Ibn Aswad visita, en Syrie, la tekkia du sheikh Halim Unwani. Il fut très impressionné par l’étendue et la majesté des lieux, le nombre des serviteurs, la plénitude des disciples.
Mais le sheikh était absent. Ayant appris qu’il était allé s’établir pour quelque temps en Afrique du Nord afin d’y répandre l’Enseignement, Ibn Aswad partit à sa recherche.
Il le trouva au Maroc.
Halim était fort simplement vêtu, habitait une petite maison, n’avait qu’une poignée d’élèves. Les exercices avaient lieu à l’extérieur, dans une cabane.
Perplexe, Aswad prit à part le plus proche collaborateur d’Halim, Mustafa Mahjub :
« Pourquoi le sheikh ne fait-il pas venir d’Alep et de Damas hommes et biens, et ne montre-t-il pas à ces Africains qu’il est quelqu’un d’important ? Il pourrait faire venir d’Orient des foules de disciples, et des ouvriers, et des tapis, et faire construire une salle d’audience convenable… »
Mahjub rit, puis il dit :
« Notre or n’est pas le même que leur or. Notre langue, à l’oreille, est différente de la leur. Ne vois-tu pas que notre sheikh parle et s’habille comme un homme de la région ? On récolte dans la région ce qu’on a semé dans la région. Les maisons d’ici sont construites avec les matériaux d’ici. »
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