Il ne faut jamais déranger les esprits à Madagascar. Nombre de lieux ne doivent en aucun cas être foulés, sans qu'il soit besoin d'un panneau d'interdiction. Ailleurs on parlerait d'un espace tabou. Ici, il existe un mot: le fady.
Lorsqu'un lieu est fady, nul ne s'y aventure. La rationalité occidentale expliquera le fait par sa dangerosité, une falaise trop escarpée, une colline trop éloignée du village, un champ abandonné pour sa terre trop aride, qu'importe pourtant la raison. L'endroit est fady. Et la raison importe peu. Interdit aux hommes qui se doivent d'en respecter l'usage.
Que se passerait-il donc si le fady venait à être transgressé par un étranger au pays que les superstitions amusent et qu'il méprise? Allez savoir! Peut-être rien, tant l'ignorance du vazaha est immense. Mais il ne faut tout de même pas trop parier sur l'indulgence. L'indulgence de qui? Des esprits, sans doute, qui hantent le lieu et se voient dérangés? De la population peut-être qui cherche à se protéger de ces esprits errants? Allez savoir, oui!
Rouler en quad sonore sur la plage interdite,
n'est-ce pas réveiller sans ménagement ni égards, la mémoire endormie? Et la vengeance ne sera-t-elle pas terrible, attirant tous les voyous et bandits en mal de rançons ou autres exactions (pour la logique occidentale, bien sûr)? Tous les fins limiers de France ou de Madagascar pourront ainsi identifier le meurtrier du couple de Tuléar. Mais quelle Fred Vargas sera à la hauteur de l'événement pour le transcrire et en révéler le véritable auteur ?