Un livre que je conseille à tour de bras. ANDRE, Christophe, Psychologie
de la peur, Odile Jacob, 2005.
« Environ un adulte sur deux souffre de peur excessive ». Au cœur
du phénomène se trouve l’amygdale cérébrale, le « centre de la peur », et le néocortex, qui doit la réguler. La
peur excessive et la phobie sont un dérèglement de cette régulation.
Un incident survient qui, chez la
plupart des gens, n’aurait eu aucune conséquence, mais qui enclenche un cercle
vicieux chez le futur phobique. La phobie, en quelque sorte, prend le contrôle
de l’homme et va gouverner son comportement pour renforcer son emprise. En
particulier, elle va l’amener à une invraisemblable stratégie d’évitement voire
d’apprentissage de la peur par ressassement de ses échecs.
Comment s’en tirer ? En
prenant rendez-vous avec Christophe André et ses collègues.
Comment s’y prend-il ? Il aide le phobique à recâbler son cerveau, en deux
temps. D’abord, en prenant le contre-pied de ce qu’il faisait jusque-là (une approche systémique), c'est-à-dire
en confrontant ses peurs, puis par une période d’apprentissage, qui peut durer
quelques mois. La pratique devra être entretenue toute la vie. Curieusement, ces techniques ressemblent beaucoup à celles du changement en entreprise.
Plus précisément. Le phobique
doit accepter sa peur comme naturelle, et découvrir qu’énormément de gens sont
dans son cas. Ensuite, il doit comprendre son processus de raisonnement
inconscient, et repérer ses biais (la timidité, par exemple, est produite par
des idées en conflit). Il doit surtout réaliser que ses craintes les plus terribles
n’ont pas les conséquences qu’il aurait pu imaginer.
Le traitement consiste donc à lui
faire développer son système de contrôle de ses peurs, par un apprentissage
progressif : prise de conscience du mécanisme vicié, jeux de rôle, stimulations de situations anxiogènes, mises en situation
réelle, durant lesquelles il est accompagné d’un thérapeute…
Le thérapeute est un catalyseur
de la transformation, un « donneur d’aide ». Il a un rôle de modèle,
mais c’est surtout un « pédagogue ».
Il transmet son savoir à son patient, qui doit être aux commandes de son
changement personnel.
Le traitement paraît relativement
rapide et simple. La difficulté pour le phobique n’est pas là. Elle est probablement de prendre
conscience qu'il est sous l’emprise de la peur.