Lettre ouverte aux créatrices

Publié le 23 avril 2012 par Mamzellefifi @MamzelleFifi

Aujourd'hui je fais appel aux créatrices qui se cachent parmi mes lectrices car j'ai besoin de leur aide ou plutôt de leurs conseils. Cela ne veut pas dire que toutes les autres doivent fuir cette note, bien au contraire, mais que j'attends là des réponses bien spécifiques de la part de personnes qui pourront m'en donner.

Car même si la situation n'est pas "grave" en soi, cela fait déjà bien trop longtemps maintenant que je me pose des questions sans obtenir la moindre ébauche de réponse digne de ce nom.

Venons-en donc au fait...

En juin 2010, après une fin de contrat plus que tumultueuse avec mon ancien patron, c'est toute impatiente d'une vie nouvelle que je m'inscrivais pour devenir auto-entrepreneur et créer ma propre société. Si les débuts ont été encourageants, ils ne l'ont pourtant pas été aussi forts que je l'espérais secrètement.

La fin de l'année 2010 s'est donc achevée sur une note plutôt positive dans son ensemble, avec de belles perspectives pour l'année suivante.

2011 est ensuite arrivée en fanfare, multipliant les commandes de vêtements sur mesure et les projets qui me passionnent vraiment. C'est ainsi que j'ai eu le privilège de travailler pour quelques mariées, pour de simples retouches parfois mais également pour une robe entière et plus encore.
Seulement à côté de ça, les ventes dans mes deux boutiques, sur Dawanda et A Little Market, n'ont que peu décollé. La faute à la concurrence peut-être, à des mises en ligne de nouveaux articles trop espacées, bref, je m'interroge toujours à ce sujet.

Et puis nous voilà en 2012, un trimestre est passé et la situation a changé.

D'abord il y a eu la mauvaise surprise, fin 2011, de constater que je n'appartenais pas à la bonne catégorie pour le statut d'A-E. Des démarches et un gros chèque plus tard versé à l'Urssaf, ma situation était enfin clarifiée, me laissant à la fois perplexe et pleine de questions pour l'avenir.
C'est alors que j'ai appris à jongler avec mes nouveaux taux de cotisations :

- bénéficiant de l'Accre (une aide pour les jeunes, notamment), je reversais jusqu'à présent 3% puis 6%, 9% et enfin 12% de mon chiffre d'affaire à l'état. Le pourcentage augmentant avec le temps, à l'heure actuelle, si j'étais toujours dans ce cas de figure, je me trouverais dans la tranche à 9%.

- or outre le chèque, la seconde surprise a été d'apprendre que changement de catégorie signifiait aussi changement de taux, à savoir : 5,4%, 10,7%, 16% et enfin 21,30%. Vous l'aurez donc deviné, je suis actuellement dans la tranche à 16%.

A celà, il faut savoir que j'ai choisi le versement libératoire de l'impôt sur le revenu, qui dans mon cas, s'élève à 1,7%, et qu'il faut également ajouter la contribution à la formation professionnelle à hauteur de 0,30% pour les artisans.

Prenons maintenant un exemple concret pour vous mener petit à petit au point essentiel que je veux évoquer :

- Il y a quelques jours, j'ai réalisé une vente sur ALM d'une de mes petites broches en forme de chapeau. Celle-ci est vendue 3,50€ auxquels viennent s'ajouter 1,75€ de frais d'envois et d'emballage.
Ma cliente a donc payé tout naturellement 5,25€. Là dessus, 0,50€ m'ont été prélevé comme commission pour la vente, et 0,26€ parce que ma cliente a payé en CB.
Nous en sommes à : 5,25€ - 0,76€ de frais = 4,49€.

N'oublions pas maintenant les frais de port, qui ne me reviennent pas  : 4,49€ - 1,75€ = 2,74€ c'est ce qu'il me reste une fois que la Poste et le site se sont servis sur ma vente.

Enlevons cette fois-ci mes frais en tant qu'A-E : 16% + 1,7% + 0,30% = 18% qui eux se calculent sur la somme que j'ai reçu de la part de ma cliente, çad 5,25€. 18% de 5,25€ = 0,945€. Donc 2,74€ - 0,945€ = 1,80€ pour arrondir.

1,80€ c'est donc ce qu'il me reste réellement, une fois que j'ai enlevé tous mes frais possibles, sur une broche vendue 3,50€ ! Autrement dit rien du tout car il faut prendre en compte que sur ces 1,80€, je n'ai retiré ni le salaire que je me verse, ni même mes fournitures !!

Là où je veux donc en venir, c'est comment font les créatrices pour ne pas vendre à perte et surtout obtenir une vraie marge sur leur produit à chaque vente.

Car je ne vais pas refaire le calcul sur d'autres articles de ma boutique, mais bien souvent, en prenant le temps de tout calculer, je me rends compte que sans vendre à perte à l'heure actuelle, je rogne toute ma marge, m'empêchant ainsi de faire plaisir à mes clientes fidèles en leur proposant une remise exceptionnelle, ou bien tout simplement d'organiser des soldes sur mes créations de temps en temps.

Alors vous les créatrices, quel est votre secret ? N'avez-vous pas prévu de marge dans votre prix de vente ? Avez-vous trouvé LE statut rêvé, celui qui ne fait pas payer des taux de cotisations exorbitants et qui permet de déduire certains frais de votre chiffre d'affaire ?

Si je fais appel à vous aujourd'hui, c'est parce que j'ai l'impression d'être dans une impasse. Mes commandes extérieures à mes boutiques sont très aléatoires, totalement différentes d'un mois à l'autre et incapables de me donner un vrai salaire. Mes commandes boutiques ne décollent toujours pas, sans que je sache réellement pourquoi.

Du coup mon avenir professionnel me fait peur, car quitter le système d'auto-entrepreneur pour un autre peut certainement m'ammener à payer plus de frais (ou bien des frais différents... j'avoue clairement ne rien y connaître à ce sujet) alors que je n'ai aucune garantie d'avoir plus de clientes. Et quitter définitivement tout ça, ça signifie ne plus rien faire à mon compte, autrement dit plus de ventes sur internet, plus de créations pour des commandes sur mesure, bref plus rien du tout.

Et clairement, je ne veux pas ça. Reprendre un job à mi-temps pour tenter d'avoir un "salaire", oui. Arrêter la création, même avec peu de clientes : jamais !

Donc voilà, j'ai besoin de vous : d'abord pour me conseiller sur votre façon de faire, pour celles qui tiennent des boutiques sur le net ; et puis pour tout le reste pour les autres. Quelles seraient d'après vous les raisons qui font que j'ai peu de ventes dans mes boutiques ? Les prix ? Le manque d'originalité ? Les créations en elles-mêmes ?
Bref, je suis prête à tout entendre, le bon comme le moins bon car j'ai besoin d'avancer. Mes revenus sont bien trop maigres pour que je puisse songer à quitter le cocon familial, et pourtant à 25 ans, j'y aspire très sérieusement, alors tout commentaire sera utile.

Merci d'avance pour tout, et pour les personnes qui m'auront lu jusqu'au bout, vous êtes des amours !