Les tumeurs du sein ont leur pronostic spécifique et leur traitement personnalisé, comme le montrent ces scientifiques britanniques et canadiens qui sont parvenus à classer les cancers du sein en 10 types différents en fonction de leurs caractéristiques génétiques communes. Ces différents sous-groupes viennent aussi d'être associés, non seulement à des résultats différents pour les patientes mais à des traitements personnalisés. Ces conclusions obtenues sur plus de 2.000 échantillons congelés de tumeurs cancéreuses du sein, et publiées dans l'édition du 19 avril de la revue Nature, apportent une précieuse contribution à la compréhension de la base génétique du cancer du sein et devraient permettre, dans un proche avenir, d'optimiser encore les traitements pour les patientes.
Ces chercheurs de l'Université de Cambridge, du Cancer Research UK, de l'Université de Columbia, (Canada) avec d'autres institutions dans le monde viennent d'apporter une contribution précieuse à la compréhension de la base génétique du cancer du sein et aux réponses très différentes aux traitements selon les tumeurs. Les médecins pourraient donc, en pratique clinique, utiliser cette information pour l'établissement du pronostic du sein et une meilleure adaptation des traitements. Le Professeur Carlos Caldas de Cancer Research UK commente: « En pratique, nous sommes passés de l'observation d'une tumeur du sein sous microscope au typage de son anatomie moléculaire ».
Les scientifiques ont prélevé des échantillons de plus de 2.000 tumeurs mammaires primaires conservées dans des banques de tumeurs au Royaume-Uni et au Canada et collecté des informations sur les patients, analysé les caractéristiques génétiques d'une première série de 997 tumeurs, puis d'un ensemble supplémentaire de 995 tumeurs, puis un ensemble de 617 prélèvements « témoins » de tissus mammaires sains. Les scientifiques ont ensuite examiné les variations de l'ADN dans les tumeurs, les ont classées en sous-groupes et regardé si ces sous-groupes différents avaient des résultats cliniques différents. Ils sont parvenus à classer les tumeurs en 10 sous-types différents, puis ont constaté que les différents sous-groupes avaient des résultats cliniques spécifiques. L'analyse de du second ensemble de 995 tumeurs a produit des résultats similaires à ceux du premier groupe.
Vers un traitement toujours plus personnalisé: A partir de la génétique unique d'une tumeur, le plan de traitement exploitera les vulnérabilités de la tumeur. Par exemple, si une tumeur du sein porte un gène qui peut la rendre résistante au médicament de première ligne, les médecins pourront opter pour un autre médicament. Cependant, alors que ces données doivent encore être validées, les femmes atteintes d'un cancer du sein ne doivent pas penser que les traitements actuels ne sont pas efficaces. Ce n'est pas nécessairement le cas car, rassurent les auteurs, le cancer du sein fait partie des cancers avec les meilleures perspectives. 80% des femmes diagnostiquées avec un cancer du sein seront toujours en vie 5 ans plus tard, et les taux de survie poursuivent leur progression.
Source: Nature doi:10.1038/nature10983The genomic and transcriptomic architecture of 2,000 breast tumours reveals novel subgroups(Vignette Nature Medicine “Vignette Tissu tumoral de la Femme »)