Le printemps est bien là (même si le temps nous permet d’en douter !) avec son lot habituel de conseils et de « régimes » pour perdre du poids avant les vacances, pour s’affiner avant d’aller à la plage, et pour porter de petites tenues légères !!!
Ne vous laissez pas piéger, mesdames, mesdemoiselles, mes amies, mes copines, et tous ces messieurs qui auraient la bonne idée de jeter un coup d’œil sur le blog « Elleveutoo » !!!
Un rapport d’expertise très sérieux de l’ANSES, l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation (anciennement AFSSA : Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments) a été publié en novembre 2010 sur cette thématique.
Je vous propose une synthèse du rapport d’expertise sur « l’évaluation des risques liés aux pratiques alimentaires d’amaigrissement » :
Le développement de pratiques variées incluant de nombreux régimes amaigrissants, sans justification ni suivi médical, est la conséquence de deux phénomènes de société:
- le culte du corps et de son image, qui soumet l’individu aux canons de l’esthétique et de la normalisation du corps,
- l’augmentation constante des chiffres du surpoids et de l’obésité chez les plus de 18 ans en France (respectivement 32% et 15 %)
De plus une étude (INCA) a montré que plus de 30 % de femmes de corpulence normale et 15 % de femmes minces ont suivi ou suivent un régime amaigrissant.
Ces constats ont incité l’ANSES à réaliser une évaluation des risques liés à la pratique de régimes à visée amaigrissante et ce, pour de grandes catégories de régimes.
L’expertise a permis d’identifier et caractériser les différents régimes (15 au total) et leurs impacts sur les apports nutritionnels, mais aussi d’identifier les conséquences biologiques, physiopathologiques et psycho comportementales de ces régimes. Elle a été menée pour la population générale mais a également porté son attention sur des populations se trouvant dans des situations particulières : enfants, adolescents, femmes enceintes et allaitantes, personnes âgées, sportifs.
La première phase a permis d’analyser les déséquilibres nutritionnels de ces régimes.
La seconde phase met en exergue le risque d’apparition de conséquences néfastes pour la santé.
- Résultat du rapport pour la population générale :
o La perte de poids ne se fait pas uniquement aux dépends de la masse grasse de réserve, mais également aux dépends de la masse musculaire ce qui induit un affaiblissement du sujet.
o Diminution de la masse osseuse à partir d’un certain pourcentage de perte de poids, ce qui induit une perte de la densité osseuse, des risques de fractures.
o Dysfonctionnement du système de régulation et de stabilisation du poids, ce qui favorise la reprise de poids (préférentiellement de masse grasse) dans 80 % des cas au cours de l’année qui suit un régime amaigrissant. Le risque de reprise de poids est également induit par la restriction cognitive et les perturbations du comportement alimentaire.
o Des régimes très restrictifs peuvent entrainer des troubles du rythme cardiaque, voire induire une mort subite mais également provoquent des inflammations au niveau du foie (fibrose) ainsi que des calculs biliaires.
o Les régimes hyperprotéiques proposent des apports en protéines très au dessus des besoins recommandés, ce qui nécessiterait un bilan rénal chez les personnes à risque d’insuffisance rénale avant tout démarrage d’un régime amaigrissant.
o Des conséquences psychologiques de type dépression et perte de l’estime de soi, sont fréquentes et liées aux échecs à répétition des régimes amaigrissants.
- Résultat du rapport pour les populations spécifiques :
o Une réduction des calories au cours du 2e et 3e trimestre de la grossesse peut avoir un retentissement sur la croissance fœtale ainsi que sur la santé ultérieure de l’individu.
o La production de lait est influencée par l’alimentation maternelle ; un déficit en protéine et/ou calorie peut avoir des répercussions sur la croissance et le développement du bébé allaité au sein.
o La restriction calorique chez un enfant ou un adolescent entraine un ralentissement de la croissance et du développement de la puberté. Mais également des tendinites, une déminéralisation osseuse et une carence en fer, surtout chez les jeunes filles sportives.
o Chez les personnes âgées, déjà sujettes à une perte de masse musculaire et à une déminéralisation du squelette, une perte de poids accentuerait ces phénomènes.
o Les sportifs ayant une activité physique intense (principalement les sports où la maîtrise du poids est un facteur de réussite) peuvent souffrir de perturbations hormonales (baisse de la testostéronémie, carence oestrogénique) ce qui peut induire une perte osseuse (chez la femme).
Le rapport conclut :
1- La recherche de la perte de poids sans indication médicale formelle comporte des risques, et des conséquences néfastes à court, moyen et long terme de la pratique de ces régimes.
2- La prise en charge du surpoids ou de l’obésité, nécessite un accompagnement par un professionnel (médecin, diététicien). L’obésité est une maladie chronique multifactorielle qui sera prise en charge par une équipe pluridisciplinaire (médecin, diététicien, endocrinologue, psychologue etc.)
3- L’activité physique est à prendre en compte lors de la mise en œuvre d’un régime amaigrissant ; elle permet également de réduire les risques de reprise de poids après amaigrissement.
Lire le rapport dans son intégralité sur le site : www.anses.fr
Lien suivant : http://www.anses.fr/Documents/NUT2009sa0099Ra.pdf
Alors, ne pensez-vous pas que la solution est :
- ne pas commencer « à chercher à perdre du poids » pour quelques petits kilos en trop ! au risque de s’engouffrer dans la machine infernale !
- manger avec plaisir et selon ses besoins. Faites confiance à votre système de régulation qui est très performant, à condition d’être à l’écoute de ses sensations : la faim, la satiété.
- Bouger toujours un peu plus, régulièrement, ce qui ne veut pas dire « faire du sport », mais marcher, faire du roller, du badminton, du jardinage etc. avec plaisir et convivialité.
Je vous souhaite un beau printemps et un très bel été, bien dans votre corps, bien dans votre assiette !
Pour vous aider à varier vos repas, jouer avec les fruits et les légumes de printemps, produits dans notre région Languedoc Roussillon