Marine Le Pen dont on parle tant ce matin a progressé, c'est incontestable, mais pas forcément dans les quartiers populaires, dans ces banlieues qu'on lui prêtait. Elle a progressé dans les villages et les petites villes, là où il n'y a pas d'immigrés mais où l'on se méfie de ses voisins, où l'on ne sait plus ce que veut dire solidarité, où l'on est menacé dans sa vie quotidienne par une crise qui ferme les usines et rend absurdes les projets de vie (s'endetter pour acheter une maison que l'on ne pourra pas revendre…), par un Etat qui se désengage (quand on ferme un bureau de poste, il est tentant de se dire : mais au profit de qui?), par un pouvoir d'achat qui se désagrège (l'essence augmente, pas le salaire). L'opposition entre des campagnes à droite et des villes à gauche est en train de se reconstituer.
Signe inquiétant pour Nicolas Sarkozy, il a perdu les centres ville, les banlieues et le vote des expatriés (32,5% pour Hollande, 28% pour Sarkozy au Canada ; 40% pour Hollande à New-York contre 30% pour Sarkozy ; à Londres, d'après un tweet que je n'ai pu vérifier, Hollande l'aurait aussi très largement emporté), c'est-à-dire de ces électeurs qui, pour ces derniers, jugent de la politique française à partir de ce qu'ils lisent dans la presse étrangère qui n'a pas toujours été tendre pour lui.