On apprenait que la Turquie (le PM Erdogan), soucieuse des tirs syriens en direction de la frontière turque (et visiblement destinés à contrer des insurgés syriens fuyant le pays) avait exprimé son inquiétude et évoqué l'article 5 : celui qui organise la défense collective au sein de l'OTAN
1/ Cette évocation est bien sûr disproportionnée : en effet, la Syrie ne menace pas d'attaquer la Turquie et l'article 5 ne serait légitimement invoqué, même si ce n'est écrit nulle part, qu'en cas de légitime défense : En effet, le traité de l’Atlantique nord fait à plusieurs reprises référence à la charte des Nations-Unis, qui elle n'envisage la guerre qu'en cas de légitime défense.
2/ Dans le cas syro-turc, ce n'est pas ce dont il s'agit. Un incident de frontière doit être traité pour ce qu'il est, même s'il recouvre une difficulté plus large :
- tout d'abord, le souci kurde qui persiste et explique en grande partie l'irritation turque
- ensuite, la relation avec le voisin syrien, qui a beaucoup évolué, entre une tension vive (au bord de la guerre) au début des années 2000, puis un vrai rapprochement, et désormais un nouvel éloignement : mais la Syrie est aujourd'hui obsédée par la survie du régime, et tout le reste n'est vu qu'à cette aune : cela entraîne également les relations extérieures...
- enfin, le relatif échec de la politique extérieure turque, hors jeu depuis les révolutions arabes, et la résurgence de l'opposition chiite/sunnite, qui semble organiser la région. Le néo-ottomanisme semble avoir échoué.
3/ Il reste que la situation aux frontières de la Turquie risque de poser un gros problème à l'OTAN. EN 2003, au moment de l'affaire d'Irak, la Turquie avait déjà demandé de l'aide à l'Otan : on s'en était sorti par l'usage de l’article 4 (consultations appuyées, formule que vient d'ailleurs de signaler H. Clinton) et le déploiement de quelques batteries de Patriot. Toutefois, la situation est assez délétère, et le sommet de Chicago a lieu dans un mois : si les choses empiraient, la question turque pourrait venir au premier rang de l'ordre de jour allié...
Et même si aucun allié, mais absolument aucun n'a envie d'envoyer des troupes dans cette région (certains surveillent déjà comme le lait sur le feu la situation au Liban sud), peut-être l'Alliance se trouvera-t-elle impliquée malgré elle...
O. Kempf