Si on laissait faire les sondages, Nicolas Sarkozy et François Hollande
seraient qualifiés pour le second tour et François Hollande serait élu au second tour avant même que les électeurs ne se soient prononcés. Quatrième et dernière partie.
C’était l’objet de ces réflexions bipolaires : en prenant les sondages au mot et en essayant de jouer au jeu pour et contre, il
n’y a rien de concluant. D’ailleurs, ce n’est pas vraiment étonnant.
Car finalement, le seul candidat qui vaille est François
Bayrou. La preuve, c’est que les autres candidats ont repris ses principaux thèmes de campagne : moraliser la démocratie, produire en France, désendetter l’État, réformer
l’éducation.
Autre preuve, tous les sondages indiquent que le programme du candidat centriste est le plus sérieux et le
plus apprécié. Un sondage TNS-Sofres pour i-Télé publié le 13 avril 2012 a même indiqué que François Bayrou avait la plus haute stature présidentielle par rapport à ses rivaux : pour 62% des
sondés, il développe une véritable vision, pour 47%, un vrai projet, et pour 39%, il a l’étoffe d’un Président de la République (François Hollande seulement 38%). Seul Nicolas Sarkozy a une "meilleure étoffe" mais sans vision et sans véritable projet.
Ses idées sont plébiscitées dans tous les sondages, et pourtant, les intentions de vote ne suivent pas.
Françaises et Français, que voulez-vous donc ?!
Paillettes ou vérité ?
Je vous propose cinq raisons utiles de préférer François Bayrou aux autres candidats, principalement
marchands de sommeil à leurs heures. Et là, je ne parle que du fond.
1. Le seul qui va moraliser immédiatement la vie politique
Le 25 février 2012 à la Maison de la Chimie à Paris, François Bayrou s’est engagé solennellement à organiser
un référendum pour assainir la démocratie dès le 10 juin 2012, premier tour des élections législatives, avec des mesures fortes : reconnaissance du vote blanc, interdiction réelle du cumul
des mandats, transparence sur Internet des votes des parlementaires, réduction du nombre des parlementaires et instauration d’une dose de proportionnelle, nomination particulière et indépendance
du Ministre de la Justice, grande sévérité contre les élus condamnés (inéligibilité de dix ans irrévocable), clarification des incompatibilités et prises d’intérêt entre élus et affaires privées,
etc. (plus de détails ici).
À l’aide de plusieurs juristes (dont Pierre Albertini, ancien député-maire de Rouen), François Bayrou a
cherché à passer à la moulinette tout ce qui éloignait les citoyens des élus et de la vie politique et à y trouver une réponse simple et claire.
Son idée a tellement plu que ses propositions ont été reçues très positivement par les équipes de campagne
des deux favoris (et seront sans aucun doute la base d’un éventuel accord entre les deux tours le cas échéant).
2. Le seul garant d’un État impartial et fort
Citant une fois encore Raymond Barre dont il est l’héritier, François Bayrou a prôné à Lille le 18 avril 2012 un
État à la fois impartial et fort : « L’État n’a pas
besoin de girouettes mais de caractère ! ».
Il a ironisé sur la transhumance des anciens ministres
de l’actuelle majorité et de hauts fonctionnaires qui s’étaient ralliés à Nicolas Sarkozy en 2007 et qui changent de bord pour aller vers François Hollande qui leur a promis des places (voir en particulier ici) : « La transhumance, c’est très bien
pour les moutons et les brebis » mais pas pour des responsables du pays.
Continuant la métaphore : « Le troupeau ovin, au signal du
berger, se précipite vers la nouvelle bergerie que les sondages désignent, c’est un signe inquiétant. ».
Il veut un État qui se repose sur des serviteurs solides comme des chênes, pas sur des roseaux qui se plient
au moindre vent (« Je vous promets une République et un État qui seront bâtis sur des chênes et pas sur des roseaux. »), et qui sont
désignés pour leurs seules compétences et expériences : « On a besoin de tout le monde ! » sous-entendu, pas seulement de ceux
qui sont encartés dans le même parti que le Président de la République.
Pour évoquer les transfuges, sur RTL le 19 avril 2012, il a parlé aussi de « gnous courant vers les points d'eau ».
3. Le seul lucide dans la construction européenne
François Bayrou est un partisan acharné de la construction européenne. Il souhaite y mettre plus de démocratie en faisant élire directement par les peuples
les principaux dirigeants européens.
Il soutient par ailleurs l’euro et l’Union Européenne face à ceux qui voudraient une solution argentine. À Lyon le 16 avril 2012, François Bayrou a rappelé ce
que signifiait une solution argentine : « Je vais vous le dire, ce qu’il s’est passé en Argentine, en deux chiffres : en six mois, le
niveau de vie de la population argentine s’est effondrée de 50% et, au sein de la population argentine, 53% de la population est passée au-dessous du seuil de pauvreté et des centaines de
milliers d’Argentins ont été obligés de prendre la route de l’exil pour survivre. Eh bien, je ne veux pas pour mon pays du drame que les Argentins ont vécu. Je vous demande d’écarter
ces mauvais inspirateurs, ces mauvais conseillers, ces gens qui diffusent des poisons dans la société française. ».
