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L’auteur :
Né en 1958 à Paarl, en Afrique du Sud, Deon Meyer a été journaliste, puis rédacteur publicitaire et stratège en positionnement Internet, il est aujourd’hui l’auteur unanimement reconnu de best-sellers traduits dans 15 pays. Il vit à Melkbosstrand.
L’histoire :
Chacun des protagonistes de ce roman aux intrigues apparemment distinctes laisse des traces. Toutes, à un moment donné, vont se croiser.
Milla, mère de famille qui plaque son foyer et rejoint l’Agence de Renseignement Présidentielle au moment où un groupuscule islamiste s’agite de manière préoccupante.
L’aventurier Lemmer qui protège le transfert à la frontière du Zimbabwe de deux inestimables rhinos noirs. Lukas Becker, l’archéologue aux prises avec les gangs de la plaine du Cap. L’ex-flic Mat Joubert, devenu détective privé, chargé d’enquêter sur la disparition d’un cadre de l’Atlantic Bus Company.
Comparée à l’univers du polar américain (corruption, drogue, prostitution), la matière romanesque de À la trace, qui allie « le monde animal, inhérent à notre culture », des contrebandes pittoresques, l’émancipation des femmes, la culture gangsta des villes, frappe par sa richesse et sa diversité.
Deon Meyer est un des rares auteurs qui, tout en maîtrisant avec brio les règles du genre, ouvre grand le champ des problèmes contemporains de son pays. (Présentation de l’éditeur)
Ce que j’ai aimé :
Deon Meyer nous offre trois histoires dans un seul roman :
Celle de Milla, femme au foyer qui décide de fuir son havre oppressant. Obligée de trouver du travail, elle se fait embaucher ni plus ni moins par les services de renseignement sud africains et va se lancer à cœur perdu dans sa mission. Seulement un grain de sable va s’immiscer dans sa vie monotone, faisant exploser en lambeaux toutes ses certitudes. Milla souhaiter une vie trépidante, loin de son quotidien lassant, elle va trouver bien plus que cela...
« Notre vie est composée de vingt-deux mille jours en moyenne. Combien nous restent en mémoire, nommés et datés ? Dix, douze ?... Anniversaires, mariage et divorce, séparations, décès, puis quelques Grandes Premières… Les traces des autres jours s’usent peu à peu. Résultat : la vie consiste en fin de compte en l’équivalent d’un mois de jours dûment enregistrés en mémoire et d’une poignée de souvenirs non datés.
Il faudrait vivre en sorte que chaque jour laisse une trace. » (p. 345)
La deuxième histoire nous permet de retrouver Lemmer et ses failles qui nous emmène au cœur du veld. Lemmer est un personnage passionnant qui garde en lui cette violence sous-jacente, l'entourant d'une aura dense. Il va faire ici la connaissance de Fléa, jeune femme fascinante aux mille facettes...
« N’est-ce pas là le problème essentiel de notre communauté ? Nous sommes tous devenus spectateurs, nous restons en marge et commentons, critiquons… Avides de lire, d’entendre et de raconter les malheurs d’autrui, nous participons de loin, du haut de notre supériorité morale. « Eh oui, ils ont eu ce qu’ils ont cherché !... » Personne n’a le courage d’intervenir, de faire quoi que ce soit. » (p. 273)
La troisième histoire est ancrée autour de l’enquête de Mat Joubert qui cherche à expliquer la disparation d’un conducteur de bus. Cette partie du roman permet de mettre en avant les luttes entre bandes rivales mais aussi l’incommunicabilité qui peut régner dans un couple au point qu’on ne connait pas vraiment son conjoint.
On y croise aussi Lukas Becker, archéologue idéaliste aux prises avec des gangs bien plus puissants que lui...
Cette combinaison de destins permet d’offrir un panorama juste de cette Afrique du Sud post- apartheid. Deon Meyer, en nous menant dans des
univers différents aux ramifications multiples nous offre la possibilité de nous plonger dans un monde riche, passionnant mais aussi terrifiant, et ceci sans jamais nous lasser.
« Sacré pisteur que ce Meyer, qui traque sa proie sans jamais la lâcher, jusqu'à la dernière page. » (Télérama Christine Ferniot)
Ce que j’ai moins aimé :
Plus de 700 pages, c’est lourd à transporter…
Premières phrases :
« Ismail Mohammed dévale le Heiliger Lane. Les plis de sa galabiyya blanche s’envolent à chaque foulée ; le col mao est ouvert, comme le veut la mode. Terrifié, il agite les bras pour garder son équilibre. »
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A la trace, Deon Meyer, Traduit par Marin Dorst, Seuil Policiers, février 2012, 736 pages, 22.9 €