« Notice
J'en préviensaussitôt le lecteur : ceci n'est ni une biographie d'Oscar Wilde, niune étude sur ses œuvres, c'est la simple réunion de deuxesquisses qui n'ont pas même le mérite de l'inédit, mais que lepublic, de plus en plus nombreux pour s'intéresser au grand poèteirlandais, ne savait où trouver, l'une restant enfouie dans unvolumes de critiques diverses (1), l'autre n'étant pas encore sortiedu numéro de l'Ermitage où je la publiai en août1905.
Incapable de ne rien récrire, je les redonnetoutes deux sans changer un mot à leur texte, bien que, sur un pointtout au moins, mon opinion se soit profondément modifiée : Il meparaît aujourd'hui que dans mon premier essai j'ai parlé de l’œuvred'Oscar Wilde, et en particulier de son théâtre, avec une injustesévérité. Les Anglais aussi bien que les Français m'y invitaient,et Wilde lui-même montrait parfois pour ses comédies un amusantdédain auquel je m'étais laissé prendre. J'avoue que longtemps jecrus donc qu'il ne fallait voir dans un Mari idéal ou dansune Femme sans importance, que des amusements dramatiques « ofno importance » eux aussi. Certes je ne suis pas venu àconsidérer ces pièces comme des œuvres parfaites ; mais ellesm'apparaissent, aujourd'hui que j'ai appris à les connaître mieux,comme des plus curieuses, des plus significatives, et, quoi qu'on enait dit, des plus neuves du théâtre contemporain. Si déjà lacritique française s'est étonnée de l'intérêt qu'elle putprendre à la récente représentation de Lady Windemere's fan,que n'eût-elle pensée des deux autres pièces !
Enfin, àqui sait habilement écouter, le Mari idéal et la Femmesans importance en racontent long sur leur auteur - ainsi dureste que chacune de ses œuvres. L'on peut presque dure que lavaleur littéraire de celles-ci est en raison directe de leurimportance confidentielle ; et j'admire encore de combien peu desurprise l'évènement était capable, dans une vie si étrangementconsciente où le fortuit même semblait délibéré.
(1)Prétextes (Mercure de France) »