Ses mots sont forts mais justifiés contre tous ceux qui veulent remettre en cause la monnaie unique ou qui
refusent de payer la dette que les gouvernements français depuis trente ans ont accumulée (ce ne sont pas les banques qui ont endetté l’État, ce sont ces gouvernements démocratiquement
issus).
En sortant de l’euro, la France multiplierait par deux ou par trois sa dette, de manière mécanique, par la
dévaluation de sa monnaie. Et en refusant de payer sa dette, la France ne pourrait plus emprunter de nouveau, cela voudrait dire qu’elle ne pourrait plus s’autoriser aucun déficit non pas en 2016
ou en 2017 mais dès mai 2012 ! Des coupes budgétaires massives seraient alors nécessaires et les pensions de retraite et les salaires des fonctionnaires ne seraient plus assurées. Le mot
"poisons" n’est même pas assez fort pour décrire l’irresponsabilité des candidats qui prônent un tel repli sur soi.
Cela ne signifie pas que l’Europe actuelle soit satisfaisante : « Le modèle européen nous a protégés depuis des années. Il va falloir le rénover. Je n’ai aucun doute sur ce sujet, mais nous devons le considérer comme la
garantie principale d’avenir de notre pays. Non pas en croyant ou en imaginant naïvement que les autres pourront faire le boulot à notre place, cela n’est pas vrai. Jamais dans l’histoire des
peuples, on ne peut remplacer la volonté d’un peuple de se reconstruire ou de se redresser par des interventions extérieures (…). ».
4. Le seul sérieux dans la réindustrialisation de la France
Produire en France, c’est le leitmotiv de la campagne de François Bayrou. Produire en France pour acheter
français. Le candidat centriste a expliqué qu’il n’y avait pas d’incompatibilité de prôner la construction européenne avec développer l’activité industrielle uniquement en France à partir du
moment où notre modèle social, celui que tout le monde veut sauvegarder (sécurité sociale, retraites par répartition, assurance chômage, allocations familiales), n’est financé qu’au niveau
national, sans aucune dotation européenne.
C’est important de le rappeler : aucune politique de dopage de la demande (augmentation des salaires
etc.) ne pourra réussir si les consommateurs achètent des produits étrangers. Au contraire, cela creusera encore un peu plus le déficit commercial et n’arrangera pas plus les finances de l’État.
Pourtant, c’est l’erreur que voudrait commettre (une fois encore) la gauche si elle parvenait au pouvoir.
François Bayrou a mis en parallèle la France et l’Allemagne, qui sont deux pays de même niveau, avec les mêmes coûts salariaux, les mêmes protections sociales, et
la même monnaie. L’un a 70 milliards d’euros de déficit du commerce extérieur (en déficit croissant depuis 2005), l’autre a 160 milliards d’euros de bénéfice du commerce extérieur.
Tous les autres candidats ont repris l’idée d’inciter les entreprises à produire à nouveau en France, ce qui
est très bien. Mais il ne s’agit pas de faire de l’incantation comme on le fait depuis trop longtemps. L’État ne doit pas se substituer aux entreprises, à l’économie, mais il doit en comprendre
les mécanismes.
Ainsi, en étudiant attentivement chaque filière, François Bayrou a cherché à comprendre pourquoi la France ne
produit plus et pourquoi l’Allemagne produit beaucoup. L’Allemagne était au même niveau que le France en 2004 mais le gouvernement de Gerhard Schröder avait décidé de mettre en œuvre un plan
industriel qui porte maintenant ses fruits, en regardant filières après filières les spécificités de chaque marché.
À Lyon, François Bayrou a pris pour exemple la filière bois. La France métropolitaine a 16 millions
d’hectares de forêts et 450 000 emplois. En Allemagne, il y a 11 millions d’hectares de forêts et 800 000 emplois. Cela voudrait dire qu’en France, il manque 700 000 emplois avec
ses ressources forestières. Pourquoi ? Parce que l’Allemagne a décidé d’un grand plan de réimplantation de scieries et que la France va en Allemagne pour scier ses arbres !
À Lille, le candidat centriste a donné un autre exemple, avec l’industrie automobile. Il y a sept
années, Renault produisait 1,2 million de véhicules en France et Volkswagen autant en Allemagne. Aujourd’hui, Renault ne produit plus que 440 000 véhicules en France et Volkswagen en produit
2,2 millions en Allemagne. Les ouvriers de Volkswagen ont même eu droit à une prime de 7 500 euros pour les remercier du travail accompli.
Au-delà d’une revue détaillée de l’industrie française, François Bayrou propose des assouplissements en
faveur des salariés (CDI, retraites à la carte) et une
augmentation des droits des employés en considérant que les salariés doivent être en partie propriétaires de leur entreprise. Cela se traduira par l’entrée de représentants du personnel avec
droit de vote dans les conseils d’administration des entreprises ainsi que dans les comités de rémunération afin de mieux contrôler les rémunérations de leurs dirigeants.
