Les auteurs rappellent que la recherche épidémiologique a déjà montré que les hallucinations et les délires, les symptômes classiques de la psychose, sont beaucoup plus répandus dans la population que les troubles psychotiques réels. Ces symptômes sont particulièrement fréquents dans l'enfance et l'adolescence. Une étude longitudinale aurait déjà démontré que les symptômes psychotiques à l'adolescence augmentent le risque de trouble psychotique à l'âge adulte mais les chercheurs ont souhaité préciser les conséquences immédiates des symptômes psychotiques à l'adolescence et étudier la relation entre symptômes psychotiques à l'adolescence, en termes de prévalence, de troubles concomitants, comorbidités psychopathologies et évolution durant l'adolescence.
L'analyse a porté sur les données de 4 études, 2 études portant sur le groupe d'âge 11-13 ans et 2 sur le groupe d'âge 13-16 ans, soit, au total, sur plus de 2.500 enfants.
· Les adolescents les plus jeunes présentent la prévalence de symptômes psychotiques la plus élevée (21-23%),
· les adolescents plus âgés (7%),
· dans les deux groupes d'âge, la majorité des adolescents avec symptômes psychotiques présentent au moins un trouble psychiatrique alors non diagnosticable,
· mais les associations avec la psychopathologie augmentent avec l'âge,
· en fin d'adolescence, 80% des enfants qui avaient signalé des symptômes psychotiques ont eu au moins un diagnostic, vs 57% au début de l'adolescence.
Conclusion des auteurs, les adolescents qui présentent des symptômes psychotiques sont particulièrement à risque d'être diagnostiqué, ensuite, avec un trouble psychiatrique. Les symptômes psychotiques sont donc des marqueurs de risque importants pour un large éventail de troubles psychopathologiques, en particulier pour la psychopathologie grave caractérisée par de multiples diagnostics. Ces symptômes doivent être soigneusement évalués chez tous les patients.
L'auteur principal, le Dr Ian Kelleher, du Royal College of Surgeons in Ireland explique : « Nous avons constaté que ces hallucinations auditives étaient courantes, même chez des enfants aussi jeunes que 11 ans. Ces hallucinations peuvent varier considérablement d'un enfant à l'autre et leur fréquence de quotidienne à mensuelle. Pour de nombreux enfants, ces symptômes semblent correspondre à une alerte sur un trouble sous-jacent ou non diagnostiqué et parfois sur une grave maladie psychiatrique sous-jacente, comme la dépression clinique, les troubles du comportement, comme le TDAH ». Une constatation est importante : si un enfant déclare des hallucinations auditives cela doit inciter son médecin à surveiller le développement d'un trouble psychiatrique.
Source: British Journal of Psychiatry published ahead of print April 12, 2012, doi:10.1192/bjp.bp.111.101543 “Clinicopathological significance of psychotic experiences in non-psychotic young people: evidence from four population-based studies” (Visuel © S.Kobold - Fotolia.com)