Au moment des notes primeurs qui commencent à germer ici et là, où finalement ce qui compterait efficacement pour le consommateur, ce sont des RQP (rapport qualité-prix), on peut se poser la question sur le futur du système du GJE, des dégustations comparatives à l'aveugle.
On a parfaitement le droit de considérer le billet ci-dessous comme une page de publicité non déguisée :-)
Hors sujet :
On lira ICI les notes "primeurs 2011" de Bettane-Desseauve (qui vous sont offertes gratuitement, si, si) où nous sommes tout contents de trouver en haut du tableau Haut-Brion, VCC, Ausone, Cheval-Blanc et autres crus comme Pichon Baron, Pape-Clément, Pavie et Léoville-Poyferré qui avaient fortement impressionné le petit groupe du GJE qui les avait dégustés. Merci aux compères de cette rapidité et générosité. Et, cerise sur le gâteau, JL Thunevin est tout content itou ICI ! :-)
Nous sommes dans une période où la communication est reine, peu chère, mais pleine d'incertitudes, d'inexactitudes, de tromperies parmi quelques vérités pas toujours bonnes à dire.
Dans le monde du vin, celui qui nous concerne, que recherche finalement le producteur ? A faire connaître ses crus, non seulement en absolu, mais relativement à d'autres, de la même région ou même appellation, et naturellement en comparant les prix.
Là où il y a 50 ans on dépendait de la RVF (pour ne rester qu'en France), actuellement, via l'internet, on fourmille de sources d'informations, entre LPV, TWA, Suckling, les sites locaux, les blogs, même les nouvelles revues "papier" qui ont une foi à déplacer des montagnes.
Sûr : il y a des charlots à tous les niveaux, et c'est bien là qu'il faut savoir se différencier des autres.
Le GJE qui applique quelques sains principes de travail, comme l'aveugle et les comparaisons justifiées, comme la note collective qui, certes, lisse mais évite le piège redoutable des critiques capotant sur quelques crus lors d'une dégustation en série, le GJE donc se doit d'être mieux connu auprès des producteurs pour ce qu'il peut apporter.
Rappelons les principes d'une session commanditée. Le commanditaire souhaite connaître où se place son vin parmi d'autres qui le concurrencent : millésime, région, appellation. En accord avec lui, nous choisissons 3 millésimes sur si possible 10 ans où son vin sera acheté sur la place avec 7 concurrents répartis harmonieusement en-dessous et au-dessus dans une gamme de prix de plusieurs euros. Le commanditaire paie tous les frais, mais, comme chaque étude de ce type, les résultats lui appartiennent vu que c'est lui qui souhaite disposer d'un outil, d'un travail qui va l'aider ou non dans la promotion de son vin.
Ce système donne de drôles de boutons à plus d'un aigri qui, va savoir Charles, y voie immédiatement, par l'opération d'un saint-esprit venu de je ne sais où, une tricherie ou une manipulation des résultats. Il faudra qu'on me dise un jour comment tricher sur nos résultats de nos dégustations à l'aveugle.
Si, par exemple, comme nous l'avons fait à maintes reprises, un vin comme Sociando-Mallet se permet, sur plusieurs millésimes, d'obtenir de meilleures notes que tel ou tel cru classé valant deux à trois fois son prix, n'est-ce pas là un bel outil de promotion pour le domaine ? Et au nom de quoi faudrait-il interdire à un Gautreau d'utiliser ce résultat alors même que tant et tant de domaines ne se gênent pas - et sans subir les critiques des uns et des autres - à publier (ils ont l'autorisation ?) les notes et commentaires d'un Burtschy, d'un Bettane, d'un Parker ?
Oui, l'aveugle a un avenir et bien plus important qu'on ne le croie. Il y a trop de notes qui donnent une importance bien trop grande, pour des motifs justifiés ou non, à l'étiquette du cru, à des classements plus ou moins reconnus, à des mythes plus ou moins alimentés. Les domaines le savent et c'est bien pourquoi, entre autres, on déroule le tapis rouge lors des primeurs devant tant de pieds supposés illustres et faiseurs de rois. On joue bien plus sur les vanités de journalistes rois de quelques jours que sur les réelles qualités d'un vin qui, la plupart du temps, est bien différent de ce qu'il sera plus tard.
En conclusion : plus on pense à la question, plus on constate à quel point ce qui est fondamental dans ce domaine, ce n'est pas la note en absolu, c'est le rang où se place le vin dans une série de compères naviguant dans la même gamme de prix, le même millésime, la même région ou aoc.
Exemple d'une belle session GJE à Léoville-Poyferré
Pour bien des amateurs sensés, savoir que sur 3 ou 4 millésimes un tel château se place, à l'aveugle, avant tel ou tel autre coûtant 2 à 3 fois son prix, c'est une information qui, pour une décision d'achat, est normalement d'un autre niveau qu'une simple note d'un gourou dont certes on connaît les goûts, mais dont l'écriture n'a pas forcément la même force qu'un point de vue collectif à l'aveugle et comparatif.
Bon, ce n'est là encore qu'un point de vue, mais on est prêt à en débattre sans état d'âme !