Ce que propose François Bayrou n’est donc pas utopique ni coûteux. Cela permet de développer l’économie tout en
renforçant le social.
5. Le seul capable de rassembler les Français autour de leur destin commun
Parce que François Bayrou est un homme libre et indépendant, il est capable de refuser de donner des gages
aux extrêmes, et cela est essentiel dans un pays de plus en plus morcelé et divisé.
Voter François Bayrou, c’est est la garantie d’en finir avec toutes les stigmatisations. On sait très bien, dans l’histoire récente, à quoi a conduit la recherche du bouc émissaire.
Pour les uns, ce sont les immigrés, les étrangers, les musulmans, les chômeurs ; pour les autres, ce
sont les riches, les grands patrons, les capitalistes, les banquiers, les Américains, les financiers, les chefs d’entreprises, etc. mais dans tous les cas, ce sont des boucs émissaires pour ne
pas regarder lucidement la situation actuelle : ce ne sont pas les acteurs ou des chanteurs qui gagnent des millions qui sont responsables des déficits publics (et dont l’imposition confiscatoire des revenus ne rapporteraient quasiment rien à l’État, dixit François Hollande
lui-même !), ce ne sont pas les immigrés qui prennent le travail des nationaux (au contraire, parfois, ils apportent de l’activité).
Toutes ces stigmatisations ont pour seul but de dévier du véritable sujet : pourquoi on ne produit plus
en France, et ont pour conséquence (j’espère involontaire) : une société de plus en plus décomposée.
François Bayrou a proposé clairement, le 18 avril 2012, la méthode gaullienne. Il a rappelé qu’en 1958,
De Gaulle n’avait aucun parti et très peu de fidèles parmi les parlementaires. Pendant quatre ans, il a formé
un gouvernement d’unité nationale avec les socialistes, les centristes, les indépendants et les gaullistes et la France qui, en 1958, devait chercher ses ressources auprès du FMI, a pu de nouveau prospérer en
1962 (voir en particulier l’action de Jean-Marcel Jeanneney et du plan Rueff).
Le candidat centriste ne veut pas bien sûr se comparer à De Gaulle, il n’en a pas l’ambition, mais il a voulu
montrer par cet exemple que le redressement national peut se faire en quelques années si chacun, hors des habitudes claniques, accepte de se remonter les manches et de travailler ensemble, car c’est seulement par l’unité nationale,
loin de toute pression des extrêmes, que le futur gouvernement pourra redresser la France et reprendre la
voie de la prospérité.
Cinq raisons
J’ai développé cinq raisons de soutenir la candidature de François Bayrou à l’élection présidentielle, mais
il y en a bien plus.
Ce qui est remarquable, à l’automne 2011, lorsque la crise des dettes souveraines était au plus haut en Europe (mais pourrait revenir plus vite qu’on pourrait le penser), c’est que François Bayrou aurait pu
se reposer sur ses lauriers de Cassandre en disant quelque chose du genre : "Je vous l’avais dit dès 2002, et encore plus en 2007 en en faisant le thème principal de ma campagne", ce qui
n’aurait eu aucun intérêt pour le pays.
Au contraire, loin de faire du triomphalisme sur la situation noire qu’il avait prédite, il a voulu faire de
cette campagne présidentielle un véritable réservoir à solutions, solutions pour produire en France, solutions pour réformer l’éducation, solutions pour moraliser la vie politiquer et refonder la
démocratie en renouant le lien de confiance entre les citoyens et leurs élus.
Les campagnes électorales sont l’occasion, hélas, des surenchères les plus démagogiques. Faut-il avant tout
plaire aux électeurs (et les infantiliser) ou faut-il les responsabilités (et les considérer comme des adultes) ? C’est tout le pari de François Bayrou, dire la vérité aux Français et leur
apporter des débuts de solution.
À Lille, François Bayrou a rendu hommage à André Diligent, disparu le 3 février 2002, qui fut sénateur-maire
de Roubaix et un dirigeant historique du mouvement centriste. Il avait dit à François Bayrou jusqu’à son lit de mort : « François, ne lâche
rien ! ».
Alors, modestement, je dis aux électeurs :
Ne lâchez rien !
Les 22 avril et 6 mai 2012, c’est VOTRE élection !
Pas celle des médias, ni des sondages, ni des désinformateurs.
C'est la vôtre. Profitez-en le plus librement possible !
Aussi sur le
blog.
Sylvain Rakotoarison (20 avril
2012)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Discours de François Bayrou à Lyon (16 avril 2012).
Discours de François Bayrou à Lille (18 avril
2012).
Ni Hollande
ni Sarkozy.
Moraliser enfin la vie politique.
Unité nationale.
Un État impartial.
Une retraite à la carte.
Un CDI unique.
Pas de majorité ?
Un homme constant intellectuellement et politiquement.
Manichéisme.
La famille
centriste.
Programme présidentiel de François Bayrou.
Profession de foi de François Bayrou (2012).
Bayrou au Zénith.
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/reflexions-bipolaires-4-5-raisons-115094