Appellez moi Achille. Achille Zavatta.

C’était pour mes 25 ans. J’avais appris par hasard – en farfouillant les mails de mon copain – qu’il me préparait une soirée surprise d’anniversaire avec amis, copains et gens perdus de vue.

Ça n’est pas que la pression était énorme mais presque.
J’avais donc organisé une journée “réfection intégrale” qui incluait achat d’une robe, coiffeur et maquillage.
La robe achetée et enfilée, je cours chez mon coiffeur, au courant de l’histoire, qui m’avait réservé trois heures. Et là on opte pour une coiffure crantée qui ne tiendra qu’une soirée mais des années dans les yeux de ceux qui la verront. Si je vous jure.
Et vas y qu’on coiffe, barrette, laque, coince, épingle. A la sortie j’étais quasiment une poupée vaudou.

S’en suit ensuite la séance chez l’esthéticienne. Elle traque le moindre poil disgracieux, hydrate, talque, masse. Et on passe au maquillage, manucure, pédicure.On a mis une heure à faire des tests couleur. Deux heures pour tout finir.

J’avais des cils de biche, une bouche pulpeuse, des pommettes saillantes. Bref j’aurais pu faire femme de président.

J’avais tellement de fond de teint et de poudre sur la peau que j’aurais pu repeindre une maison.

Et là toute guillerette, enfin arc-boutée sur mes talons, figée par le maquillage, frigorifiée (mon anniversaire est en décembre), je rentre chez moi pour attraper mon sac et filer au “lieu inconnu où une surprise m’attendait”. Il pleuvait mais j’avais prévu un parapluie façon parasol.

Je réfléchissais, chemin faisant, à la meilleure attitude à adopter en arrivant. Feindre un “Oh ?!” de surprise ? Prendre un air blasé ? “Une fille aussi sympa que moi ne pouvait que s’attendre à ça” ? Dans tous les cas, je ne devais pas pleurer histoire que mon maquillage tienne la route.

Il me restait 50 mètres à faire quand spash. Mais alors SPASH. Une attente à un feu rouge, une flaque d’eau de la taille du lac Léman et une voiture qui se croit aux 24 H du Mans.

La flaque était passée de la route à mon visage. A ma coiffure. A mon fond de teint. Maquillage qui n’était pas prévu pour une plongée sous-marine. Tout en pleurant de l’eye-liner, je galopais chez moi constater les dégâts.
Vous voyez le chanteur de Kiss ? Vous voyez Amy Winehouse qui se serait eye-lineré la joue et pas l’œil ? J’étais un composé de deux.

J’ai passé 30 minutes à démaquiller le tout, 1 heure à remaquiller l’ensemble et à recoiffer. Trente minutes à avaler verre sur verre. Pas d’eau mais c’est juste parce que sa vision me répugnait, évidemment.

Deux heures de retard.
Trente amis qui attendaient, heureux de me voir avec ou sans maquillage ; ça c’est la morale classe de l’histoire.