Des micro-centrales énergétiques partout

Publié le 22 avril 2012 par Rcoutouly

Les coûts croissants des énergies fossiles vont transformer radicalement notre rapport à l'énergie. Dans les trois décennies à venir, nous allons devoir modifier nos manières de vivre et de produire pour nous adapter à une nouvelle donne : la fin de l'énergie facile et peu onéreuse.

Jusqu'au 18éme siècle, les sociétés trouvaient l'énergie nécessaire à leurs besoins dans la force musculaire : celle des animaux, celle des esclaves. Avec la première révolution industrielle, la machine à vapeur a pu fournir une puissance beaucoup plus importante. Mais, c'est véritablement avec l'utilisation des énergies fossiles, à partir de la fin du XIXéme siècle, que la quantité d'énergies utilisée a pu considérablement grandir. Les moteurs à explosions et moteurs électriques, utilisant des sources énergétiques variées, provenant du sous-sol (pétrole, gaz, uranium) ont révolutionné nos modes de vie.

Même si nous n'en avons pas toujours conscience, avec la disparition programmée des énergies fossiles, cette période faste se termine pour l'Humanité. Quelque soit les délais nécessaires à cette transition, il nous faut trouver des solutions. Elles ne pourront provenir que des énergies naturelles renouvelables présentes partout sur la planète. 

Nous allons donc sortir d'une logique d'usine, de centrale, consommant une énergie rare et précieuse, à une logique décentralisée, captant l'énergie présente partout dans notre environnement.

Dès lors, le propriétaire d'une maison, d'un immeuble ou de bâtiments à usage commerciale ou industriel, aura intérêt à capter l'énergie présent autour du bâtiment plutôt que de laisser d'autres intérêts s'en occuper pour lui. Un terrain ou un bâtiment deviendra un gisement énergétique dont on pourra tirer profit.

Le coût croissant des énergies fossiles, la banalisation progressive des technologies permettant cette transition, vont faciliter la baisse des coûts. La généralisation de l'équipement des bâtiments vont être au coeur de la troisième révolution industrielle qui va nous permettre de sortir des trente années de crise que nous venons de vivre.

Pour réussir cette transition, il faudra bien que le pouvoir politique se donne les moyens de favoriser les investissements dans ce domaine.

Décrivons maintenant ces centrales énergétiques urbaines.

Prenons un toit: sur ce toit, on y trouve à la fois des micro-éoliennes, des panneaux solaires photovoltaïques et des panneaux solaires thermiques.  La configuration particulière du site et du bâtiment (vent dominant, orientation du toit) détermine les choix spécifiques de combinaison des différentes sources d'énergie.

Descendons dans le bâtiment. Dans celui-ci, on y trouve une chaudière centrale bien différente de nos chaudières traditionnelles. Certes, comme elles, elle transforme en chaleur un combustible (gaz de ville, plaquette bois, ...), chauffe le bâtiment et l'eau. Mais cette centrale à cogénération utilise pour cela aussi la chaleur produite par les panneaux solaires thermiques. De plus, elle possède un moteur sterling qui recycle les surplus de chaleur pour produire de l'électricité.

En combinant celle-ci avec la production électrique photovoltaïque et éolien, le bâtiment devient à énergie positive. Le propriétaire revend ses surplus électriques, ce qui lui permet de financer ces équipements.

Bien entendu, le solaire et l'éolien produisent de manière intermittente. Mais la gestion combinée de l'eau, du chauffage et de l'électricité permet de limiter, de lisser les variations. 

Les surplus électriques sont renvoyés sur le réseau. Localement, à l'échelle d'un quartier ou d'une commune, on trouve une micro-usine de méthanisation. Celle-ci utilise les surplus, dans les moments de surproduction électriques, pour fabriquer du gaz méthane. Ce gaz permet de récupérer les surplus de production d'énergie et de le stocker sous une forme concentrée et facilement transportable. 

A l'avenir, ce gaz méthane sera le combustible utilisé dans les véhicules. Il permet, de stocker l'énergie de manière beaucoup plus concentré que les batteries électriques. Ce gaz n'a pas d'origine fossile et peut donc être produit indéfiniment par les surplus de l'intermittence des énergies renouvelables.

En combinant différentes énergies (bois, soleil, vent, gaz), le système décentralisé de chaudières à cogénération et de micro-usine de méthanisation, va permettre de répondre à tous nos besoins énergétiques. La mise en place de ces systèmes va représenter un formidable enjeu économique. Cela sera le coeur de la troisième révolution industrielle à venir. La généralisation progressive de ces techniques va entraîner une baisse importante du prix de ces matériels qui vont se banaliser.

Décentralisée, laissant les acteurs de terrain agir et s'emparer de la question énergétique, cette démarche correspond à l'évolution démocratique des sociétés modernes. A l'ère d'internet et des réseaux décentralisés, il est normal que l'énergie du XXIéme siècle soit produite par les habitants, organisés et prenant en charge eux-mêmes leurs besoins. 

source image: icedd.be