Nous nous étions pris à rêver d'un "printemps marseillais"... Mais les résultats d'hier soir nous ont douchés. Il n'y a pas eu de miracle, juste un mauvais rêve. La championne du nationalisme le plus nauséabond, qui veut renvoyer les femmes aux fourneaux, les immigrés à la mer (et bientôt les pauvres aux travaux forcés ?) a obtenu plus de 18 % des voix, tandis que le Front de gauche, qui voulait ranimer les beaux idéaux de solidarité, de métissage, de fraternité, plafonne à 11,1 % ???
La France est-elle donc si malade, après une crise si longue, et cinq ans de sarkozysme, cinq ans d'une présidence malfaisante, qui a passé son temps à désigner des boucs émissaires et à faire monter la haine et la peur, contre les Roms, les immigrés, les clandestins, les chômeurs, les Grecs, les Espagnols, les Italiens, les pays émergents, la Turquie, les jeunes, les homos...
Comme je la reconnais mal, cette vieille France rancie et peureuse, qui tremble devant son ombre et n'a plus pour toute ambition que d'être "protégée" ! Protégée des autres, toujours perçus comme une menace, protégée de l'ouverture, de l'espace qui lui donne le vertige, protégée du moindre risque, comme si la vie même n'en comportait pas !
Cette vieille France racornie qui compte ses sous, pour qui un enfant qui naît ne représente rien d'autre qu'un "coût", une bouche à nourrir (le moins possible)... pour qui les travailleurs ne sont rien d'autre qu'une "ressource humaine", et encore, une ressource ! le mot est trop positif. Le travail, c'est n'est plus de la production, de l'énergie, de la création : c'est juste, encore une fois, un coût. Vieux avares qui affament leurs domestiques, et mangeraient leur merde s'ils le pouvaient !...
La santé, l'éducation, la justice : des coûts à réduire, quel qu'en soit le prix.
Les jeunes ? Sûrement pas un investissement dans l'avenir ! d'ailleurs quel avenir ? ah ! si seulement on pouvait les enfermer directement en prison dès leur sortie de la maternité !...
Et pourtant, une fois la colère et la déception passées, on peut voir des raisons d'espérer.
Certes, nous ne sommes pas au second tour, nous n'atteignons pas les 15 ou 16 % que nous espérions. Mais c'est la première fois depuis bien longtemps qu'un candidat obtient un score à deux chiffres, avec un discours tellement à contre-courant de l'idéologie ambiante ! Un discours qui nous dit que l'histoire ne se fera pas sans nous, que l'homme peut être plus fort que les "marchés" , cette nouvelle image du "fatum" antique, que le métissage est une chance et qu'il faut ouvrir les frontières, que le travail n'est pas seulement une dépense, mais une oeuvre... C'est peut-être la promesse d'un renouveau, après tant d'années de chute continue...
Et puis, la bataille n'est pas finie.
Il reste le premier mai, si les syndicats parviennent à s'unir.
Il reste le second tour de l'élection présidentielle, avec pour commencer une tâche unique, et urgente : nettoyer les écuries d'Augias.
Et puis les législatives : et c'est là que nous pourrons vraiment mesurer notre force...
Et puis il y aura tout le reste : une bataille politique ne s'arrête pas au lendemain des élections...
Et comme le montre cette carte (Libération.fr), même Paris a voté à gauche !