Attentat, erreur humaine ou défaillance technique ? Les questions restent ouvertes après le crash d’un Boeing 737-200 près d’Islamabad vendredi après-midi.
Paru sur Le Point.fr le 20 avril. Par Emmanuel Derville, à Islamabad.
Il est environ 18 h 50 au Pakistan (15 h 50 heure française) lorsque la tour de contrôle de l’aéroport d’Islamabad donne au pilote du vol BHO-213 l’autorisation d’atterrir. L’avion, un Boeing 737-200, a décollé de Karachi, dans le sud du pays, à 17 heures, avec 125 personnes à bord dont neuf membres d’équipage. Alors qu’il entame sa phase d’approche, l’appareil doit affronter une météo très mauvaise. L’orage gronde sur la capitale pakistanaise et il pleut à torrents. Pour une raison encore inconnue, le 737 s’écrase plusieurs kilomètres avant la piste, dans un quartier au sud d’Islamabad. Le pilote et le copilote étaient pourtant aguerris. Âgés de respectivement 55 et 45 ans, tous les deux étaient d’anciens aviateurs de l’armée de l’air pakistanaise. Le pilote volait sur les compagnies privées pakistanaises depuis plusieurs années.
La compagnie qui dessert la ligne Karachi-Islamabad, Bhoja Air, est une compagnie à bas coût. Elle a commencé à voler le 6 mars dernier seulement, avec une stratégie marketing très agressive. Les prix de ses billets sont 15 à 60 % moins chers que la concurrence. Ses avions, cinq appareils moyen-courriers de type Boeing 737-200 et 737-400, sont anciens. Bhoja Air les a achetés d’occasion à British Airways et à une compagnie sud-africaine. D’après un haut responsable de l’autorité pakistanaise de l’aviation civile, le Boeing qui s’est écrasé volait depuis 25 ans au moins. Mais il avait été certifié bon pour le service par les experts de l’aviation civile locale.
Les secours s’activaient après le crash pour éteindre l’incendie en fin de journée. La carcasse de l’avion s’est disloquée au moment de l’impact et les débris sont éparpillés dans un rayon de plusieurs centaines de mètres. Il y a peu d’espoir de retrouver des survivants. Une véritable tragédie pour ce pays qui connaît sa deuxième catastrophe aérienne en moins de deux ans. En juillet 2010, c’était un Airbus A321 de la compagnie pakistanaise Air Blue qui s’abîmait sur les collines d’Islamabad avec 152 personnes à bord. L’enquête avait alors exclu la défaillance technique et conclu à une erreur de pilotage. Comme lors du crash de cet après-midi, la météo était exécrable au moment du drame.
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