La question s'était déjà posée en 2007, à l'époque certains blogueurs dont J.M. Morandini, avaient annoncé qu'ils publieraient dès 18 heures, Dimanche 22 avril, les résultats des sondages sortis des urnes. En ce qui concerne en tout cas Morandini, ce ne fut qu'un pétard mouillé.
A la veille de l'élection de 2012, la question est de nouveau posée et là également, des blogueurs et des medias (Libération) annoncent qu'ils vont diffuser les estimations dès qu'ils en auront eu connaissance.
Cette pratique est interdite par la loi pour une raison évidente, c'est qu'elle ne permet pas de respecter l'équité entre tous les électeurs en apportant à ceux qui n'auront pas encore voté à 18h00 une information qui potentiellement peut influencer leur décision.
De ce fait, elle contribue à établir une inégalité de traitement entre les habitants des grandes villes dont les bureaux ferment à 20 heures et les autres qui n'ont que jusqu'à 18 heures pour voter. De plus, elle ouvre la porte à toutes les manipulations puisque n'importe qui pourra annoncer n'importe quoi pour influer sur le vote des derniers électeurs.
Quand à ceux qui rétorqueront que l'influence de cette publication précoce serait extrêmement faible et n'influerait pas significativement sur le résultat final, je répondrais que c'est certainement vrai dans la plupart des cas mais pas dans tous. Or, si elle est autorisée, la diffusion de l'information sera systématique qu'elle que soit la situation, voire même réalisée avec encore plus de publicité si les résultats provisoires sont surprenants. Pas question de compter sur la capacité d'autodiscipline des blogueurs ni même des medias plus officiels.
Outre le fameux "droit à l'information", la raison généralement invoquée est que ces résultats sont disponibles sur des sites étrangers et qu'il est donc " aberrant " de maintenir cet " embargo " en France.
Ces 2 arguments me semblent tout à fait irrecevables.
Le "droit à l'information" est le type même de formule tarte à la crème qui ne veut rien dire !
Brandie comme un étendard des libertés elle est en fait très souvent utilisée par ceux qui se préoccupent plus de leur propre intérêt financier ou idéologique que de démocratie.
Certains blogueurs sous prétexte que le web autorise la diffusion facile, massive et peu risquée de l'information, se croient autorisés à diffuser tout et n'importe quoi au mépris de la vérité, du respect des autres ou des lois !
Par l'utilisation abusive qu'ils en font, ces personnes contribuent à galvauder une notion pourtant essentielle au fonctionnement de la démocratie et pour laquelle certains risquent leur vie (voir le site de Reporter sans frontières).
Quant à l'argument le plus souvent invoqué qui consiste à dire que puisque l'interdiction ne concerne pas les sites étrangers elle ne doit pas s'appliquer non plus aux sites français, il est également contestable !
Sous prétexte qu'Internet n'a pas de frontière on ne peut pas considérer que les mêmes lois s'appliquent à tous ! Et tant qu'à faire les moins contraignantes !
Ce n'est pas parce que les sites étrangers ne sont pas tenus de respecter la loi française, que les français peuvent se permettre de s'en abstenir.
J'imagine que lorsque les tenants de cette thèse font leurs achats sur Internet, ils considèrent différemment les sites marchands français des sites Russes ou Turques tout simplement parce que la législation française offre plus de garanties que la législation russe ou turque. J'imagine qu'ils sont bien contents que les sites français respectent la Loi en leur offrant ces garanties.
La question va d'ailleurs bien au-delà de la diffusion du résultat des votes avant 20 heures. C'est essentiellement une question de principe et de déontologie qui se pose.
Sous prétexte qu'il est possible de le faire sans risque, et que les techniques le permettent facilement, on outrepasse la Loi. C'est un peu la même logique que ceux qui justifient le téléchargement illégal. C'est possible, même sans compétence particulière, alors pourquoi s'en priver.
Sans évidemment mettre toutes ces situations dans le même sac, il n'en reste pas moins que lorsque c'est possible sans risque on trouve toujours de bonnes raisons pour justifier d'une prise de liberté avec la loi.
Malgré tout, puisque il faut bien être conscient que la situation ne peut plus être tenable bien longtemps, 2 options sont possibles, soit faire en sorte que tous les bureaux ferment à la même heure (19heure par exemple) soit, interdire les sondages de sortie des urnes. Je préfère la seconde solution, car après tout, le problème vient de là, interdisons ces sondages avant la fermeture de tous les bureaux de vote et l'équité sera par la force des choses respectée.