont aucun rapport entre elles...
Jugez-en plutôt : une famille unie, les parents et leurs deux enfants, se promenant sur une plage un soir de Noël ; un groupe de 4 hommes qui viennent rendre visite à une prostituée pour une fête mémorable. Deux enfants qui jouent dans un jardin dans une atmosphère de contes. Un adolescent qui tombe sous le charme d'un autre dans un lycée. Et enfin, un policier qui reçoit un étrange manuscrit et qui se rend chez le présumé auteur de ce courrier....
Chaque chapitre fait alterner les scènes avec ces différents personnages. Des atmosphères très différentes : récits d'apprentissage, contes, thriller...
Ce n'est qu'à une bonne moitié du livre que les choses commencent à se clarifier...
Finalement, dans ce puzzle, ce qui compte, c'est le plaisir de se promener dans ces différentes entrées et de s'y perdre avec une certaine réjouissance. J'ai presque été déçue par la fin, comme si, finalement, j'avais accepté d'être perdue jusqu'à la clôture finale.
Les grands thèmes de ce livre : le double, la fascination pour autrui. Chaque personnage semble avoir son double et souhaite le (re)trouver.
Une réflexion, aussi, sur des parcours de vie, des destinées coupables mais qui continuent le chemin, malgré la mort et la perte. La vie comme garden of love, un jardin d'amour, empli de sépultures, mais qu'il faut continuer à semer, malgré tout.