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❛Humeur❜ Six mois d'Appoggiature, I • Gustav Mahler, du piano à l'orchestre, de l'orchestre à la voix, d'incessantes correspondances.

Publié le 22 avril 2012 par Appoggiature @App0gg1ature
❛Humeur❜ Six mois d'Appoggiature, I • Gustav Mahler, du piano à l'orchestre, de l'orchestre à la voix, d'incessantes correspondances.
Se laisser porter par la texture sonore si extra-ordinaire de Gustav Mahler (1860-1911), c'est faire l'expérience incessantes correspondances, que d'autres musiciens, parmi les plus illustres, réussissent certainement avec moins de bonheur.
L'instrumentalité de la voix, bien sûr, est poussée à un degré extrême de sophistication : aucun traitement de faveur particulier ne semble la dissocier du plus fastueux orchestre qui soit. Et pourtant, nous ne saurions être récipiendaire de l'ensorcellement que ce dernier prodigue, sans  cet indispensable instrument humain.
À condition qu'il y ait orchestre ! Voici le second miracle : par la réduction pour piano (ou, dans le cas de la Dixième symphonie, par le cas rigoureusement inversé de l'amplification instrumentale), la musique de Mahler ne donne jamais la sensation d'un assèchement, ou d'un dévoiement. C'est - rigoureusement - la même !

Ainsi, du quatrième Rückert Lied, "Um Mitternacht" - peut-être le plus beau Lied de l'histoire - dont finalement rien, dans son merveilleux avatar pianistique (Thomas Hampson & Wolfram Rieger, vidéogramme ci-dessus), ne semble devoir faire regretter l'absence des nuances orchestrales d'origine, pourtant somptueuses. Un défi à la plus élémentaire logique de la réduction, précisément !
Ou encore, de cette mythique Symphonie n°10, dont seuls deux mouvements furent complètement orchestrés de la main du compositeur. Son Finale, en particulier, n'est autographe que sous la forme d'une 'particelle' pour piano ; et n'a connu son aboutissement symphonique (des lustres plus tard...) qu'à l'issue des efforts dispersés de Berthold Goldschmidt, Rudolf Barshaï (vidéogramme ci-dessous), Deryck Cooke.
Or,  de ces esquisses pour piano conservées par la veuve Alma, à la version parachevée avec tant de talent - que trop de puristes réfutent encore, contre toute évidence -, pas une once du génie du compositeur n'a été affadie, édulcorée, détournée. Mieux : le résultat (Cooke ou Barshaï) sonne "plus Mahler que Mahler" (... ce solo de flûte, dès la deuxième minute) !
Au surplus, le court "Um Mitternacht" (en offrande hallucinée de la part de Lorraine Hunt Lieberson, lecteur audio en bas d'article), comme tous les lieder des cycles anthologiques de son auteur, est une démonstration d'un savoir-faire extravagant dans le domaine de la "petite forme". De quoi nous faire rêver encore longtemps d'un génie qui se découvre toujours plus protéiforme qu'on ne le dit. Et auquel d'aucuns font parfois - bien à tort, au final - un procès en gigantisme déplacé.
❛Humeur❜ Six mois d'Appoggiature, I • Gustav Mahler, du piano à l'orchestre, de l'orchestre à la voix, d'incessantes correspondances.
Appoggiature se souhaite une première fois par là un très agréable demi-anniversaire, et surtout remercie ses lecteurs de leur fidélité. :)
‣ Pièce à l'écoute simple, en bas d'article  Gustav Mahler, Rückert Lieder • "Um Mitternacht", Lorraine Hunt Lieberson & Roger Vignoles© Wigmore Hall Live
 J. D.


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