Peintre et artiste multi-disciplinaire, Natacha Mercier présentera une sélection de ses peintures issues de la série Hével produites entre 2010 et 2012
au Salonreçoit le dimanche 22 avril 2012. Le travail de Natacha examine l’apparence des choses, ses excès et la vanité de la nature humaine.
http://www.natacha-mercier.com/
En 2010, alors que je réalisais On n’attire pas les mouches avec du vinaigre !, l’installation me paraissait incomplète avec ces milliers de mouches dans une cage prêtes à recouvrir ma Mercedes. Il fallait quelque chose de pur et de minimaliste pour contrebalancer avec l’esprit baroque de l’installation.
Je connaissais la peinture de Barthel Bruyn l’Aîné qui, en 1524, a peint l’une des premières têtes de mort surmontée d’une mouche, au verso du portrait de Jane Loyse Tissier. Un billet placé par l’artiste précise : « Tout se compose avec la mort ; la mort est la dernière frontière des choses ». Les crânes sont donc passés du verso au recto des toiles à la fin du XVIe et XVIIe siècles et ont été unanimement considérés comme dignes d’un sujet à part entière. Ils ont constitué l’élément central des « vanités », peinture héritière directe (en quelque sorte) des « memento mori » dont la fonction reste à l’identique ; un rappel incessant de la mort à proximité. Tout était là, dans cette approche des peintres du XVIIe avec les vanités. Les cinq premiers crânes de 113 x 146 cm avaient ainsi leur place dans l’installation avec les mouches.
La série Hével était entamée alors que je ne connaissais ni le titre, ni la signification de ce mot hébreu. C’est Anne Lepla, à qui j’ai demandé d’écrire un texte sur mon travail (disponible sur mon site), qui a trouvé le lien à ma démarche avec le titre « Hével ». « Hével » a été traduit par « vanité », buée, vapeur…
Mon travail s’est nourri alors des textes de l’Ecclésiaste, des notes de Jacques Roubaud (« Sous le soleil »), de Michel Butor (« Vanité »), des « Maximes » de La Rochefoucauld ou encore du « Sermon sur la mort » de Bossuet…
Ce n’est pas tant la façon de mener la vie qui est proposée dans l’Ecclésiaste qui m’intéresse que la réflexion philosophique proclamée sur son fond de négativité générale. L’absence de toute perspective de vie future due à la vaniteuse nature humaine, sa futilité et l’inanité de toute action émanant de l’homme questionnent. Comment un livre canonique peut-il être aussi pessimiste ? D’une certaine façon, n’est-il pas contradictoire de proposer un sens à la vie en mettant en lumière ses « pêchés »….
Qu’en reste t-il ?